Yaya Touré et son talent intrépide (Football / Côte d’Ivoire)
Reuters/Phil Noble
Yaya Touré avait le talent impatient. Trop bon pour s’éterniser dans les championnats ivoirien, belge, ukrainien ou grec, le footballeur originaire de Côte d'Ivoire fit souvent des choix de carrière curieux. Une précipitation qui le maintint éloigné des grands du football mondial jusqu’à sa signature au FC Barcelone en 2007. Alors que son aisance crevait l’écran, Yaya Touré se contenta longtemps d’une audience limitée.
Dès ses premiers pas dans le football, le natif de Yopougon, un quartier populaire d’Abidjan, trouva grâce aux yeux européens. Détecté par le formateur français Jean-Marc Guillou au sein du vivier de talents de l’ASSEC Mimosas, Yaya Touré est envoyé, en 2001, dans le club belge de Beveren pour y grossir son contingent ivoirien. A l’époque, l’équipe de la banlieue d'Anvers sert de tremplin européen aux jeunes pousses de l’Académie du Sol Béni que Jean-Marc Guillou a développée en partenariat avec l’ASSEC.
Commence alors son parcours cahoteux: deux ans en Ukraine, au Metalurg Donetsk, puis un an en Grèce à l’Olympiakos Le Pirée, avant un court passage par l’AS Monaco. Partout, il s’impose comme un leader technique et physique au centre du terrain. Logiquement, Yaya Touré finit aussi par se retrouver au centre de l’attention. Il est d’abord enrôlé par le FC Barcelone, qui domine alors le football mondial, puis rejoint Manchester City et sa «Dream Team» composée par le richissime Cheick Mansour bon-Zayed Al-Nahyan, premier ministre des Emirats Arabes Unis.
A City, Yaya Touré est au sommet de son art. Successivement, nommé joueur africain de l’année en 2011, 2012 et 2013, l’Ivoirien ne nourrit qu’un seul regret: ne pas avoir réussi à mener l'équipe nationale au succès en coupe d’Afrique des nations et en Coupe du monde. Mais à 30 ans, Yaya Touré n’a pas encore renoncé. La qualification des Eléphants pour le Mondial 2014 et son début de saison tonitruant en club (8 buts en 16 matchs) plaident pour lui. Il est le seul Africain en course pour le Ballon d'Or.
L'abnégation victorieuse d'Anthony Obame (Taekwendo / Gabon)
Reuters/Kim Kyung-Hoon
Le sourire ne voulait pas quitter le visage d’Anthony Obame en ce 20 juillet 2013. Après s’être si souvent cassé les dents sur le bronze et l’argent, le Gabonais pouvait enfin savourer sa médaille d’or. Sacré champion du monde de taekwendo en plus de 87 kg, Obame ne devait son succès qu’à son abnégation. Pourtant ses premiers mots sont allés à sa famille et au peuple gabonais.
«Je suis très content de cette performance. Ma mère était dans les tribunes et mon père me suivait aussi. C’est le meilleur cadeau que je pouvais offrir à ma famille et au pays», se réjouissait-il au micro de RFI.
Depuis son départ pour la France en 2005 son attachement pour sa terre natale semble avoir grandi. Profitant d’un accord entre les fédérations gabonaise et française de taekwendo, Obame a d’abord étudié le management du sport au Centre de ressources, d'expertise et de performance sportives (CREPS) de Toulouse avant de rejoindre l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep) de Paris.
«Mandy» s’y est entraîné avec ardeur pour gravir les échelons un à un: troisième du championnat du monde francophone puis troisième du championnat d’Afrique de Tripoli, il devient champion d’Afrique au Caire en 2011. Un succès qui lui permet de participer aux Jeux olympiques de Londres, où il brille en remportant la médaille d’argent, le premièr titre olympique de l’histoire du Gabon. Le 20 juillet 2013, il est enfin sacré champion du monde en terrassant l’Iranien Sajjad Mardani.
Daryl Impey, l'homme pressé (Cyclisme / Afrique du Sud)
Reuters/Eric Gaillard
Tout, pour Daryl Impey, est arrivé par accident. Son choix de faire du cyclisme d’abord:
«Pour le rugby, je n'étais pas assez grand. Pour le cricket, je n'étais pas assez talentueux», se souvient le Sud-Africain.
Puis sa renommée:
«On l'a remarqué quand il a eu son accident dans le Tour de Turquie», explique au Monde Shayne Bannan le manageur de l'équipe australienne, Orica-GreenEDGE, où il signe en 2012. Sur les bords de la mer Egée, Impey connaît, malgré la chute, son premier sacre en 2009.
C’est avec le maillot britannique de la Team Barloworld sur les épaules, qu’il fait ses premiers éclats en Turquie.
