Centrafrique : les mauritaniens de Centrafrique dans la tourmente

Combien sont-ils ? Mystère et boule de neige puisque l’Etat lui-même ne le sait pas et ne veut rien savoir, ses préoccupations étant autres que celles de les venir en aide. Et pour cause : la Centrafrique n’est pas la Syrie, encore moins l’Egypte ou tout autre pays arabe digne d’attentions des officiels mauritaniens.
 

 

Pourtant ce pays a toujours accueilli des mauritaniens ayant choisi d’y officier à la sueur de leurs fronts. D’ailleurs de tout temps ils y ont vécu et supporté tous les événements malheureux qui ont jalonné l’histoire de ce pays, mais cette fois, les risques sont grands pour eux. En effet, les affrontements interconfessionnels en République centrafricaine (RCA) pourraient tourner au conflit religieux et avoir des répercussions à l'échelle régionale. Parce que "les violences meurtrières sont quotidiennes dans la capitale Bangui et le reste du pays et la population reste divisée par les appartenances religieuses", a expliqué Jeffrey Feltman au Conseil de sécurité lors d'un exposé sur la situation en RCA, où des milliers de personnes ont déjà été tuées, près d'un million chassées de leurs foyers, et 2,2 millions – soit environ la moitié de la population -, a besoin d'aide humanitaire. "L'accès aux quartiers résidentiels de Bangui est contrôlé soit par des miliciens antichrétiens, soit par des antimusulmans. De même, les localités situées en dehors de Bangui comme Bossangoa, Bouar, Bozoum et Paoua, entre autres, sont le théâtre d'atrocités, notamment d'affrontements directs entre communautés chrétienne et musulmane", a poursuivi M. Feltman. La Centrafrique est dans la tourmente depuis que les rebelles de l'ex-Séléka, des musulmans pour l'essentiel, ont lancé une offensive il y a un an, contraignant le président François Bozizé à quitter le pouvoir en mars. Un gouvernement de transition a permis dans un premier temps de rétablir un semblant de paix, ouvrant la voie à la tenue de futures élections démocratiques.

Mais le mouvement majoritairement chrétien des anti-balaka a pris les armes et des affrontements interconfessionnels ont éclaté à Bangui début décembre. C’est dans cet imbroglio que se trouvent nos compatriotes, déçus de voir les autorités de leur pays garder le silence sur leur calvaire en Centrafrique. Par contre les autorités maliennes et sénégalaises ont évacué de Bangui des centaines de leurs ressortissants fuyant les affrontements meurtriers en Centrafrique. A Bamako par exemple, le ministre chargé des Maliens de l'Extérieur, Abdramane Sylla, et deux de ses collègues ont accueilli lundi après-midi un groupe de près de 270 personnes arrivées par un vol spécial affrété par le gouvernement malien. A bord de l'avion, se trouvaient au total "267 personnes", a précisé Diadié Yacouba Dagnoko, l'ambassadeur du Mali à Libreville qui a voyagé avec les Maliens évacués de Bangui. Un autre vol doit rapatrier mardi le même nombre de Maliens, a indiqué M. Sylla. Il est probable qu'on envisage d'autres vols, parce qu'il y a à peu près 3.000 Maliens (sur place), mais ceux qui ont exprimé immédiatement la volonté de rentrer sont au nombre de 500 et quelque", a affirmé le ministre. Selon lui les rapatriés sont pour la plupart des femmes et enfants dont beaucoup "sont nés là-bas de parents maliens" établis de longue date en Centrafrique. Le Sénégal a, de son côté, ramené à Dakar en moins d'une semaine près de 600 de ses ressortissants fuyant les affrontements en Centrafrique.
 

Le 1er janvier, un premier groupe de 259 Sénégalais a débarqué à Dakar. Le 3 janvier 314 personnes sont arrivées dans la capitale dans le cadre d'un rapatriement volontaire organisé par le gouvernement sénégalais, selon le ministère sénégalais des Affaires étrangères. "Des ressortissants guinéens, maliens et gambiens ont toutefois voyagé dans le vol spécial affrété par le gouvernement du Sénégal, pour porter secours à ses citoyens piégés par le conflit politico-religieux en Centrafrique", a rapporté l'Agence de presse sénégalaise APS, sans en préciser le nombre. La Centrafrique est plongée dans un engrenage de violences communautaires et interreligieuses depuis le renversement, en mars 2013, du président François Bozizé par une coalition hétéroclite à dominante musulmane, la Séléka. En moins d'un mois, un millier de personnes ont été tuées par balles ou à l'arme blanche. D'après l'ONU, près d'un million de personnes ont fui leurs foyers depuis fin mars 2013.

 

Moussa Diop
Mdiop789@gmail.com

 

Source : Le Quotidien de Nouakchott

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