Crimes d’esclavage : La Cour aura-t-elle les moyens de ses ambitions ?

Les crimes d'esclavage en Mauritanie seront désormais jugés par un tribunal spécial créé pour aider à éradiquer cette pratique, encore courante dans ce pays, selon des organisations de défense des droits de l’homme, alors que de l’avis des autorités, il n existe que ses séquelles, faisant l’objet de politiques socioéconomiques étatiques destinées à leur éradication.

Quelque soit la polémique nourrie sur la question, il n’en demeure pas moins que la nouvelle cour vient à point nommé pour mettre en œuvre la politique…

prônée par les autorités pour juger les maîtres esclavagistes, présentés comme étant toujours à l’abri des lois, jouissant de l’appui de puissants lobbys politico-économiques, toujours hostiles à l’entrée en vigueur des textes.

Si réellement le Conseil supérieur de la magistrature, cette instance présidée par le chef de l'Etat, Mohamed Ould Abdel Aziz, chargée notamment de l'organisation judiciaire, " tient fermement au succès du nouveau tribunal dans sa mission, elle doit doter immédiatement cette cour des moyens humains et matériels lui permettant de concrétiser ses ambitions, pour ne pas rejoindre les autres instances créées pour les mêmes besoins, mais demeurées depuis des coquilles vides.

A propos de la pratique de l'esclavage, notons qu’elle est considérée depuis une réforme de la Constitution adoptée en 2012, comme un crime en Mauritanie, jusqu'ici jugée par des tribunaux ordinaires.

La création de ce tribunal spécial pour les crimes d'esclavage intervient après la mise en place en mars d'une agence nationale chargée de financer des micro projets en faveur des anciens esclaves dite Tadamoun.

Il "ne manquait pas de juridiction pour juger ces crimes, mais plutôt la volonté politique d'appliquer les textes existant", a déclaré à la presse Biram Ould Dah, président de l'Initiative pour la résurgence de la lutte contre l'esclavage (Ira), organisation anti-esclavagiste, réagissant à la création de cette cour.

L'esclavage est un sujet particulièrement sensible en Mauritanie où des ONG anti-esclavagistes sont très actives, notamment SOS Esclaves et l'Ira, auxquelles la loi accorde le droit de dénoncer les esclavagistes et d'accompagner les victimes.

L'esclavage est officiellement interdit depuis 1981 en Mauritanie, mais cette pratique perdure néanmoins dans un pays composé de communautés diverses, dont les Maures et les Négro-mauritaniens. Depuis 2007, les personnes reconnues coupables d'esclavagisme encourent des peines pouvant aller jusqu'à dix ans de prison.

Amadou Diaara

Source  :  Le Rénovateur le 04/01/2014{jcomments on}

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