De retour au pays, il devient champion d’Afrique du Sud du contre la montre avant de changer à nouveau de continent. Avec les australiens de Orica-GreenEDGE, Impey peut enfin rouler avec les meilleurs. Après une nouvelle chute sur le Giro (tour d’Italie), il devient le premier africain à porter le maillot jaune sur la reine des courses: le tour de France.
En remportant la sixième étape de l’édition 2013, Daryl Impey devient une star en Afrique du Sud.
«Il paraît que c'est quelque chose d'énorme là-bas. Apparemment, les radios ont appelé cette journée le "Impey Yellow Friday" [le vendredi jaune d'Impey], et ont invité tout le monde à s'habiller en jaune. On m'a aussi dit que la chanson "Impi", de Johnny Clegg, passait en boucle», témoignait le coureur, après son accession à la première place du classement général. Dans un pays ou le cyclisme est un «sport du dimanche», une telle popularité est tout sauf accidentelle.
Stephen Kiprotich, l'ex-outsider devenu champion (Marathon / Ouganda)
Reuters/Phil Noble
Il est sorti de nulle part, pour balayer les lieux communs sur son sport et son pays. En l'espace de deux courses, Stephen Kiprotich, a mis en doute l'hégémonie des Kényans et des Ethiopiens sur le marathon, et a fait oublier Idi Amin Dada, et Joseph Kony les gloires funestes de l'Ouganda. Aux Jeux olympiques de Londres de 2012, il fait sensation en confisquant l'or aux favoris Wilson Kipsang et Abel Kirui pour devenir le deuxième Ougandais à remporter un titre olympique, après John Akii-Bua en 1972. Le jeune médaillé confirme son statut en 2013 en devenant champion du monde de marathon.
Né il y a 23 ans dans la région de Kapchorwa, tout près de la frontière kényane, ce benjamin d'une famille de sept enfants a longtemps vu ses ambitions sportives contrariées. Malade, puis concentré sur ses études, Kiprotich peut finalement partir pour s'entraîner dans la région d'Eldoret au Kenya à l'âge de 17 ans.
Dès 2011, Kiprotich impressionne en établissant le nouveau record du marathon de Enschede (Pays-Bas) et en devenant du même coup le coureur ougandais le plus rapide de tous les temps sur la distance. Après avoir raflé la troisième place du marathon de Tokyo, il s'élance à Londres avec un statut d'outsider, et surprend son monde en s'adjugeant l'or.
«Appeler la victoire de Stephen Kiprotich une surprise est un euphémisme, au même titre que qualifier la météo britannique du mois d'avril de mauvaise», plaisantait alors The Guardian.
En août, il brise la série de victoire des Kényans aux championnats du monde, en cours depuis 2005, en remportant le titre à Moscou aux termes d'une performance époustouflante. C'est la deuxième fois dans l'histoire du marathon qu'un athlète réalise le doublé aux Jeux olympiques et aux championnats du monde.
L'ascension inexorable de Carlos Morais (Basket-Ball / Angola)
Reuters/Mark Blinch
La fin de l'année ne fut pas aussi brillante que son début, mais Carlos Morais aura tout de même tutoyé les sommets en 2013. Depuis la signature de son premier contrat professionnel, il y a dix ans, le meneur de jeu angolais a remporté toutes les compétitions qui s'offraient à lui, de la Super coupe d'Angola (2006) en passant par le championnat (2006, 2007, 2011) et la coupe nationale (2007, 2010, 2013) à la Coupe d'Afrique des clubs champions (2006, 2007) et l'Afrobasket (2005, 2007, 2011, 2013). Une ascension inexorable couronnée par le titre de meilleur joueur du championnat d'Afrique en 2013.
Converti au Basket-Ball par son père à l'âge de 5 ans, Morais est détecté lors d'un tournoi de jeunes Africains par un scout américain de l'université de Kansas City, qui lui offre de continuer son apprentissage aux Etats-Unis. La guerre civile angolaise vient à peine de toucher à sa fin, mais la situation au pays demeure instable. Les vicissitudes angolaises et familiales le poussent à revenir.
Le 19 septembre 2013, au terme d'une saison pleine, Morais devient le premier Angolais à franchir l'Atlantique pour signer avec une franchise américaine, les Toronto Raptors. Il rejoint ainsi Desagna Diop (Charlotte Bobcats), Bismack Biyombo (Charlotte Bobcats) ou Luc Mbah a Moute (Minnesota Timberwolves) dans la meilleure ligue de basket-ball mondial.
Sur une liste de trois joueurs testés par le coach Dwane Casey, Morais joue sa place dans le groupe lors de l'entraînement d'avant-saison. Mais le 26 octobre, le meneur de jeu est écarté de l'effectif et se voit contraint, une fois encore, de rentrer en Angola. Une déception et une mauvaise nouvelle pour les clubs du continent africain qui risquent de croiser sa route en 2014.
Servan Le Janne
Source : SlateAfrique
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