Mohamed Ould Maouloud, après son entretien avec le PM

«Il n’est pas tolérable pour l’intérêt national que le prochain président soit mal élu». Une dizaine de partis politiques mauritaniens, réunis au sein de la Coordination de l’Opposition démocratique, a boycotté les élections municipales et législatives d’octobre et décembre 2013. Pour l’élection présidentielle de juillet 2014, le pouvoir veut visiblement la participation de toute la classe politique.

 

Lundi 17 février 2014, le premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, a rencontré Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des Force de Progrès (UFP), un parti membre de la COD. Cette rencontre a eu lieu sur demande du premier ministre. Objet : « échanger les points de vue sur la meilleure manière d’organiser une présidentielle consensuelle. » Une journée après cette rencontre, le président de l’UFP, face a la presse, en a fait le compte rendu suivant : « Le premier ministre m’a dit que l’objectif de notre rencontre est de discuter de l’organisation d’une élection présidentielle consensuelle. J’ai ajouté que cette élection doit être aussi incontesté si non incontestable. Pourquoi ? Il n’est pas tolérable pour l’intérêt nationale, pour la stabilité du pays que le prochain président soit mal élu. La Mauritanie a un système présidentiel, voire présidentialiste. Un président mal élu ouvre une période d’instabilité pour son pays. Nous avons vu ailleurs en Afrique que ce genre de situations peut être source de danger. Des États se sont écroulés car des crises politiques ont été mal gérées. La république centrafricaine est une illustration. Un président y a organisé des élections mal acceptées, contestées. La crise a éclaté. Un troisième larron est sorti de la savane et bousculé tout le monde, l’État tout entier. Donc il est impératif, et nous en avons convenu, que les prochaines élections soient consensuelles et incontestées. Comment y parvenir ? C’est par le dialogue entre le pouvoir et l’opposition. J’ai dit au premier ministre que la première responsabilité repose sur les épaules du pouvoir. C’est le pouvoir qui doit veiller à la conclusion d’un accord pour éviter la poursuite du blocage, de l’impasse. J’ai dit au premier ministre qu’il est de la responsabilité du pouvoir de rassurer l’opposition. Une opposition qui est placée dans une position impossible. Lors de la dernière tentative de dialogue, quelques jours avant les élections municipales et législatives de novembre 2013, le pouvoir a empêché les discussions d’aboutir et a contraint l’opposition au boycott. Si le pouvoir n’ouvre pas de perspectives à l’opposition, il la place dans une position de radicalisation source de confrontations. Il est de la responsabilité du pouvoir, dans l’intérêt du pays, de rendre viable ses rapports avec l’opposition. L’attitude de ce pouvoir par rapport au dialogue doit changer. On ne peut pas discuter trois jours et si on n’obtient pas les résultats que l’on attend, on se débarrasse du dialogue. Le premier ministre voulait savoir l’approche générale à adopter pour ce dialogue. Je lui ai dit que je parle au nom de l’UFP qui a toujours été pour le dialogue. Je sais que la COD (actuellement présidée par Ahmed Ould Daddah, président du RFD) est dans les mêmes dispositions et elle (la COD) le prouve toujours. J’ai dit au premier ministre que les modalités, les conditions de ce dialogue doivent être discutées avec la COD qui ne demande que des discussions sérieuses pour sortir le pays de la crise. Mon entretien avec le premier ministre intervient après une rupture du dialogue par la faute du pouvoir. Il intervient après notre boycott des législatives et municipales. J’ai eu l’impression que le Premier ministre adhère à l’idée d’élections incontestables. Cet entretien est un pas positif dans la bonne direction. Il reste que c’est encore le stade des intentions. Nous souhaitons que ces intentions soient suivies d’effets. »

Quels actes forts le pouvoir peut poser pour rassurer l’opposition, pour que cette opposition n’ait pas l’impression qu’il s’agit d’une manœuvres politicienne pour la diviser, la maintenir dans l’indécision ?

Réponse de Mohamed Ould Maouloud : « Ces actes forts doivent être définis par la COD. Je ne peux pas avancer de suggestions à la place de cette coordination. Ce qui est sur, c’est que, comme on dit : chat échaudé craint l’eau froide. Les dialogues passés ont laissé une très mauvaise impression sur la disponibilité réelle du pouvoir à discuter pour parvenir à une solution consensuelle. Il faudrait que ce pouvoir donne la preuve de sa bonne volonté. S’il le fait, il pourrait y avoir réussite. L’opposition ne veut rien d’autre qu’un dialogue sérieux. La COD veut des garanties minimales pour des élections crédibles. »

 

Khalilou Diagana

 

 

Source : Le Quotidien de Nouakchott

 

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