Elections. Communiqué de la COD

Des résultats partiels, significativement parlants, viennent d’être publiés pour le premier tour des élections législatives et municipales. De ces résultats on peut, d’ores et déjà, faire les constatations suivantes :

• La compétition électorale était marquée par l’implication flagrante de tous les rouages de l’Etat au seul bénéfice du principal parti du pouvoir et des partis satellites destinés a servir de réceptacles pour les mécontents des investitures de l’UPR. Des généraux de l’armée, des ministres, des directeurs généraux de sociétés d’Etat, des responsables centraux de l’administration, des hommes d’affaires, tous, ont fait campagne, valises de billets en mains, pour faire élire les candidats du pouvoir.

• Le déroulement de ces élections a confirmé toutes les appréhensions de la Coordination de l’Opposition Démocratique : L’opération d’enrôlement n’a, jusqu’à ce jour, pas été achevée. Le recensement à caractère électoral ne pouvait par conséquent pas toucher toute la population en âge de voter. Seuls 1,2 Millions ont été enregistrés par ce recensement sur un potentiel de 1,9 Millions enrôlés. Aucune garantie de transparence n’a existé. La CENI s’est avérée assujettie au pouvoir. Elle a fait preuve d’une incompétence tragique tant dans la préparation et l’organisation des élections que dans le traitement des données issues des urnes. Le recrutement et la formation du personnel de la CENI ont mis en relief d’innombrables insuffisances et lacunes. Le matériel électoral était, par endroits, incomplet. De nombreuses irrégularités, preuves flagrantes à l’appui, ont été stigmatisées par les listes candidates crédibles. Les représentants des candidats n’ont pu obtenir copie des Procès Verbaux de dépouillement des bureaux de vote. La pagaille qui a caractérisé la publication des résultats partiels avec des va et vient contradictoires, ajoutés aux anomalies constatées, a semé le trouble dans les esprits et provoqué des contestations et des protestations parfois violentes. Tous les participants s’accordent à qualifier ces élections de véritable mascarade.

Les résultats que peut générer ce type d’élections sont, pour l’essentiel, fixés à l’avance. Sur les 147 députés de la future Assemblée Nationale, l’opposition participationniste pourrait en obtenir, environ, 25% seulement, en recul par rapport à son poids dans le parlement précédent.

De plus, et sur un autre plan, les résultats de ces élections reflètent parfaitement la marque politique qui les a caractérisés. Les partis politiques porteurs de projets et de discours ont été noyés par des partis réceptacles, surgis de nulle part, pour garantir une majorité parlementaire au pouvoir en place. Le tribalisme a été mis a contribution, au-delà de toutes les limites du raisonnable, et ce, à des fins étroitement électoralistes. Les rivalités tribales ont, par conséquent, prévalu sur la bataille des idées et des projets. Au final on se retrouvera en présence d’une Assemblée Nationale en recul sur le plan de sa représentativité politique et sur la capacité à traiter et à débattre des problèmes du pays avec les compétences requises à cet effet. Autre conséquence plus préoccupante, au lieu de se traduire par des avancées significatives dans les domaines de la consolidation de l’unité nationale et de la cohésion sociale, la composition du futur parlement accentuera les déséquilibres et exacerbera les dissensions de notre corps social.

De ces résultats et de leurs conséquences la Coordination de l’Opposition Démocratique tire les conclusions suivantes :

• Le déroulement des élections du 23 novembre et leurs résultats sont venus confirmer la pertinence de la décision prise par la COD de les boycotter. La Cod continue d’affirmer qu’il est impossible d’organiser des élections crédibles et transparentes sous la supervision d’un pouvoir autocratique et partisan.

• Ces élections n’apportent aucune solution à la crise politique que traverse le pays. Bien au contraire, cette crise ira en s’aggravant à cause de l’avènement d’une Assemblée Nationale contestée et donc illégitime d’une part et d’une représentativité parlementaire en net recul tant du point de vue qualitatif au plan politique que du point de vue de la réalisation des objectifs nationaux en matière d’émancipation sociale et d’unité nationale. Les contestations ajoutées aux déséquilibres dans la représentativité constituent des menaces graves pour la stabilité et la sérénité du pays.

 

 

 

Partant de ces constats et de ces conclusions, la Coordination de l’Opposition Démocratique

• Considère que ces élections sont nulles ;

• Demande leur annulation pure et simple ;

• Appelle l’ensemble des acteurs politique du pays à œuvrer pour discuter et arrêter des conditions consensuelles permettant de sortir le pays de l’impasse politique actuelle.

Nouakchott, le 02 Décembre 2013

Le Conseil des Présidents{jcomments on}

(Reçu à Kassataya le 03/12/2013)

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