Mauritanie : l’UPR annonce la couleur monocolore du nouveau gouvernement

Alors que le nouveau président de l’Assemblée nationale Ould Boilil  a interdit cette semaine la presse indépendante des plénières dans l’hémicycle des informantes alarmantes mais non encore confirmées ont circulé à Nouakchott sur la restriction du français dans l’administration de la Communauté Urbaine de la capitale.

La première mesure est une atteinte à la liberté d’informer et met en travers l’application de la loi dans ce domaine. La seconde serait un renforcement de l’arabe dans l’une des collectivités locales les plus importantes du pays. Les observateurs craignent qu’elles apparaissent comme une résonance du discours de la peur orchestré par deux anciens candidats de l’UPR aux dernières législatives et municipales.

La presse indépendante mauritanienne est entrain de payer sa virulence contre le régime de Ould Aziz. Aussitôt installé le nouveau président de l’Assemblée fait parler de lui en refusant désormais l’accès aux plénières des journalistes les plus critiques envers les autorités de Nouakchott. Ould Boilil met à nu les contradictions du pouvoir législatif qui devient ainsi grâce à cette censure de la presse  une résonance du discours de la peur à l’image de ce qui se passait dans les années des dictatures militaires. L’ancien ministre de l’Intérieur détruit ainsi les acquis de la démocratie au sein même de la haute tribune des représentants du peuple mauritanien et annonce la couleur monocolore du nouveau gouvernement. Les observateurs craignent une politique régressive et autoritaire qui surveille sans cesse une presse indépendante devenue gênante au fil du quinquennat de Ould Aziz. Le parlement censé donner l’exemple de l’exercice démocratique réduit l’opacité des débats et les éclaircissements jugés nécessaires par les députés. Cette façon de prendre ses marques n’anoblit pas la fonction même du patron de l’hémicycle et laisse penser qu’il obéit à des ordres venus d’en haut au sommet de l’Etat .Cette injonction venant d’un ancien candidat de l’UPR aux dernières élections est  maladroite et anachronique .

Le silence de la nouvelle opposition parlementaire est d’autant plus inquiétant également. Signe que les nouveaux élus de l’UPR passent à l’offensive et remettent le pays à l’instabilité politique. C’est le sens de la nouvelle directive de la présidente de la Communauté Urbaine de Nouakchott  qui aurait pris l’initiative de renforcer l’arabe dans l’administration. Une information non confirmée mais très inquiétante qui irait à l’encontre du bilinguisme de la Mauritanie et le remettrait sur la voie monocolore contraire à la cohésion sociale. Cette arabisation à outrance est synonyme de repli sur soi et pourrait augurer une nouvelle fragmentation du pays.

 

Bakala Kane

 

(Reçu à Kassataya le 21 février 2014)

 

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