Le Niger, maillon-clé de la lutte française contre le terrorisme dans le Sahel

Les deux premiers drones Reaper, de fabrication américaine, ont été déployés par la France sur une base à Niamey. Paris intensifie sa coopération militaire avec les pays de la région.

 

 

Le drone, livré le 27 décembre 2013, vient tout juste d'être assemblé dans le hangar. A l'extérieur, une grande caisse blanche recèle un deuxième appareil. Ce mercredi 1er janvier, sur l'aéroport de Niamey, l'armée de l'air française peut exposer pour la première fois son nouvel appareil espion, un MQ-9 Reaper américain. Ce drone armable, pour l'heure réservé à la surveillance, sera opérationnel le 15 janvier.

Autour de lui, Paris installe dans la capitale du Niger un " maillon-clé " de son dispositif antiterroriste dans la bande sahélienne. " Ici, nous nous implantons désormais dans la durée ", a dévoilé le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, en visite dans plusieurs Etats de la région. La plateforme aéronautique française du Niger est appelée à se développer de façon significative dans les prochains mois.  Une pièce importante de la " régionalisation " de l'action militaire que Paris espère promouvoir au Sahel.

Le Niger du président Mahamadou Issoufou a déjà accueilli, au cours de l'année 2013, un détachement américain de deux Reaper qui demeurent consacrés, eux aussi, à la surveillance dans le cadre de la lutte antiterroriste. Hangars américain et français se jouxtent sur la plateforme de Niamey. Dans cette région, les deux armées travaillent de concert.

L'acquisition des drones de moyenne altitude décidée dans l'urgence début 2013 après des années d'atermoiements, est saluée par les opérationnels comme un pas décisif. Il s'agit de moyens très performants, capables de voler vite (260 km/h), longtemps (plus de 24 heures), en rapportant en temps réel des images d'une grande précision – un homme portant un fusil est visible depuis 8000 m d'altitude à 15 km de distance. Le constructeur, General Electric, a dépêché une équipe de 18 " contractors " pour le soutien technique aux Français.

L'achat, critiqué en France au nom de la souveraineté nationale, a nécessité une autorisation du Congrès américain. Celle-ci couvre l'achat de douze engins, à terme, le reste de l'escadrille devant être " francisé " pour voler sur d'autres théâtres. Les drones de Niamey sont livrés avec des capteurs américains – image, infrarouge et radar. Ils ne peuvent voler dans le ciel européen et sont appelés à rester dans la région sahélienne. Ces appareils, en appui des opérations militaires sur le terrain dans la région, serviront aussi au ciblage des frappes aériennes. D'ici à 2016, Paris veut les doter de moyens de détection électromagnétique.

Au-delà, la France a discrètement négocié l'extension de sa base à Niamey. Aujourd'hui, le Niger autorise un affichage prudent mais clair de ce partenariat. " Tout a changé depuis “Serval” au Mali, le contre-terrorisme mobilise tous les Etats de la région ", explique-t-on dans l'entourage de M. Le Drian.

La base, nommée Niau Sahel, va devenir, avec N'Djamena au Tchad, d'où sont coordonnées les opérations aériennes dans la région, une implantation stratégique pour Paris.

Outre les drones et un avion Altantique 2 (appareil de surveillance pouvant également porter des bombes), des chasseurs y seront bientôt déployés, ainsi que des ravitailleurs KC-135. Trois hangars flambant neufs, de nouvelles pistes, un dépôt de munitions, des bâtiments en dur pour les soldats, des parkings sont en construction. Le projet sera achevé avant la prochaine saison des pluies en juillet. Le site pourra accueillir 270 personnes.

La coopération franco-nigérienne doit aussi porter sur des équipements et de la formation. Paris n'a pas les moyens de se déployer davantage, mais prévoit d'aider l'armée nigérienne à investir quelques points d'appui dans l'extrême nord du pays, aux frontières de l'Algérie et de la Libye, une zone grise dans laquelle le passage de trafiquants et de djihadistes menace la sécurité du Niger.

 

Nathalie Guibert

Niamey Envoyée spéciale

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

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