Une Malaisienne de 69 ans, une Irlandaise de 57 ans et une Britannique de 30 ans, qui est probablement née dans la maison, étaient captives, à la merci de deux " chefs de famille ", un homme et une femme de 67 ans.
" Nous avons vu des cas où des gens étaient détenus pendant dix ans, mais jamais rien de cette magnitude ", témoigne l'inspecteur Kevin Hyland, de l'unité de police contre le trafic humain. Selon lui, les trois femmes, " profondément traumatisées ", vivaient pratiquement en permanence à l'intérieur de la maison, ayant seulement le droit à de brèves plages de liberté, surveillées de près.
Comment n'ont-elles pas pu s'échapper en trois décennies ? " Nous essayons de comprendre. Dans les cas de trafic humain et de travail forcé, il y a souvent un véritable contrôle psychologique – des victimes par leurs tortionnaires – ", explique Kevin Hyland.
Dans leur cas, les trois femmes ont pu s'échapper grâce à la diffusion d'un documentaire sur l'esclavage moderne le mois dernier. L'association Freedom Charity, qui travaille contre les mariages forcés, y témoignait. L'une des captives s'est alors décidée à appeler la ligne d'urgence. " Nous avons commencé à avoir des discussions avec elles, quand elles le pouvaient. Il fallait que ce soit arrangé à l'avance. Elles nous donnaient une heure précise quand elles pouvaient nous parler ", raconte Aneeta Prem, la directrice de l'association. Le 25 octobre, les trois femmes ont été libérées par la police. Mais ce n'est que jeudi 21 novembre, tôt dans la matinée, que les deux tortionnaires ont été arrêtés et que l'affaire a été révélée.
Selon le nouvel Indice mondial de l'esclavage, il existerait entre 4 200 et 4 600 personnes en esclavage au Royaume-Uni. C'est environ deux fois moins qu'en France et en Allemagne.
Eric Albert (Londres, correspondance)
Source : Le Monde