Alors que le taux d’intégration commerciale dépasse les 60% dans l’Union européenne, 25% pour l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), 15% pour Mercosur et 9% pour la Cedeao, celui du l’Union magrébine ne dépasse pas 3%. Les investissements intermaghrébins représentent moins de 1% des investissements étrangers dans ces pays. Sur 36 conventions et instruments d’intégration maghrébine qui ont été signés, 6 conventions seulement ont été ratifiées. “Avec ces chiffres, tout est dit”, a constaté la présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et présidente de l'Union maghrébine des employeurs (UME). En dépit d’importants prérequis — même histoire, même langue, même contexte socioculturel —, les pays maghrébins n’ont pas su construire un espace économique commun, et cela coûte à chacun des pays entre 2 et 3% du PIB par an. “Malgré de nombreux discours, de conférences et d’intentions, nous ne sommes pas encore parvenus à l’objectif d’une meilleure intégration économique”, a souligné la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, dans un message aux participants. “Davantage d’efforts doivent être consentis pour permettre d’améliorer l’ouverture, d’approfondir l’intégration économique et de répondre aux aspirations de la jeunesse”, a estimé Mme Lagarde.
L’ouverture est, pour la directrice du FMI, la première priorité. “Toute la région y serait gagnante”, selon elle. Elle a suggéré de progresser davantage sur la suppression des barrières douanières, qui sont deux fois plus élevées que la moyenne des barrières douanières mondiales, mais aussi sur les barrières non tarifaires, contraintes bureaucratiques et réglementaires. D’autres priorités sont également importantes, a ajouté Mme Lagarde, qui évoque l’harmonisation des systèmes de financement, la facilitation d’accès au crédit et le développement des infrastructures pour faciliter les échanges. Le directeur du département Maghreb de la Banque mondiale a estimé que “l’intégration économique du Maghreb, devenue au fil du temps véritable serpent de mer, doit être prise à bras-le-corps”. Certes, les pays du Maghreb ont accompli d’importants progrès économiques et sociaux ces vingt dernières années, en particulier le maintien de la stabilité économique avec, comme résultat, une croissance économique et des avancées dans la lutte contre la pauvreté. Cependant, dans l’ensemble de la région, les performances économiques sont restées inférieures à leur potentiel, avec un chômage élevé et des inégalités d’opportunités grandissantes. “Ils semblent que les obstacles importants au développement économique du Maghreb existent et que l’obstacle commun aux cinq pays est précisément le manque d’intégration régionale”, a indiqué le représentant de la Banque mondiale. M. Simon Gray a estimé que l’intégration maghrébine permettra de dynamiser le niveau du commerce interrégional et de renforcer la compétitivité de la région sur les marchés tiers. Selon lui, d’après une étude récente financée par la Banque mondiale, le manque à gagner de l’absence d’interprétation maghrébine se chiffre entre 3 et 9 milliards de dollars par an. “Le Maghreb n’est plus une option. C’est une obligation si la région ne veut pas rater la mondialisation”, a affirmé le représentant de la Banque mondiale.
Le président de la Confédération algérienne du patronat, qui a présidé la séance plénière consacrée au coût du non-Maghreb, a parlé d’une nouvelle dynamique de l'Union maghrébine des employeurs, en évoquant “l’initiative maghrébine du commerce et de l’investissement (Imci) dans une perspective d’emploi et de croissance”. “Une initiative prometteuse”, a-t-il assuré. “Nous espérons que les étapes seront franchies de manière progressive afin de créer des fondements pérennes et durables d’une meilleure intégration régionale bénéfique à tous les pays”, a indiqué Boualem M’rakech.
Meziane Rabhi
Source : Liberté Algérie
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