Files d’attentes, scrutin complexe: en Mauritanie, voter prend du temps

"J'ai pris tout mon temps pour découvrir le sigle de mon parti, mais c'était difficile", reconnaît Lalla, une sexagénaire fière d'avoir enfin réussi à voter samedi à Nouakchott aux premières législatives et municipales organisées en Mauritanie depuis 2006.

 

Le vote est parfois compliqué pour des électeurs en partie analphabètes: il faut qu'ils retrouvent le sigle de leur parti sur quatre bulletins de vote, un pour les municipales et trois pour les législatives, un national, un régional et un pour les femmes, à qui 20 sièges sur 146 ont été réservés dans la nouvelle Assemblée nationale.

Dans un bureau de vote situé dans l'école des pompiers de la capitale, Lalla a préféré être accompagnée par une autre femme pour accomplir son devoir. "L'isoloir est obscur pour mon âge, ce n'était pas évident", dit-elle.

Devant ce centre de vote, quatre longues files d'attente sont surveillées par des militaires qui organisent les entrées dans les bureaux: hommes et femmes entrent à tour de rôle, suivant leur ordre d'arrivée.

En essuyant l'encre indélébile dans laquelle elle a trempé son doigt après son choix, Lalla raconte avec fierté qu'elle est venue "au petit matin" et qu'après beaucoup de patience, elle a enfin pu voter.

Les responsables de plusieurs bureaux de vote ont eux-mêmes réalisé la complexité et la lenteur du déroulement des opérations électorales et ont pris l'initiative de doubler ou tripler le nombre d'isoloirs dans leur bureau.

"C'était très lent au départ, mais nous avons essayé d'accélérer le vote en mettant un second isoloir", affirme un président de bureau en désignant deux rideaux placés aux coins d'une salle de classe.

Propagande discrète près des bureaux

Près de la porte d'entrée de l'école des pompiers, des bénévoles ont dressé une tente et installé un logiciel permettant à de nombreuses personnes qui n'ont pas retiré leur carte à temps de trouver leur numéro d'électeur et de pouvoir ainsi voter. Ils peuvent aussi retirer leur carte dans les bureaux où elles ont été déposées.

Aux alentours de l'école, des militants de tous bords interpellent discrètement les électeurs pour vanter les mérites de leur parti, ce qui est interdit par la loi, la campagne électorale ayant pris fin jeudi soir.

"Je sais qu'il est interdit de faire de la propagande près du bureau de vote en ce jour d'élections, mais tout le monde le fait", affirme Rabia, une militante d'opposition, en réponse à la remarque d'un journaliste. Et de montrer du doigt des militantes d'autres partis qui font elles aussi de la propagande.

Rabia, qui a voté tôt le matin, affirme qu'elle a également le devoir de sensibiliser les électeurs qui, face à la lenteur du vote, pourraient être tentés de s'en aller avant d'avoir mis leurs bulletins dans l'urne.

Le vote, qui a débuté à 07H00 (locale et GMT), se termine à 19H00, mais la loi permet à ceux qui attendent encore de pouvoir voter de le faire après l'heure limite.

Après avoir voté à Nouakchott, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a estimé que ces élections constituent "une victoire pour la démocratie dans mon pays".

Il a regretté le boycott décidé par une partie de l'opposition, affirmant avoir "fait l'effort nécessaire pour que tout le monde puisse participer à ces élections", et assuré que la porte du dialogue restait ouverte.

Ces élections doivent permettre le renouvellemnt des 146 sièges de l'Assemblée nationale et les conseils municipaux de 218 communes du pays.

Le parti présidentiel part grand favori. Les deux enjeux majeurs seront le taux de participation et le score du parti islamiste Tewassoul, légalisé en 2007, pour qui ce sont les premières élections.

 

Source : Mauriweb.info

 

www.kassataya.com

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