Plan de plaidoyer pour la Planification Familiale : Le retard considérable de la Mauritanie

Les experts du ministère de la Santé, de l’UNFPA et de certains secteurs financiers de l’Etat, ainsi que quelques organisations de la société civile intéressés par les questions de population et de développement, dont des parlementaires, ont assisté jeudi 27 février 2014 à l’hôtel T’Feïla de Nouakchott, à une journée de discussion pour l’élaboration d’un plan de plaidoyer pour la Planification Familiale (PF) en Mauritanie.

Il fut question du Plan de Repositionnement 2014-2018 qui traduit l’engagement du pays à réduire son retard dans le domaine de l’espacement des naissances, conformément à ses engagements après la Conférence de Ouagadougou en 2011.

Ouvrant l’atelier d’une journée organisée jeudi dernier à Nouakchott sur l’élaboration d’un Plan de plaidoyer pour la PF en Mauritanie, le Représentant résident du Fonds des Nations Pour la Population (UNFPA), Dr.Koudaogo Ouedraogo, a présenté une communication dans laquelle il est revenu sur le Plan de Repositionnement 2014-2018 qui traduit l’engagement politique du gouvernement en faveur de la PF.

Cet engagement traduit à son tour la volonté exprimée des pouvoirs publics à renforcer l’accélération de l’atteinte des OMD (objectifs du millénaire pour le développement), notamment les objectifs 4, 5 et 6 de la Santé. C’est dans ce cadre que les autorités ont promis d’élaborer une stratégie de plaidoyer pour la mobilisation des ressources en faveur de la santé maternelle, néonatale et infantile, et de réduire l’indice synthétique de fécondité de 4,7 à 4,2 enfants par famille d’ici 2015.

Cependant, plusieurs facteurs de blocage tendent malheureusement à faire ombrage à cette volonté politique de la Mauritanie dans le domaine de la santé de la femme. La Mauritanie n’a pas encore adopté la Loi sur la Santé de la Reproduction, comme elle l’avait promis dans le cadre du Plan africain. Elle essaye aujourd’hui de remédier à son retard dans le domaine de l’espacement des naissances à travers un Plan de Repositionnement 2014-2018 pour réduire son écart par rapport aux pays de la région.

En effet, le taux de PF en Mauritanie, environ 10% est l’un des plus faibles au monde, si on le compare au reste des pays où cet indice fluctue entre 40 et 60%.

Selon Dr.Kane Amadou Racine, président de «Agir PF » et cadre à l’OMS (Organisation mondiale de la santé) à Nouakchott, le niveau des indices de la Mauritanie dans le domaine de la santé sont «préoccupants » avec un taux de fécondité moyen de 5 enfants par famille, un taux élevé de mortalité maternelle, 626 décès pour chaque 100.000 naissance vivantes, alors que ce taux est de 300 au Burkina Faso, entre 15 et 20 décès dans les Pays développés.

Tous les experts s’accordent aujourd’hui à reconnaître, selon Dr.Kane, que la Planification Familiale comporte entre autres avantages, le fait qu’elle permet la réduction de la mortalité maternelle de 30%. Dans son exposé, le Représentant résident de l’UNFPA avait ainsi mis en exergue l’engagement qu’avait pris la Mauritanie dans le cadre de l’Initiative FP Twenty-Twenty (FP2020) dans laquelle elle avait pris l’engagement de recruter 32 femmes par Moughataa chaque année pour atteindre l’objectif de 20.000 femmes pour ses services de PF.

Ainsi, les participants à l’atelier du jeudi dernier ont tous convenus de l’absence de synergie entre les acteurs, tout en mettant en relief l’échec du PNSR (Programme national de la santé de reproduction) dans son rôle de coordination entre les acteurs publics et la société civile. La Mauritanie perd de ce fait des ressources importantes dans le domaine de la santé, dont une bonne partie de l’Opportunity Fund et ses 2 Millions de dollars d’aide par an pour la PF.

Deux ONG mauritanienne, Stop Sida et AMPF viennent ainsi, par leurs efforts propres de décrocher un appui commun de 50.000 dollars U.S (environ 150 Millions d’UM) pour mener des activités de plaidoyer et de sensibilisation dans le cadre du FP 2020.

A leurs efforts devront s’ajouter celle d’une ONG américaine, «Agir PF» qui est un démembrement de l’ONG américaine «Agenda Health » dont le siège est au Bénin, mais déjà implantée dans plusieurs pays africains, comme le Nigéria, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, et récemment la Mauritanie. Elle est représentée au niveau national par Dr.Kane Amadou Racine. Le Projet qui devra durer 5 ans travaillera, selon son coordinateur, dans un premier volet qui concernera les «Demandes et Offres » en services PF, puis sur l’Environnement et les barrières politiques et socioculturelles.

Ce sera sur la base de cette étude qu’elle formulera un Plan d’Action local adapté. Le Draft de ce Plan d’action serait déjà disponible, selon Dr.Kane, et fera l’objet d’un prochain atelier. La méthode de plaidoyer qui sera utilisée est la Méthode Rapide. Il y aura ainsi deux Rapides : «Rapide Mauritanie » et «Rapide Nouakchott». A l’issue de la journée de réflexion, des travaux de groupe ont été organisés, desquels sont sorties des recommandations.

Cheikh Aïdara

Source  :  Cridem le 03/03/2014{jcomments on}

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