Le vote unanime des 15 membres du Conseil a lieu alors que des violences meurtrières ont éclaté dans la capitale Bangui, placée sous couvre-feu et où 250 soldats français se sont déployés.
Lire : République centrafricaine : le bilan s'alourdit à Bangui, des militaires français déployés
L'adoption de la résolution, placée sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies autorisant un recours à la force, donne mandat à la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca) de se déployer « pour une période de douze mois », avec une clause de révision à six mois.
Le texte autorise aussi les forces françaises en RCA « à prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca dans l'accomplissement de son mandat ».
MILLE DEUX CENTS SOLDATS FRANÇAIS DÉPLOYÉS
La Misca doit compter jusqu'à 3 600 hommes, mais n'a pu en rassembler, pour l'instant, que 2 500, venus du Tchad, du Gabon ou du Cameroun. Le contingent français, lui, va passer de 450 à 1 200 hommes.
Le texte, qui devrait recueillir l'unanimité lors du vote, demande au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, de présenter dans trois mois, « au plus tard », ses recommandations quant à la « transformation éventuelle » de la Misca en opération de maintien de la paix de l'ONU. Dans les faits, les Nations unies n'ont pas attendu le feu vert de leur organe exécutif pour plancher sur un concept d'opération.
Cette résolution est le fruit d'efforts répétés de la France depuis juin pour tenter de mobiliser ses partenaires du Conseil de sécurité. « Nous sommes bien seuls sur le dossier centrafricain », avait déploré à plusieurs reprises durant l'été l'ambassadeur de France, Gérard Araud, alors que l'ancienne colonie française plongeait dans le chaos, entraînant ses 4,6 millions d'habitants dans une crise humanitaire sans précédent.
« MISSION IMPOSSIBLE »
Six mois de cris d'alarme et d'intenses négociations plus tard, Paris a eu raison du peu d'appétence du Conseil en faveur d'une action en République centrafricaine. Non seulement la résolution dote la Misca d'un mandat de protection des civils et de stabilisation du pays, mais elle prévoit aussi la création d'un fonds fiduciaire pour financer ses activités et instaure une commission d'enquête sur les droits de l'homme.
Le document de 18 pages, qui envisage également un embargo sur les armes et des sanctions ciblées contre les responsables d'exactions, a été plusieurs fois amendé à la demande des Etats-Unis. En tant que premiers contributeurs au budget de l'ONU (22 %), les Américains refusaient tout engagement coûteux. D'où leur résistance à l'idée de déployer de 6 000 à 9 000 casques bleus sur le terrain, défendue par Ban Ki-moon dans son dernier rapport.
La tâche de la Misca est déjà qualifiée de « mission impossible » par des diplomates, pour plusieurs raisons : la faiblesse des effectifs, le manque d'équipements et de financements, et la composante civile restreinte de la mission.
Les Américains s'étant opposés à une mission hybride du type de la Mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom) – panafricaine, mais financée par l'ONU et l'Union européenne –, seules des contributions volontaires alimenteront le fonds finançant la Misca. « C'est l'échec assuré », avance un expert, qui cite les 37 millions de dollars (27 millions d'euros) versés au fonds fiduciaire créé pour soutenir la force panafricaine au Mali, quand les donateurs en avaient promis 454. L'exemple malien servira de leçon. « Nous allons gérer le dossier RCA avec prudence », assure un diplomate.
Alexandra Geneste (New York, Nations unies, correspondante)
Journaliste au Monde
Source : Le Monde
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com