Jacob Zuma hué, stade à moitié vide, dirigeants indisciplinés… On ne compte plus les couacs qui, aux yeux de la presse sud-africaine et anglo-saxonne, ont terni la cérémonie d'hommage rendue à Nelson Mandela, mardi 10 décembre, à Soweto.
Dernier impair en date : l’interprète chargé de traduire en langage des signes les discours des chefs d’État était un usurpateur. C’est la Fédération des sourds-muets d’Afrique du Sud qui a alerté l’agence Associated Press de la mascarade. Selon l’organisation, l’homme qui a été vu dans le monde entier en train d’agiter ses mains aux côtés de Barack Obama faisait en fait n’importe quoi. "Ses mouvements n’avaient aucun sens", indique Bruno Druchen, le directeur de la fédération. L’identité du faux interprète reste pour l’heure indéterminée…
"Humiliation"
Une boulette qui s’ajoute au chapelet d'incidents que les journaux sud-africains ont commencé, non sans un certain agacement, à égrener mercredi matin. Parmi les faits le plus regrettables, selon la presse locale : les huées qui ont accompagné la prise de parole du dirigeant sud-africain Jacob Zuma. "Huer un président en exercice, hôte de plusieurs chefs d'État en une telle occasion était une insulte à Mandela", vitupère le "Sowetan".
"Ce qui devait être un moment de gloire pour le président Jacob Zuma, en présence des dirigeants du monde entier comme le président américain Barack Obama, a tourné à l'humiliation et au spectacle embarrassant", juge de son côté "The Star". Versant davantage dans les considérations politiques, le quotidien économique "Business Day" constate que "l'accueil hostile réservé à Zuma contrastait fortement avec celui chaleureux offert à son prédécesseur Thabo Mbeki, et l'immense ovation pour le président américain Barack Obama, le président zimbabwéen Robert Mugabe et même le dernier président de l'apartheid, Frederik de Klerk". Plus ironique, le journal "Times" consacre sa une à la "Rain Boo Nation" ("Un pays de pluie et de huées"), en référence à la "Rainbow Nation" ("la nation arc-en-ciel") si chère à Nelson Mandela.
"Le jour où l’Afrique du Sud a oublié son peuple"
La pluie justement. Si les trombes d’eau qui se sont abattues sur le FNB stadium de Soweto ont gâché l’hommage, elles ne sauraient expliquer à elles seules le grand nombre de sièges vides durant la commémoration. "Beaucoup de Sud-Africains ne se reconnaissent pas complètement dans cette cérémonie, dont le programme était jugé très politique et très diplomatique", rapporte Caroline Dumay, correspondante de FRANCE 24 à Johannesburg.
"Le jour où l’Afrique du Sud a oublié son peuple", titre ainsi le "Mail and Guardian", l’un des quotidiens de référence dans le pays. Une sévère remontrance qui "reflète ce que beaucoup de gens pensent ici, note Caroline Dumay. On les a empêchés de chanter, de danser. Or, on chante et on danse pour commémorer les morts. Cela fait partie de la culture. Beaucoup font remarquer que si la fête a été réussie pour le reste du monde, elle ne l’a pas été pour l’Afrique du Sud."
"No Selfie, Respect"
Du côté de la presse tabloïd anglo-saxonne, on s’indigne du comportement quelque peu irrévérencieux de Barack Obama durant les célébrations. Certains titres se disent en effet choqués par ce moment immortalisé par un photographe de l'AFP où l’on voit le locataire de la Maison Blanche, le Premier ministre britannique David Cameron et son homologue danoise Helle Thorning-Schmidt en train de se livrer à l’exercice en vogue du "selfie" (auto-portrait photographique). Ce court instant de complicité a été largement relayé sur Internet avant de faire la une de certains journaux mardi. "No Selfie, Respect", s’indigne ainsi la une de "The Sun".
Une dérisoire polémique qui ne fait pas oublier que le moment le plus plébiscité par les Sud-Africains semble avoir été le discours du premier président noir des États-Unis. “Barack Obama a su résumer tout le respect que Nelson Mandela inspire dans le monde“, écrit le “Sowetan“.
Source : France24
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