De Sarkozy à Hollande, le « mémorial du soldat musulman » objet de toutes les attentions

François Hollande inaugure mardi 18 février à la Grande Mosquée de Paris un « mémorial du soldat musulman ». L'occasion de rendre hommage aux 100 000 soldats de confession musulmane morts au cours des deux guerres mondiales. Une opération de communication bien rodée pour le président de la République ? Presque. Le mémorial avait déjà été « pré-inauguré » en mars 2012 par son prédécesseur, Nicolas Sarkozy.

 

A l'époque, à quelques semaines de la fin de la campagne présidentielle, l'actualité est dominée par la polémique sur la viande halal, lancée par Marine Le Pen, candidate du Front national. De Claude Guéant à François Fillon, l'équipe UMP de Nicolas Sarkozy enchaîne les commentaires sur le sujet.

D'abord en retrait, le président-candidat Nicolas Sarkozy finit par lâcher : « Le premier sujet de préoccupation de discussion des Français, c'est cette question de la viande halal. » Il se déclare pour « l'étiquetage de la viande en fonction de la méthode d'abattage ». Les dignitaires juifs et musulmans font entendre leur mécontentement.

Dix jours après ces déclarations, M. Sarkozy décide de se rendre à la Grande Mosquée pour inaugurer un « mémorial aux soldats musulmans ». Le même que celui qui justifie le déplacement de François Hollande. Une visite organisée à un mois des élections municipales, alors que l'UMP cherche à reconquérir le « vote musulman », sachant que 86 % des électeurs de confession musulmane ont voté François Hollande à l'élection présidentielle de 2012.

PRÉ-INAUGURATION EN 2012

« L'inauguration par François Hollande sera plus grandiose et plus solennelle », assure Slimane Nador, l'attaché de presse de Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman (CFCM). En 2012, l'ancien président de la République s'était en fait contenté d'une « pré-inauguration ».

Face à un écriteau plastifié rappelant l'engagement des soldats musulmans morts au cours de la première guerre mondiale, Nicolas Sarkozy avait déposé une gerbe. Il avait expliqué être venu « rendre hommage au sacrifice de tous les musulmans morts pour la France, lors de la première guerre mondiale. Et aussi d'ailleurs de la seconde ».

Devant les caméras, il avait ajouté « qu'en cette période électorale, certains de nos compatriotes ne se sentent pas blessés par des polémiques qui n'ont pas lieu d'être ». A l'Elysée aujourd'hui, on assure qu'on ne peut pas présenter la visite de Nicolas Sarkozy comme une inauguration.

« On ne peut pas parler d'inauguration pour quelque chose qui n'existe plus. S'il avait bien rendu hommage aux soldats musulmans, Nicolas Sarkozy avait surtout voulu trouver une raison d'aller à la Grande Mosquée. Une plaque en plastique avait été installée vite fait, mais il n'y avait pas eu de discours ni rien. »

Mardi, l'écriteau posé en mars 2012 sera remplacé par deux plaques de marbre vert posées au fond du jardin de la Grande Mosquée. L'une en hommage aux soldats morts lors de la première guerre mondiale, l'autre pour ceux de 1939-1945.

POUR QUELQUES PLAQUES DE PLUS

Des plaques à ne pas confondre avec celles inaugurées en 2010 par Hervé Morin, le ministre de la défense de l'époque. Ecrites en français et en arabe, ces plaques rendent hommage « aux soldats musulmans morts pour la France en 14-18 et en 39-45 ».

L'Elysée assure aller plus loin dans l'hommage, puisque « la liste des différentes unités auxquelles appartenaient les soldats musulmans de l'armée française y sera inscrite ». Et puis, « ce n'est pas encore finalisé », mais des bornes numériques devraient également être installées. Elle permettront de retrouver le régiment et l'origine de chaque soldat musulman.

Slimane Nador voit dans ces deux plaques une « duplication du mémorial d'hommage aux combattants musulmans de Verdun ». Construit à côté de la nécropole nationale et du mémorial juif édifié en 1938, le monument rend hommage aux 70 000 soldats musulmans morts durant la bataille de Verdun.

En inaugurant ce mémorial musulman en 2006, Jacques Chirac avait satisfait une revendication portée notamment par Dalil Boubakeur. Le président du CFCM milite depuis 1992, pour que le rôle joué par les soldats musulmans dans l'armée française soit reconnu.

L'inauguration de mardi est donc une « étape supplémentaire » de cette reconnaissance. Une étape franchie en deux temps. A chaque fois, à l'approche de deux échéances électorales.

 

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