Le Rwanda, bon élève africain des institutions financières mondiales

En croissance constante, Kigali a su attirer les investisseurs étrangers. En 2013, la bourse a gagné 130%. Une tendance qui semble se confirmer en 2014.

 

De retour de Kigali, Taylor Toeka Kakala/InfoSud – Le voyageur qui débarque à Kigali est d’abord séduit par la propreté impeccable de la capitale rwandaise. Avec ses routes plantées de palmiers et ses pelouses tondues de frais, la ville d’un million d’habitants s’étale sur plusieurs collines. Partout, des grues émergent des baraquements, signalant un énième chantier de construction dans la capitale du Rwanda.

A l’instar de celui du Kigali Convention Center, un complexe dont l’ouverture est prévue en 2014 et qui abritera un hôtel de luxe, une salle de conférences, un centre commercial, des bureaux… Coût total : 247 millions de francs suisses, financés en totalité par des investisseurs étrangers, d’après le Bureau de développement du Rwanda (RDB). Une revanche sur le destin pour ce petit pays enclavé d’Afrique de l’Est : après le génocide de 1994, l’économie était dévastée. Mais dès 2001, le gouvernement du président Kagame a engagé des réformes, agendées dans un programme baptisé Vision 2020. Soutenues par une gestion rigoureuse des finances publiques, ces réformes ont amélioré la productivité et le climat des affaires.

Ainsi, les auteurs du rapport Doing Business 2014 affirment que le Rwanda a entrepris des changements dans huit des dix domaines couverts par leur étude. Ce qui a permis au pays de se hisser au 32e rang mondial pour son climat des affaires, gagnant au passage 20 places par rapport à 2013 et établissant son meilleur classement à l’heure actuelle. Et de s’imposer comme le deuxième pays en Afrique, après l’île Maurice, classée au 20e rang mondial.

Déjà en 2013, le rapport Doing Business pressentait les excellentes performances économiques actuelles du « pays aux mille collines » : le Rwanda était alors classé comme le second « meilleur réformateur » du monde entre 2006 et 2013, après la Géorgie. Durant cette période, Kigali a tout mis en œuvre pour faciliter les affaires des entrepreneurs. Il suffit aujourd’hui de 24 heures pour créer administrativement son entreprise. Surtout, les autorités ont développé les technologies de l’information et de la communication dans l’administration.

Résultat : les investissements étrangers ont été multipliés par dix entre 2004 et 2009, passant de 8 à 83 millions d’euros (de 6,5 à 67 millions de francs).

Nouvelles technologies, commerce, banque et assurance… Le secteur des services contribue désormais pour moitié au produit intérieur brut (PIB) du Rwanda, selon le RDB. Bon élève sur le plan économique, le pays veut devenir une plaque tournante financière en Afrique de l’Est. Une ambition confortée par la bourse de Kigali, la plus performante dans la région.

L’économie reste fragile

Mais la croissance du PIB de 7,5% en 2013 n’est pas assez forte pour faire du Rwanda, d’ici à six ans comme prévu dans la Vision 2020, « un pays à revenu intermédiaire », égalant le niveau de vie des habitants d’Afrique du Sud. Peu importe pour les autorités rwandaises, qui veulent croire à la réalisation de cet objectif ambitieux.

Pourtant, l’économie du Rwanda est fragile, en raison de sa forte dépendance aux financements extérieurs. « Mais l’atout majeur de ce pays, c’est son art pour séduire les bailleurs étrangers », affirme Patrick Bambo, professeur d’économie à l’Institut supérieur de commerce à Goma, dans l’est de la RD Congo. En avril 2013, le Rwanda a été le premier pays d’Afrique de l’Est à lever des fonds sur les marchés internationaux pour développer ses services et finaliser la construction du Kigali Convention Center. Le pays a lancé un emprunt obligataire de 300 millions d’euros. Une opération confiée aux banques américaine Citigroup et française BNP Paribas pour servir à rembourser la dette à court terme du pays et financer ses investissements stratégiques.

En exerçant le pouvoir d’une façon autoritaire, le président rwandais impose cependant aussi des réformes économiques et sociales drastiques à ses citoyens. Car les retombées pour les Rwandais sont quasi inexistantes. Dès 2011, un rapport de l’Institut d’analyse et de recherche en politique du Rwanda a relevé que le pays n’avait pas traduit sa croissance économique par la création d’emplois. Et en 2012, l’Unesco remarquait que « la moitié des enfants rwandais abandonnent l’école avant leur 11e année ». Principale cause : la pauvreté endémique des familles.

 

Source : InfoSud

 

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