Les bidonvilles forment à elles seules un monde à part.Ces amas de planches et de zings ne sont pas une nouveauté urbaine dans la capitale mauritanienne.
Ce sont des habitations qui refusent de libérer l’espace d’une ville qui se modernise dans la plus grande anarchie. Cette culture de la facilité et de la recherche permanente d’un gite à traves la gazra n’a fait qu’entretenir des taudis là où se dégage le moindre espace « squatable ».
L’essentiel c’est d’avoir quatre pieds d’une concession pour la taille d’une famille qui se sacrifie et endure les intempéries et la faim pendant des décennies tant que des opérations de déguerpissements ne viennent pas perturber la vie de ses locataires.
Inutile de dire que ces pauvres habitants des Kebbas exposent leur vie en danger. Inutile aussi de dire que les âmes qui vivent dans ces galeries comme des termitières n’ont pas accès aux services sociaux élémentaires pour s’épanouir.
L’horloge qui régule la vie de ces damnés tourne autour d’elle-même sans changer une seconde le destin de ces gens. Ce sont des scènes de vols, de viol, de violences de toutes de sortes qui constituent le malheur de ces banlieusards.
Au milieu de ces niches insalubres tout peut basculer en quelques secondes. Les incendies sont devenus le lot des habitations précaires. Chaque jour des cris de détresse s’élèvent dans un sauve –qui-peut où le défi le plus urgent est de sauver des vies que des toits de fortune.
Ces drames poussent les autorités à faire recours aux mêmes expédients qui ne font qu’aggraver davantage la situation de ces squatters. La solution pour l’Etat , consiste à distribuer des kilos de céréales et quelques habits à des habitants qui ont perdu tout. Certes la venue d’une délégation conduite par le Président est en soi un signe de consolation morale.
Mais cela ne suffit pas pour régler la problématique de ces incendies quotidiens. Faut-il à chaque fois se mettre à refaire les mêmes gestes qui encouragent à reconstituer les mêmes habitats précaires ?
Pourquoi ne pas construire des milliers d’habitations taillées sur mesure avec des matériaux plus solides dans des espaces plus viabilisés pour encourager une plus grande stabilité, au lieu d’un esprit d’assistanat qui cultive la paresse et la dépendance.
Nouakchott est une ville qui étouffe sous la pression d’une bidonvilisation grandissante qui nul politique n’arrive à arrêter.
L’assainissement des quartiers pauvres n’est qu’un pas improvisé motivé plus par des calculs électoralistes que par une volonté de rationaliser les espaces urbains et les aires publiques. L’Etat doit promouvoir une politique de développement urbain respectueuse des normes urbaines plus pérennes et mieux sécurisantes pour les populations. Le drame des kebbas du port est un de trop dans le calvaire des pauvres squatteurs livrés à leur triste sort…
Cheikh Tidiane Dia
Source : Le Rénovateur Quotidien
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