
Dans cette Mauritanie ingrate, hypocrite, mendiante, orgueilleuse, sournoise comme traumatisée par des années de décomposition morale, intellectuelle et politique sous le coup d’une domination sordide de la confrérie des médiocres qui ont proliféré comme de la vermine sur la charogne de Baudelaire pour laquelle nous dirons toujours « étoile de nos yeux, soleil de notre nature, vous notre ange et notre passion, dites à la vermine qui vous mange de baisers, que nous gardons la forme et l’essence divine de notre patrie décomposée », dans cette Mauritanie-là où les gens de bien vivent silencieux comme des spectres, s’étant fait depuis longtemps du malheur une habitude, certains noms sont unanimement cités comme de vrais amis de la Mauritanie surtout quand il s’agit de la France.
Qui peut dire du mal de la légendaire madame de Larozière, qui semble seule avoir compris les maures qui depuis disent qu’ils boudent l’ex-CFF par devoir de mémoire ? Qui peut dire du mal de l’ex-Ambassadeur Pierre Lafrance dont la légende dit qu’il fut si bien un pro-maures que Paris le fit rappeler à la première discrète occasion. Cet ambassadeur-là devait à l’époque, les années 89, avoir bien des amis de l’intelligentsia maure qui n’ont pas pu tous rejoindre le Ciel entre-temps. Que sont ses amis devenus qu’il avait de si près tenus et tant aimés ? Ils étaient là ce soir comme dit l’autre, fou qui s’y repose, rien n’est plus commun que le nom, rien n’est plus rare que la chose.
Ainsi, répondant avec plaisir à l'invitation de Sylvain Fourcassié, notre ami l’ambassadeur Pierre Lafrance venu, à l'I.F.M, présenter
son roman sur la Mauritanie « ô civilisation » n’a pas eu l’accueil mérité car la salle était presque vide. C’est terrible quand on a aimé un pays, cru s’y être fait tant d’amis, d’y revenir et être accueilli de la sorte. J’ai eu mal pour l’inconstance de notre nature qui ressemble aux dunes de notre milieu qui changent de direction en fonction du vent. Ce monsieur que je vois là pour la première fois, que j’entends pour la première fois est un humaniste, un vrai, un ami de l’humanité et un amoureux fou du monde arabe, ce qui ne signifie pas qu’il ne soit pas un ami du monde négro-mauritanien mais chacun a le droit d’avoir un coup de foudre particulier pour une culture, un peuple, une histoire comme d’ailleurs les parents ont droit d’avoir une préférence de caractère pour tel ou tel de leurs enfants ou juste parce qu’il leur ressemble, c’est humain, trop humain mais humain tout de même.
Ironie de l’actualité, alors que l’article sur
le Livre Blanc sur différend avec le Sénégal a eu une certaine audience et audience certaine, les auteurs du livre étaient là pour une grande part au premier rang ayant chacun pris la parole : de monsieur Mohamed Saïd Ould Hamody qui fit l’éloge de son complice, dit-il, à savoir le romancier dont il a lu le livre d’un trait jusqu’à 4H du matin et à cause duquel il a même raté sa prière de l’aube, à monsieur Hébetna Ould Sidi Haiba en passant par Bilal Ould Werzeg qui bondit pour répondre à Mitterrand à propos de l’état artificiel.
On aura aussi noté la présence de l’héritier Nouégheit flanqué de deux créatures à droite et à gauche comme des parenthèses. Etrange personnage avec son turban mis d’une façon qui doit bien avoir un sens. Que faisait-il là ? Il est resté longtemps mais pas jusqu’au bout car ce genre de présentation demande une certaine habitude de l’exercice car si c’est toujours intéressant ce n’est pas toujours divertissant. C’est un ton particulier sans souci de captiver l’assistance avec des effets spéciaux. Moi-même en avril dernier à un séminaire au collège de France me suis-je surpris à bâiller alors que j’avais en face l’héritier direct de Lévi-Strauss, Descola, encore pour peu patron du fameux labo.
Au nom de tous les miens, ceux qui savent que la France et la Mauritanie sont liés par l’histoire comme les négro-mauritaniens sont liés par l’histoire de Mauritanie aux maures ou comme les berbères le sont des arabes, mille excuses pour cet accueil peu chaleureux. Monsieur Hamody l’a dit avec le courage de la retraite : « d’habitude on nous envoie des ambassadeurs pour nous surveiller » ce qui ne fut pas le cas avec monsieur Lafrance.
Pour le reste, au sujet de la confidence que nous fit monsieur Lafrance à propos de Mitterrand qui lui a dit avec un certain détachement que la Mauritanie est de toute façon un état artificiel, ce qui fit bondir Lafrance car comment dire du berceau des Almoravides qu’il s’agit d’un état artificiel ? Cela a même fait bondir hier monsieur Bilal pourtant il faut essayer de comprendre ce que dit Mitterrand : il n’a pas dit que les peuples, leurs cultures ou leur histoire étaient artificiels, il parle de l’Etat mauritanien or c’était vrai !
L’état mauritanien était artificiel car il a été créé par le colon de passage. Les frontières ne sont pas le fruit des guerres d’un peuple mené par un pouvoir centralisé mais un tracé colonial. Sans la France pas de Mauritanie. D’ailleurs à un moment un professeur de l’université de Nouakchott a dit quelque chose d’important à savoir qu’il faudrait peut-être, pour lutter contre le terrorisme, songer à faire une campagne pour vulgariser l’histoire réelle et authentique de la Mauritanie dont l’état doit beaucoup à la colonisation.
Qui ferait une telle campagne aujourd’hui dans la Mauritanie fanatisée par l’arabité errante qui fit tant de mal à la Mauritanie plurielle ? Qui ?
Mint Vergès ou
Ould François ?
Monsieur Lafrance n’est pas venu revisiter l’histoire pour faire l’apologie de la colonisation, il est revenu dans un pays qu’il aime tant comme d’autres notamment l’anthropologue monsieur Pierre Bonte décédé hier, pour parler de sagesse et pouvoir en rappelant que ce qui se passe en Mauritanie est le miroir de ce qui se passe dans le monde où les civilisations parties de la sagesse en arrivent aujourd’hui à des luttes stériles de pouvoir.
Merci
Vlane A.O.S.A.
Source : Chezvlane
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