Zone de turbulences

Ça y est! Nous l'avons eu notre martyr! Un gosse de rien du tout. un petit. Même pas la vingtaine. Deuxième année universitaire. Son petit front innocent, n'aura plus a se soucier des problèmes d'avenir, que nous avons pris soins de semer sur les dalles de son futur : les études, le chômage, C'est aussi une façon de le délivrer.

Il est mort en héro! Martyr pour défendre le livre sacré. Ceci est-il conforme a la volonté d'Allah? La réponse nécessite au préalable, la réponse a une autre question plus précise: Défendre le livre contre qui? Il est plus que clair qu'une force invisible travaille d'arrache pieds a plonger ce pays dans les malheurs et les désolations. Ce n'est plus un secret pour personne.

A défaut d'identifier cet ennemi invisible, nous avons quand même une action utile, urgente et sage a faire : Nous considérer nous-mêmes.

Voir ce qui ne va pas. Et éventuellement, et parce qu'Allah a dit que "Tout ce qui vous frappe de malheur est le fruit de ce que vos mains ont fait." Nous pouvons essayer de faire une rétrospective de notre passé simple et récent, pour trouver les raisons, ou les causes de ce qui risque de nous mettre a feu et a flammes, et nous en repentir.

Si nous voulons absolument être les portes paroles de la religion, il est une condition sine qua non de bien assimiler les enseignements de cette religion, la bien comprendre, et d'agir selon ses commandements. Nous avons des érudits, qui ont défié les siècles, sans jamais laisser tomber une phrase d'enseignements pris de leurs prédécesseurs. Ils ont enfoui ces trésors de connaissance dans les méandres de leurs esprits. Ce que les autres peinent a lire le jour, nos savants le récitaient la nuit par cœur. C'était Bien.

Force cependant est de constater que quelque part, et comme tout être humain, nos savant n'ont pas réglé ou essayé de régler certain problèmes qui aujourd'hui ébranlent fortement notre société. Ceci est Humain. Toute œuvre de l'homme est imparfaite.

Ce qui serait inexcusable, aujourd'hui pour ces hommes de sciences, c'est de rester silencieux et passifs devant des difficultés qui interpellent non seulement les hommes de religion, mais tout citoyen soucieux du devenir de ce pays. J'ai parlé des inégalités sociales, des problèmes de foi de jurisprudence islamique etc…

Pour "circuiter" les anciens certain jeunes vont chercher des théories ailleurs, pour rapporter au pays une vision plus ou moins différente de la notre sur l'interprétation religieuse. C'est une catastrophe! Jusque là, nous avons pensé et défendu avec dents et ongles, que nous étions les détenteurs authentiques, d'une vérité qui n'a été souillée ni par les dissensions, ni par la politique.

Le choc est de taille et les dégâts risquent d'être considérables. Nous avons accepté la dévaluation de la monnaie nationale, des valeurs des habitudes. Mais tout le monde sait que dévaluer la religion dans un pays comme la Mauritanie, est une chose non seulement impossible, mais dangereuse.

Ce n'est pas parce que nous sommes les plus croyants, mais plutôt parce que l'islam est notre "potion sacrée" qui nous permet d'avaler toutes ces dévaluations de fermer les yeux aux misères du mondes et de faire fi de ses difficultés et ses traîtrises. Manipuler les gens par la religion ne peut être rien moins qu'une trahison de la confiance du Créateur.

Bien que n'ayant jamais fait de politique, je suis en droit de me demander quelle relation existe-t-il entre le livre sacré que des misérables déchirent a Teyaret et les appels a saccager le palais présidentiel, "dégager" ould Abd al Aziz et casser les biens des citoyens. Mobiliser des milliers de citoyens dans "le ventre" de la nuit, dans un pays, ou l'insécurité est en train d'élire domicile, ne peut être un acte de foi.

Pousser des enfants aux portes d'une présidence, ou des soldats énervés ont la gâchette facile, pour se faire massacrer ne peut être un facteur de satisfaction de Dieu. Dieu qui a dit que pour Lui, "Celui qui tue une âme croyante sans droit est comme celui qui a décime l'humanité toute entière."

Un autre courant sur facebook, veut absolument lier Biram ould Abeid a cette affaire. D'autre réclament que ould Mkheytir soit exécuté illico presto. Certain expliquent ces exactions par n'importe quel problème parasite pour lequel ils cherchent une explication ou qu'ils cherchent a introduire sur la liste nationale exhaustive des problèmes.

Ceci est en premier chef la responsabilité de ceux qui ont la responsabilité de sensibiliser, éduquer vacciner le peuple. Je cite les hommes de Dieu. Pour plaire a Allah, il est beaucoup plus préférable de ramener un égaré sur le droit chemin que de le charcuter en public.

