Il a conduit pacifiquement son pays de la cruauté de l'apartheid à la gloire d'une démocratie multiraciale.
Un individu a-t-il déjà donné plus à une nation et à une cause? Seulement ceux qui ont sacrifié leurs propres vies.
M. Mandela aurait facilement pu passer ces 26 ans d'incarcération à l'étranger, protestant contre ce mal, mais de loin, bien à l'abri des conséquences. Mais ce n'est pas son genre. Si son peuple souffrait, alors il souffrirait avec lui.
Protester, j'en sais quelque chose. Je connais bien les sentiments et les questions qui viennent à l'esprit de ceux qui se dressent contre un système, bravant tout au nom d'une cause. Ce n'est jamais facile. Le prix à payer est élevé mais ce sont les meilleurs qui persévèrent pour le plus grand bien de tous. L'Afrique du sud contemporaine s'est construite sur le sacrifice personnel de M. Mandela. Encore aujourd'hui cela me surprend toujours de me dire qu'un homme a pu sacrifier 25 ans de sa vie, sortir de prison et pardonner à ses geôliers.
Le mot zoulou "ndugu" est le meilleur pour le décrire: mon humanité réside en vous. M. Mandela a été capable, malgré toutes les horreurs qu'on lui a infligées, de voir l'humanité dans ceux qui le punissaient. Il a su regarder au fond de leurs âmes et voir ce qui méritait d'être sauvé. C'est une leçon que le monde devrait retenir: l'humanité existe, même dans ce que nous avons de pire. Si seulement les leaders des nations adoptait cette façon de voir, la paix règnerait sur le monde. Mandal a prouvé qu'il était toujours possible de réconcilier nos différences.
Alors que M. Mandela marchait vers la liberté, j'ai repensé à lui dans sa cellule, courageux, fier, et inébranlable, nourri toutes ces années du seul pouvoir de ses espoirs. Sa détermination inflexible a inspiré toute cette nation, et un grand jour, les Africains du Sud ont suivi ce flambeau puissant les guidant hors de l'esclavage.
Plus tard, j'ai été stupéfait d'apprendre que M. Mandela avait l'habitude d'écouter mes combats quand il était prisonnier sur Robben Island. Cette révélation m'a ému jusqu'aux larmes. Mes exploits sur le ring remontaient le moral de ce roi en exil. Si j'avais su qu'il écoutait le match entre moi et Frazier I, j'aurais probablement battu Joe cette nuit-là. J'ai toujours été le meilleur quand je me battais pour quelque chose.
M. Mandela est considéré comme un chef dans sa tribu ; son nom de famille est Mandiba. Mais il représente une tribu bien plus grande. Il est le chef de la tribu du courage et de la morale pour toute l'humanité. Il n'existe pas aujourd'hui de leader dans le monde plus important et plus digne d'inspiration.
Dans cent ans, on citera son nom, et quelque part, un enfant s'inspirera de son esprit pour accomplir de grandes choses. C'est son héritage, un chemin éclairé pour les générations à venir. Est-il possible de laisser quelque chose d'encore plus grand derrière soi?
Pour de bonnes raisons, M. Mandela est aussi appelé Tata, père. Il est en effet le père de la nation. Mais parce qu'il a vécu sa vie au service des autres, qu'il a combattu pour la liberté, qu'il représente le sacrifice personnel, c'est aussi le père de toutes les nations – Tata pour le monde.
Je salue le plus grand des hommes et je me sens honoré et béni d'avoir vécu au temps de Mandela.
Muhammad Ali
Triple champion du monde poids lourds
Ce post fait partie d'une série marquant la sortie en salles aux Etats-Unis de Mandela: un long chemin vers la liberté, un nouveau film avec Idris Elba, basé sur l'autobiographie éponyme du Président d'Afrique du Sud, Nelson Mandela.
Voir tous les hommages sur aol.com/mandela et apprenez-en plus sur le film.
Source : Le HuffPost
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