“Chaque année, sur le total annuel de 7,3 millions de mères adolescentes, 2 millions de filles ont moins de 15 ans, chiffre qui, si les tendances actuelles se maintiennent, pourrait atteindre les 3 millions par an en 2030”, affirme l’UNFPA, en qualifiant ce phénomène de "problème mondial aux proportions immenses".
"Trop souvent, la société rejette tout le blâme de la grossesse sur l'adolescente, alors que la plupart du temps, cette grossesse n'est pas le résultat d'un choix délibéré mais au contraire d'une absence de choix et de circonstances indépendantes de sa volonté", affirme le directeur exécutif de l'UNFPA, Babatunde Osotimehin.
Il s'agit de la conséquence d'un manque ou d'une absence totale d'accès à l'éducation, à l'emploi et aux informations et aux soins de santé de qualité, ajoute-t-il.
Les pays en développement, les plus touchés
Dans les pays en développement, 20.000 filles de moins de 18 ans mettent un enfant au monde, chaque jour. “9 de ces enfants sur 10 naissent au sein d’un mariage ou d’une union”, affirme l’organisation dans son rapport.
Environ 19 % des jeunes femmes des pays en développement tombent enceintes avant l’âge de 18 ans. 95 % des enfants de mères adolescentes naissent dans les pays en développement.
Maghreb: les taux de natalité chez les adolescentes de 15 à 19 ans entre 2006 et 2010:
Algérie: 0.4%
Libye: 0.4 %
Maroc: 1.8%
Mauritanie: 8.8%
Tunisie: 0.6%
Les taux de mortalité des moins de 5 ans, pour 100 naissances vivantes, entre 2010 et 2015:
Algérie: 3.2 %
Maroc: 3.2 %
Mauritanie: 10.7 %
Libye: 1.6%
Tunisie: 1.7%
Les causes de cette mortalité prématurée sont, selon le rapport du Fonds des Nations Unies pour la Population, le manque d’accès à l’éducation, l’inégalité des sexes, l’accès limité à la contraception et à l’éducation sexuelle, la pauvreté, les violences et contraintes sexuelles.
Impact économique
Outre les conséquences sur la santé, l'UNFPA souligne que ces grossesses précoces ont un impact économique important.
"Quand une fille a le pouvoir de retarder les grossesses, elle peut être habilitée socialement, et poursuivre ses études, puis économiquement, et trouver un emploi plus lucratif ou envisager d’autres options de génération de revenus", dit le rapport en citant une étude de la Banque mondiale.
"Les investissements qui autonomisent les filles sont bénéfiques pour l’économie et, inversement, les coûts de l’absence d’investissements dans les filles sont élevés".
"Si les plus de 220.000 mères adolescentes du Kenya avaient été employées au lieu d'avoir enfanté, le revenu brut du pays aurait pu augmenter de 3,4 milliards de dollars par an, soit le revenu de tout le secteur du bâtiment", affirme ainsi le rapport.
Au Brésil et en Inde, si elles avaient pu attendre la vingtaine pour avoir des enfants, "la productivité accrue de ces deux pays aurait ajouté respectivement plus de 3,5 milliards de dollars et de 7,7 milliards de dollars à l'économie nationale".
L'UNFPA appelle notamment à augmenter les taux de scolarisation, à mettre fin aux mariages d'enfants et à promouvoir la promotion de l'égalité entre les sexes.
Source : Al Huffington Post Maghreb