Allah aime ses créatures. Il les défend. Rappelez-vous ce bédouin, tellement content de retrouver sa chamelle perdue dans le désert qu'il a prononcé l' imprononçable: " Allah j'atteste que je suis ton maître et Tu es mon serviteur."La miséricorde et l'amour de Dieu étaient beaucoup plus immenses que son lapsus. L'un des noms du Coran est d'ailleurs "Houda", ce qui veut dire a peu prés "remettre sur le droit chemin". Il ne s'agit pas de maudire les gens.

D'ailleurs le prophète (psl) a dit que le musulman ne maudit pas. Ce hadith nous fait trembler aujourd'hui quand au nombre de vrais croyants a la surface du globe. Maudire est devenu un sport en vogue sur toutes les pages du net. La malédiction proférée par un individu va jusqu'au ciel, avant de retomber sur son visage. Beaucoup d'étrangers participant sur le net a ce démembrement du pays. J'ai remarqué par certain faits anodins que des pseudos, bien impliqués dans cette glorieuse bataille" écrivent : Pour Nouakchott."نوقشوت""

De toutes les façons personne n'est dupe.

Des leçons gratuites et claires ont été largement dispensées par l'Irak, la Syrie, l'Egypte, l'Afrique centrale, la Birmanie etc. si cela vous chante et si vous voulez remplir le registre des martyrs allez-y. Mais sachez qu'Allah a dit dans le coran : "Appelle à la voie de Ton Seigneur par la sagesse et la bonne parole et discute avec eux de la manière la plus correcte." On n'appelle pas a la voie d'Allah par les cris et les vociférations.

On ne peut satisfaire Allah par le déséquilibre et la destruction de ses créatures. Un mot pour ceux qui noirs ou blancs, s'évertuent a aiguiser ce triste problème de déséquilibre sociopolitique que nous n'avons pas encore maîtrisé. Il vaut mieux aller lentement, pour arriver surement que mettre des bouchées doubles dans la surenchère et l'excitation d'esprits déjà surexcités et finir dans la catastrophe nationale (Dieu nous préserve du malheur).

Il faut parler, dénoncer dans la discipline. Mais surtout divulguer en vue de trouver une solution, non d'attiser les feux d'un problème. Le prophète (psl) a dit: "La dissension est endormie, Allah maudit celui qui la réveille."

Si certain de notre chair et de notre sang ont été impolis envers le prophète de notre religion, ceci veut dire d'abord que nous avons échoué a leur transmettre le message, ou que nous l'avons transmis sous une forme déformée, qui a repoussé, plus qu'elle n'a attiré.

J'ai connu un alem dans ma vie, feu Cheikh Sidi ould Bakr Mbarek, mort depuis bien longtemps, mais qui a tant marqué ma conception du livre et de la vie modeste fidèle et intègre d'un musulman que je ne peux m'empêcher de penser a lui a chaque fois que le titre "saleh" est prononcé. Pourtant il n'était même pas un "zawi", mais un arabe des Oulad Ahmed.

La Mauritanie est différente. Elle a ses faiblesses et ses carences, qui sont parties intégrantes de sa composition mécano-chimique. Mais elle est ainsi et ne peut survivre qu'ainsi. La bousculer dans son équilibre, équivaut a la précipiter dans des abysses qui ne correspondent pas a sa capacité de gérer ses luttes dans la vie, ni sa conception des choses. Inutile de jeter toujours notre dévolu sur l'étranger, sur Israël, les Etats-Unis, l'impérialisme, les ennemis du monde arabo-musulmans, la conjoncture internationale etc.

Ces facteurs et ces inimitiés existent peut-être, ou certainement. Mais l'ennemi le plus proche, le destructeur le plus immédiat n'est autre que nous mêmes. Notre légèreté a considérer les impératifs de l'instant. Notre promptitude a délaisser nos principes, nos valeurs et mêmes notre façon d'entrer en contact avec notre Seigneur pour suivre les autres.

Il suffit juste de voir comment évolue un mauritanien a l'étranger pour mesurer combien ce que nous avons de plus cher est a la merci des moindres coups de vent. Le 3 mars 2014, nous sommes entrés dans une zone de turbulences effectivement. Nous avons franchis le Rubicon des paroles vers la phase de la folie collective. Vers les actes démesurés et aux conséquences inattendues.

La sagesse voudrait que nous attachions les langues et les pieds, jusqu'à l'extinction du signal qui est passé au rouge et qui risque de réserver d'autres surprises. Le visage de ce gosse, levé en trophée ensanglanté; en gros plan brandit vers le ciel, risque de rompre la patience de Dieu. Et quand le courroux du Seigneur est excité ça fera mal…très mal. Allah nous guide et nous sauve.

Mohamed Hanefi
Koweit.

Source  :  Cridem le 04/03/2014{jcomments on}

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