"Ni l'un ni l'autre n'ont présenté la documentation nécessaire ce matin pour éviter de perdre le droit de vote", a précisé une source de l'Unesco.
Washington ne s'est pas acquitté de sa cotisation en 2011, 2012 et 2013. "Les Etats qui n'avaient pas réglé leur cotisation avaient jusqu'à 10 heures aujourd'hui pour présenter une justification de non-paiement et un plan de paiement des arriérés, a-t-on précisé à l'Unesco, dont l'Assemblée générale se tient à Paris. A 10 heures, rien n'a été reçu de la part des Etats-Unis."
Cette procédure automatique a lieu au moment où les Etats-Unis tentent de sauver les négociations de paix israélo-palestiniennes qui se déroulent dans un climat tendu depuis l'annonce de la relance de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.
PARALYSIE BUDGÉTAIRE
L'Unesco est devenue en octobre 2011 la première agence des Nations unies à accueillir la Palestine en tant que membre à part entière, une adhésion qui a suscité une vague d'espoir dans le monde arabe, qui y a vu un pas de plus vers une reconnaissance en tant qu'Etat à l'Organisation des Nations unies (ONU).
Mais l'adhésion de la Palestine a entraîné la suspension des financements américains, Washington mettant en avant la législation américaine en vigueur depuis les années 1990. Cette dernière interdit tout financement d'une agence de l'ONU qui admet en son sein des groupes ou des organisations ne possédant pas "tous les attributs internationalement reconnus d'un Etat".
La perte du droit de vote américain porte un nouveau coup à l'organisation internationale, dont près d'un quart du budget venait des Etats-Unis. L'an dernier, Irina Bokova, sa directrice générale, avait déclaré que l'Unesco se trouvait paralysée en raison du gel de la contribution américaine qui a contraint l'Unesco à stopper des embauches, annuler des projets et réduire ses dépenses.
La perte du vote américain constitue le dernier accroc en date dans les relations mouvementées entre l'agence onusienne et Washington. En 1984, l'administration Reagan avait décidé de quitter l'Unesco, invoquant entre autres une mauvaise gestion et une politisation de l'organisation.
En 2003 – sous l'administration Bush –, après près de vingt ans d'absence, les Etats-Unis faisaient leur grand retour à l'Unesco et s'engageaient à participer activement aux programmes de l'agence, qui intervient notamment en faveur de l'éducation et de la protection du patrimoine mondial.
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Source : Le Monde