Il était environ 12H40 (10h40 GMT) lorsque le cercueil a été descendu dans la modeste tombe familiale, à flanc de colline. Les caméras de télévision l'ont accompagné jusqu'au cimetière, avant de se détourner, conformément aux voeux de la famille, lors des derniers rites religieux et traditionnels.
Environ 450 invités triés sur le volet ont pu assister à l'inhumation de ce géant du XXe siècle.
Auparavant, à quelques centaines de mètres du carré familial, une dernière cérémonie à la fois solennelle et intime, en présence du cercueil, avait regroupé environ 4.500 personnes.
"Un extraordinaire voyage s'achève", a lancé le président Jacob Zuma, lors de cet hommage. "C'est la fin de 95 glorieuses années d'un combattant de la liberté, d'un serviteur humble et dévoué du peuple d'Afrique du Sud, d'un puits de sagesse, d'un pilier de force, d'une lumière d'espoir", a résumé le chef de l'Etat. "Tu resteras la lumière qui nous guidera".
Coups de canon, escorte militaire, hymnes religieux, chœurs d'enfants, 95 cierges: la cérémonie, digne et élégante, a réuni la pompe due à un homme d'Etat de sa stature et une sensation d'intimité, avec les hommages de proches et de parents.
Elle a ponctué dix jours de deuil national et une série de cérémonies en Afrique du Sud et dans le monde, dont un autre point fort avait été l'hommage, mardi dans un stade de Soweto, d'une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement, avec près de 60.000 spectateurs. Le président américain Barack Obama avait alors salué en Mandela un "géant de l'Histoire".
"Tu resteras la lumière qui nous guidera"
Dimanche, Jacob Zuma s'est adressé directement au défunt, "un homme si grand et cependant si humble", dont "l'élégance, le rire, l'amour et le leadership" manqueront à tous. "L'Afrique du Sud va continuer à grandir, parce que nous ne pouvons pas te décevoir".
"Ton long chemin vers la liberté s'est achevé (…) Mais notre propre voyage continue (…) Tu resteras la lumière qui nous guidera sur le long chemin pour construire l'Afrique du Sud de tes rêves".
Son vieil ami et camarade de détention à Robben Island, Ahmed Kathrada, avait auparavant prononcé un adieu émouvant au héros de la lutte anti-apartheid, qu'il considérait comme son "grand frère". "J'avais vu à l'hôpital un homme impuissant et réduit à l'ombre de lui-même et l'inévitable s'est produit", a-t-il raconté d'une voix chevrotante. "Adieu mon frère, mon mentor, mon leader. Ma vie est face à un vide et je ne sais plus vers qui me tourner."
L'une des petites-filles du défunt, Nandi Mandela, a détendu l'atmosphère en revenant sur les qualités de conteur de son "Tatamkhulu" (grand-père). "Il préférait les histoires qui lui permettaient de se moquer de lui-même", a-t-elle rappelé, mais il était "aussi un grand-père strict, attaché à la discipline, qui nous préparait à la vie."
"Tu vas nous manquer Tatamkhulu. Ta voix sévère quand tu n'étais pas content de nous va nous manquer. Ton rire va nous manquer…"
Même les dirigeants africains appelés au pupitre sont sortis des hommages convenus, la présidente du Malawi Joyce Banda évoquant notamment la manière dont "tout le monde tombait amoureux de Mandela", sous les applaudissements de l'assemblée.
Quelques dignitaires étrangers, le prince Charles, les anciens Premiers ministres français Lionel Jospin et Alain Juppé, l'entrepreneur britannique Richard Branson, s'étaient glissés dans l'assemblée, où les Sud-Africains dominaient nettement. Remarqués aussi, Oprah Winfrey, les acteurs Forest Whitaker et Idris Elba, qui incarna Mandela dans le récent film tiré de sa vie.
Miracle sud-africain
A l'issue de cette cérémonie, le cercueil recouvert du drapeau sud-africain a été conduit vers le petit cimetière familial des Mandela, sous un soleil voilé éclairant les paysages venteux du Transkei. Les honneurs militaires ont été rendus une dernière fois. Des avions de chasse ont survolé le village alors que trois hélicoptères de l'armée déployaient des drapeaux sud-africains dans le ciel.
Ensuite, la famille avait souhaité que la retransmission télévisée s'arrête.
Des chefs du clan Thembu, une branche de l'ethnie xhosa, devaient diriger des rites traditionnels. Un bœuf devait notamment être sacrifié pour contenter les esprits des ancêtres et assurer qu'ils réservent un bon accueil au père de la Nation arc-en-ciel.
Nelson Mandela était déjà entré dans l'histoire de son vivant, comme le père du "miracle sud-africain", l'homme qui avait négocié avec le pouvoir blanc la fin du régime raciste de l'apartheid, en évitant la guerre civile que beaucoup pensaient inévitable.
Ferme négociateur, il a aussi été un grand artisan de la réconciliation raciale et a toujours prôné le pardon pour les crimes du passé.
L'amour des Sud-Africains pour leur plus grand homme s'est manifesté de mercredi à vendredi quand 100.000 personnes sont venues s'incliner sur sa dépouille exposée dans un cercueil semi-ouvert à la présidence, à Pretoria. Souvent effondrés, ses compatriotes ont pu jeter un dernier regard sur le visage de leur icône, les traits figés pour l'éternité. En y décelant, qui sait, un sourire apaisé.
"Je ne doute pas un seul instant que lorsque j'entrerai dans l'éternité, j'aurai le sourire aux lèvres", écrivait Mandela en 1997.
Source : AFP via El Watan le 15/12/2013{jcomments on}
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