Plaidoyer pour la sécurité alimentaire au Guidimakha: Promotion et encadrement des investissements privés locaux

Des élus locaux, acteurs et experts en développement issus de divers départements ministériels et organismes internationaux ont appelé à la promotion et à l’encadrement des investissements privés locaux (notamment en provenance des migrants) vers les filières du secteur primaire

(produits forestiers non ligneux, par exemple) à travers un cadre juridique et réglementaire, une formation professionnelle adaptée, des infrastructures marchandes (routes, etc.) et l’accès facilité au crédit.

C’était au cours d’un atelier national de restitution des résultats du Projet pour l’Emergence d’un Plaidoyer sur la Sécurité Alimentaire au Guidimakha (PEPSAR-G), mercredi 8 janvier, à Nouakchott. Une rencontre organisée par le GRDR, en collaboration avec l’Université de Nouakchott et l’association des maires du Guidimakha. A l’ouverture des travaux, Demba Sow, du GRDR, a retracé le contexte de cette rencontre, couronnement de différentes études menées dans le Guidimakha visant à améliorer les capacités d’analyse et de propositions des acteurs de la région, pour leur permettre de jouer leur rôle dans les politiques publiques de sécurité alimentaire et le développement équitable et durable.

Quatre thèmes de développement

Il aura fallu toute une diversité de rencontres – concertations, thés-palabres, voyages, etc. – pour dresser des constats et dégager des pistes de lutte durable contre l’insécurité alimentaire au Guidimakha. Quatre thèmes ont été ainsi distingués : économie locale, santé publique et pouvoir d’achat, orientation politique et stratégie d’intervention, renforcement de la productivité des agricultures familiales. Pour l’économie locale, les experts et autres acteurs constatent que le Guidimakha est « une région économiquement très dépendante de l’extérieur, pour sa survie. Les ressources financières et les produits de la consommation courante proviennent de l’étranger (migration et importation). Les transferts monétaires sont orientés vers les dépenses de consommation (alimentation, santé) et l’investissement dans l’immobilier (en dehors de la région). Les différentes enquêtes ont permis de relever une baisse des productions primaires et des dérivés transformés, ainsi que la faible valorisation-transformation des ressources naturelles, malgré le fort potentiel existant.

Concernant la santé publique et le pouvoir d’achat, les acteurs estiment que le Guidimakha est « une région sujette à un changement d’habitudes alimentaires responsable de problèmes de santé publique et de pression supplémentaire sur le pouvoir d’achat ». Les différentes analyses montrent, en effet, une évolution des habitudes alimentaires (des céréales locales vers des produits importés avec des prix relativement volatiles), tandis qu’émergent de nouvelles maladies – hyper/hypo tension, diabète, etc. – alourdissant les dépenses de santé. Le pouvoir d’achat reste intimement lié à l’évolution des prix sur le marché mondial et les spéculations des commerçants locaux, entraînant une forte vulnérabilité des ménages. Aussi les conclusions des études insistent-elles sur le nécessaire contrôle de la qualité des produits, l’information du grand public sur les implications sanitaires des nouvelles habitudes alimentaires, la promotion de produits locaux alternatifs et, enfin, la régulation et le contrôle des prix.

Soutenir une politique agricole cohérente, axée sur les exploitations familiales

En matière d’orientation politique et de stratégie, l’analyse fait ressortir quelques constantes. Le Guidimakha est une région où le climat n’est pas la principale cause de l’insécurité alimentaire. La politique agricole est essentiellement orientée sur des actions d’urgence, comme la distribution de vivres ou le cash-transfert, récemment. Les investissements productifs sont des aménagements hydro-agricoles, hors du Guidimakha, principalement. On note une totale absence, tant de coordination des intervenants, en matière de conception, d’occupation de l’espace et principes de mise en œuvre, que de concertation avec les organisations paysannes. Les services techniques de l’Etat restent sans moyens d’actions et rien n’est fait pour mettre fins aux chroniques conflits fonciers.

Les élus locaux, acteurs de développement recommandent une   politique agricole orientée vers le soutien durable aux exploitations agricoles familiales, en matière d’investissements productifs. Ils espèrent une cohérence accrue des actions dans le Guidimakha, à travers une gestion décentralisée des projets de sécurité alimentaire et des cadres fonctionnels de concertation communale (ADL neutre et dynamique), avec une bonne représentation des organisations paysannes. Ils demandent aussi une clarification du cadre juridique de la gestion foncière. Il ne faut pas perdre de vue que le Guidimakha est une région où les exploitations agricoles familiales ne disposent pas de soutien pour améliorer la productivité. Dans les faits, les aides de l’Etat restent surtout orientées vers l’agriculture irriguée qui ne produit pas, pour le moment, les résultats escomptés. Le marché local est inondé de produits importés qui limitent l’écoulement des produits locaux et affaiblissent les prix. Par ailleurs, les espaces cultivables se réduisent, tandis que la pression sur les terres arables – conflits fonciers, épuisement des terres – augmente dangereusement. Pour répondre à ces défis, les élus et experts préconisent un encouragement de l’agriculture familiale, avec la mise en place d’un cadre foncier clair – accès à la terre, aménagements, protection des cultures – l’amélioration de l’accès à l’information et aux intrants, l’appui à la commercialisation et une meilleure protection du marché intérieur.

Compte-rendu Thiam Mamadou

Source  :  Le Calame le 22/01/2014{jcomments on}

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