Mauritanie: deux nouveaux élus de l’UPR en croisade contre le français

  Le député de l'UPR Ould Tiyib est monté au créneau cette semaine à Nouakchott pour avoir déchiré un rapport de la commission de l'Assemblée nationale en français. Pour cet acte irréfléchi le parlementaire mauritanien aurait été interdit du territoire français au moins pour 10 ans. C'est une première en Mauritanie.

 

Une première convulsion au sein de l'assemblée nationale voire de l'UPR qui intervient quelque mois seulement après que la première maire de Nouakchott Mint Hamady du parti de la majorité ait bousculé les habitudes de ses administrés en préconisant l'usage de l'arabe dans tous les rouages de la communauté à la place du français. Les observateurs s'interrogent sur ce mouvement des nouveaux élus de l'UPR pour la défense de l'arabe dans l'administration qui risque de prendre de l'ampleur si le président Ould Aziz se succède à lui-même en juin prochain.

Pas de quoi envenimer les relations entre Nouakchott et Paris. C'est juste un geste irréfléchi qui aurait coûté à son auteur l'interdiction du territoire français au moins pour 10 ans. La sentence n'est pas lourde mais significative pour la défense de la langue française. Le député de l'UPR qui a osé il y a deux semaines lors d'une séance de l'assemblée nationale déchirer un rapport de la commission parlementaire en français explique ce comportement à cause de l'absence du même rapport en arabe.

Force est de constater que ce refrain est difficilement acceptable pour un représentant du peuple mauritanien et que cela pourrait brouiller les cartes politiques sauf si c'est l'orientation du parti. En tout cas l'opinion publique est surprise de cette tentation vers l'extrême dans l'hémicycle symbole de la représentation nationale. Côté français la réaction aurait été rapide mais sans trop de conséquences sur la coopération bilatérale. Les observateurs s'interrogent encore si Ould Tiyib n'a pas dépassé les bornes? Sans doute. Pas sûr que le parlementaire ait pensé aux conséquences de cet acte. Toujours est-il que c'est un nouveau élu de la majorité qui a offensé ainsi non seulement toute la communauté francophone du pays mais également la France. Ce sont l'éducation, le travail et les échanges culturels dans la langue de Molière qui prennent un coup. Déjà le français n'a pas de bonne côte à l'école mauritanienne où 99 pour cent des écoliers sont loin de le maîtriser à cause de l'arabisation à outrance .Même sort au niveau de l'administration où il est encore peu utilisé.

Le bilinguisme apparaît timidement au sein du conseil des ministres et au parlement. A revendiquer la traduction d'un document en français en arabe c'est légitime d'un côté et de l'autre imposer toute une administration à communiquer qu'en arabe relève d'un impérialisme culturel venant d'une première femme maire de Nouakchott est incompréhensible. Mint Hamady présidente de la communauté urbaine de la capitale est allée également très loin dans cette croisade contre le français. C'est une première convulsion au sein de l'assemblée nationale et au sein de l'UPR et surtout d'un mouvement qui risque de prendre de l'ampleur si Ould Aziz se succède à lui-même en juin prochain. A moins dès maintenant de clarifier sa politique nationale de cohabitation des communautés en Mauritanie.

 

Bakala KANE

 

 

(Reçu à Kassataya le 22 mars 2014)

 

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