Campagne électorale : Escarmouches entre participants et boycottistes !

La campagne électorale a été lancée vendredi dernier à Nouakchott dans une ambiance de fête pour les partis participationnistes à ces échéances, avec comme chef de file deux partis favoris, en l’occurrence l’UPR et Tawassoul.

 

Côté opposition, les boycottistes organisent des activités pacifiques parallèles pour exprimer leur rejet de ces élections unilatérales, s’exposant parfois à des contre-offensives politiques et sécuritaires pour contrer leurs agissements jugés provocateurs par les autorités et sources de troubles pour la bonne organisation de ces consultations.

Quelque 1,2 million d'électeurs sont appelés aux urnes pour ces élections ouvertes en grande pompe vendredi dernier à 00h. Les états-majors des principaux partis politiques en lice, à savoir le parti au pouvoir l’UPR et Tawassoul, talonnés de près par l’APP et El Wiam, étaient en effervescence dès l'heure officielle d'ouverture de la campagne.

La nuit a été marquée par des concerts, des défilés motorisés au coup de klaxons ou de la musique diffusée à plein volume parfois par des airs de fête dramatiques comme c’est le cas de Tawaz où un militant a perdu une main suite à son lancement de feux d’artifices .

La plus grande animation a été notée au siège de l'Union pour la République (UPR). Plusieurs troupes d'artistes et des poètes s'étaient rendus à ce QG de la campagne électorale du parti au pouvoir où la veillée avait duré toute la nuit.

Le chef du parti, Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine, a appelé ses militants à se mobiliser pour donner à l'UPR une "majorité confortable" qui permettrait au président Mohamed Ould Abdel Aziz de "parachever son programme et à la démocratie mauritanienne de s'accomplir pour le bonheur de tous".

M. Ould Mohamed Lemine a regretté le boycott de ces élections par dix des onze partis formant la Coordination de l'opposition démocratique (COD), estimant que leur décision "n'est pas justifiée eu égard aux réformes politiques et électorales accomplies".

Même cérémonial du côté du parti d’obédience islamiste qui pourrait capitaliser le boycott de l’opposition de ces échéances pour s’imposer comme la seconde force politique du pays après le parti au pouvoir dans le prochain paysage parlementaire et municipal.

C’est d’autant vrai que l’UPR, miné par certains choix contestés de certains de candidats n’arrive pas facilement à créer la cohésion autour de ses prétendants.

D’ailleurs, la lutte s’avère très tendue entre ces forces, puisque des sources parlent de l’agression faite au Hodh El Gharb par un « uperiste » sur la personne d’un candidat de Tawassoul, ayant causé des blessures.

Il n’en demeure pa moins que le parti islamiste est très optimiste pour ces échéances. En effet, comme l’indique clairement son porte-parole Mohamed Ould Mbareck, le parti participe à ces élections pour préserver les acquis de l’opposition, précisant que la COD, minoritaire dans l’actuel Parlement, peut changer la donne en dominant à l’Assemblée nationale grâce à son discours franc et à ses dénonciations des failles du régime. Pour ces calculs politiques, le parti Tawassoul compte sur ses militants en premier mais également sur les autres électeurs des partis de la COD, qui seraient plus tentés de voter en sa faveur que pour l’UPR.

Côté opposants, des activités pacifiques sont menées par les militants de la COD pour signifier leur refus de ces élections, organisées selon eux de façon unilatérale. Des banderoles et des voitures sur lesquelles sont inscrites les mentions « moughatiounes » (boycttistes ) sont visibles dans cette campagne électorale, particulièrement dans les environs de la Ceni et de ses coordinations départementales ou encore devant les sièges des partis de l’UPR et de Tawassoul.

Des élans de contestations qui suscitent de temps en temps des escarmouches entre les autorités et des manifestants conduisant à la saisie de leurs véhicules sinon à leurs interpellations.

Non loin de cette agitation, notons que de l’avis du leader de l’UFP Dr Mohamed Ould Maouloud, le boycott des dix partis de la COD retire aux élections une grande partie de leur crédibilité et constituera par conséquent une réussite pour la COD.

Pour lui, l'actuelle crise politique s’explique par le non application de l’Accord de Dakar en 2009 entre le pouvoir et l’opposition, reprochant à la communauté internationale son manque de suivi de l’accord, soulignant que la COD a rappelé à la Communauté internationale dont les Nations Unies, l'Union européenne et l'Union Africaine le devoir d'assumer leur responsabilité d’éviter a la Mauritanie de sombrer dans l'instabilité.

Face à cette crise politique mauritano-mauritanienne, l’Occident préfère jusqu’au moment ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures du pays, quoique favorable à la tenue des élections au plus vite pour ramener la normalité démocratique, il n’a cessé de lancer des appels aux différends protagonistes de dépasser leurs divergences pour bâtir de concert la Mauritanie de demain. Un appel toujours non entendu qui rend la gauche et la droite mauritaniennes seules responsables des conséquences de leur politique de blocage.

 

Md O Md Lemine

 

Source :  Le Rénovateur Quotidien

www.kassataya.com

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