Le secret d’Aziz : des savates de Taya à la tête de l’UA…

Incroyable destin d’un homme sorti de nulle part, loin des politiques, loin des barons de l’armée, pour finir à la tête de l’UA après avoir tenu en laisse la république mauritanienne sans aucun bagage intellectuel et général sans aucun mérite militaire.

Un homme tenant d’une main la barbe de l’imam de la grande mosquée et l’association des oulémas même radicaux et de l’autre y faisant manger toutes les puissances étrangères qui luttent contre le terrorisme islamique. Un homme premier soutien du MNLA qui a participé à l’occupation et la division du Mali jusqu’à l’intervention française et qui reçoit le président malien élu comme des frères pendant que ce même président veut la peau d’ATT.

On peut ainsi mille fois citer mille exemples prouvant combien ce président et son équipe réussissent à balader tout le monde et même satisfaire tout le monde ; du moins toutes les forces en présence de l’intérieur et de l’extérieur sauf peut-être le Maroc car à l’impossible nul n’est tenu même si tôt ou tard le Maroc sera satisfait quand il comprendra que le président n’avance qu’à l’ombre d’un puissant protecteur et sitôt que le vent tourne, il retournera son tchiaya.

Quel est donc le secret d’Aziz ? En fait il est tout simple : Aziz et ses généraux ont prouvé qu’ils n’ont aucune volonté de faire avancer la Mauritanie comme un Atatürk  car ils ne veulent aucun ennemi, ils ne veulent aucune tension autre que celle qui divise les mauritaniens pour le seul règne de leur pouvoir passif. Un pouvoir qui ne sert absolument à rien sinon à faire peur pour l’unique règne de l’azizanie. Qu’est-ce l’Azizanie ? Ce n’est rien d’autre que le règne des affaires pour un petit clan avec quelques projets comme si la Mauritanie était un terrain vague. A part ça ? Rien.

Depuis 2005, Aziz et ses amis ont pris le pouvoir. Bientôt dix ans ! Pour quel bilan ? Une refonte de l’armée mieux équipée et mieux lotie ; quant au sort des civils : ils semblent vivre sous une occupation militaire civilisée qui les laisse aboyer mais sans jamais tenir compte de leur revendication. De là que la presse ne sert à rien, les députés non plus et ce jusqu’au comble du mépris à savoir cautionner la sortie sordide de la présidente de la commission nationale des droits de l’homme à propos de l’affaire du jeune forgeron.

Bilan la Mauritanie a définitivement la réputation d’être un pays raciste, esclavagiste et maintenant intégriste avec quelques mollahs qui ont leur armée de fanatiques capables d’intimider le pouvoir et condamner presque à mort à un jeune forgeron comme s’il avait blasphémé ou même renier l’islam. Tout prouve qu’Aziz et ses amis n’ont que faire ni de ce que vit la classe moyenne ni du sort de l’unité nationale. Face à un Birame et son projet subversif, le pouvoir a échoué lamentablement comme si tout était fait pour créer un affrontement civil entre hratines et maures pour régner leur compte aux hartines comme ce fut le cas avec les négro-mauritaniens car de plus en plus on entend que les hratines commencent à exagérer et qu’il y en a pourtant que pour eux.

Le secret Aziz est de n’en faire qu’à sa tête. Tout part et revient à lui, le reste c’est du flan. Les élections ne changent pas un PM car Aziz voulait placer ce PM depuis Sidioca comme un excellent wogave, et les associations de droits de l’homme ne peuvent pas avoir la tête d’une présidente hystérique de la commission nationale des droits de l’homme. Aziz se moque du droit comme il se moque des hommes de lettres en général ; c’est un complexe qui coûte cher à la Mauritanie désormais car à cause de lui, le pays a la réputation d’être un pays d’apartheid par excellence ; à cause de lui les islamistes radicaux gagnent du terrain car ils savent que le pouvoir a peur vu qu’Aziz n’ira jamais à l’affrontement même pour la bonne cause. De là que le meilleur moyen de terroriser Aziz est de l’obliger à faire justice jusqu’au bout là où son pouvoir a condamné à mort car Aziz ne veut pas du sang sur les mains. Ce qu’il veut c’est satisfaire sa chèvre et protéger son chou : condamner à mort mais ne jamais exécuter comme ne jamais libérer quelqu’un sans lui laisser autour du cou la corde de Damoclès qu’est la liberté conditionnelle…

Si gouverner c’est prévoir, pour Aziz gouverner c’est corrompre, intimider ou amadouer. C’est là, la seule et le plus lamentable bilan de son premier mandat. Nous avons cru à son arrivée que le Aziz de la campagne de 2009 serait celui des années constructives, audacieuses et courageuses. Hélas, il n’en fut rien ! Petit à petit, Aziz s’est ramolli entouré par une secte d’esprits retors et lâches qui l’ont convaincu qu’il n’y a rien à faire car la Mauritanie est ingérable autrement que par la petite politique de camelot. Où est passé le Aziz qui faisait enfermer les banquiers ? Où est passé le Aziz qui se moquait des barbus ? Où est passé le Aziz courageux et décidé ? 

Aziz est aux mains d’une clique hétéroclite de gens très intelligents, les cerveaux de l’azizanie et du populisme ; ceux dont la fréquentation lui permit d’apprendre comment articuler le subjonctif comme un lettré, ceux qui l’ont convaincu d’être en retrait, de parler moins, de rire moins. Aziz était un Chavez en puissance, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Un roitelet  aux mains d’une clique d’esprit, qui sans même se connaître ni se fréquenter, pensent de la même manière : verrouiller le cercle présidentiel. 

Ainsi en moins de 5 ans, Aziz est plus sourd et aveugle que Taya en 20 ans.  Si ce monsieur continue ainsi, la Mauritanie sera le pays où les tensions de toutes sortes seront les plus exacerbées. Aziz veut diriger en méprisant la classe moyenne, en humiliant les lanceurs d’alertes de la société civile. Son seul projet est d’avoir une armée aux ordres, une classe moyenne au pas et un peuple au pied.

C’est une façon géniale de garder le pouvoir et s’enrichir en construisant une Mauritanie peuplée de fantômes, de fous, de mendiants, de bouffons, d’esclaves, d’humiliés, de lobotomisés, d’hypocrites, de haineux, de jaloux mais de rien qui puisse faire d’un jour d’Aziz le grand.

Avec Aziz tout est petit surtout le changement constructif…

Vlane A.O.S.A

Source  :  Chez Vlane le 07/02/2014{jcomments on}

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