Mauritanie : la corruption et le clientélisme du régime de Ould Aziz pointés par Ould Abdallah

La corruption est incontestablement à l’origine aujourd’hui de la mauvaise gestion des inondations récurrentes, de l’entretien défectueux des routes et du manque d’assainissement et de la construction anarchique de la ville de Nouakchott.

 

De l’argent envolé vers des poches privées en toute impunité depuis des années. Un constat amer du président du centre des stratégies pour la sécurité du Sahel-Sahara qui s’est confié cette semaine au quotidien mauritanien Biladi. Ahmedou Ould Abdallah préconise une campagne de clarification aux citoyens sur les affaires actuelles de détournement des deniers publics par des responsables des sociétés d’Etat et sur d’autres scandales financiers par de hautes personnalités politiques du pays dont le chef de l’Etat mauritanien. L’ancien diplomate mauritanien profite de l’occasion pour fustiger le clientélisme érigé en système de gouvernance par le régime de Ould Aziz.

Décidément le régime de Ould Aziz n’a pas bonne presse. A quelques mois des présidentielles de 2014 sa mauvaise gouvernance est non seulement pointée par l’opposition , des Organisations non gouvernementales comme Sherpi mais aussi par d’éminentes personnalités mauritaniennes indépendantes comme le président du centre des stratégies pour la sécurité du Sahel-Sahara. Ahmedou Ould Abdallah n’a pas mâché ses mots en accusant la corruption de tous les maux de la capitale mauritanienne responsable de la mauvaise gestion des inondations récurrentes, de l’entretien quasi inexistant des routes du manque d’assainissement et de la construction anarchique des habitations. Des sommes colossales envolées vers des poches privées au détriment du trésor public et cela en toute impunité depuis des années. L’ancien haut fonctionnaire de l’ONU qui s’est confié cette semaine au quotidien mauritanien Biladi soupçonne les hommes politiques de ces pratiques malsaines qui sont légion dans les sociétés d’Etat, les administrations voire dans tous les rouages de l’Etat. Et ce n’est pas avec gaieté de cœur qu’il préconise une campagne de clarification aux citoyens sur toutes les affaires actuelles connues de détournement des deniers publics relatives par exemple aux phosphates de Bophal-Civé à la société Polyvandog dans la pêche, au gaz industriel, au projet de coopération avec l’Inde, à la zone franche de Nouadhibou, à l’extension des projets Guelbs. La liste est longue.

En réalité cette opacité est entretenue par le président mauritanien depuis juillet 2009 en particulier sur des décisions publiques de marchés par exemple de gré à gré dont la presse a révélé récemment concernant l’aéroport international, le prêt de 15 milliards d’ouguiya à la SNIM pour la société en charge des travaux, le financement de la centrale électrique de Nouakchott qui vient d’être renoncé par la banque islamique. Parmi les sociétés impliquées dans ces malversations figure en bonne place la SOMELEC dont certainement les responsables n’échapperont pas à l’IGE qui pourrait les menacer d’emprisonnement bientôt. Récupération politique ou pas cette réaction gouvernementale est mal comprise par l'opinion publique qui attend depuis des années une sanction exemplaire de tous les corrompus.C'est mal venu dans ce contexte de climat pourri entretenu sciemment par un régime dont le disfonctionnement régulier de la justice n’est plus à démontrer. En affirmant que la corruption appauvrit l’Etat et qu’elle retribalise le système, l’ancien diplomate chevronné mauritanien sait de quoi il parle .L’occasion pour lui de fustiger le clientélisme qui encourage les complicités claniques et les passe-droits. Les mauritaniens ont l'impression aujourd'hui qu'ils vivent dans un pays sans foi ni loi.Cette démarche de lanceur d’alerte d'un compatriote avisé vient remettre en cause toute la politique de lutte contre la gabegie et la corruption engagée par Ould Aziz depuis quatre ans maintenant. Eclaboussé lui-même par de nombreux scandales financiers dont le blanchiment de l'argent de la drogue, l'accaparement de terrains dans la capitale et le bradage des terres agricoles de la Vallée du Fleuve Sénégal au profit d'investisseurs arabes en particulier, le président mauritanien devra faire plus pour que la confiance revienne.

Pour cela il faudra rompre avec les mauvaises habitudes en commençant par partager le pouvoir.

Bakala Kane{jcomments on}

(Reçu à Kassataya le 24/01/2014)

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