Exécutions de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon : l’horreur qui nous glace le sang!

Hommages rendus à Claude Verlon et Ghislaine Dupont de RFI au musée du Quai Branly le 6 novembre 2013. Crédit photo Abdoulaye Diagana/kassatayaLes voilà donc vaincus, ceux-là qui se croyaient administrateurs de nos vies. En plantant des balles dans les corps de Claude Verlon et de Ghislaine Dupont, les assassins ont provoqué une réaction qu'ils ne pouvaient anticiper :

le vent sec du désert, les feuilles verdoyantes qui voltigent aux couleurs de la Paix, les ruisseaux qui coulent inexorablement pour donner vie aux terres arides du Sahel, les oisillons qui chantent en attendant le retour d'une maman partie dès l'aube à la recherche d'une hypothétique nourriture, les citoyens hagards, l'oreille collée au poste radio à la recherche d'un début d'explication à l'acharnement du sort et l’espoir pendu au micro d’un journaliste sans autre arme que son stylo et son micro justement… tous orphelins se tiennent debout, à l'unisson et font corps pour dire leur dégout et leur rejet de la barbarie. Quel accident de la vie peut donc ainsi opérer pour ramener à sa plus basse déclinaison un être réputé supérieur en raison de sa maitrise du langage? Quelle force a donc bien pu ravaler ces créatures pour qu'elles ne communiquent plus que par la violence et la haine destructrices ? Il faudra des efforts au dessus de nos forces pour trouver une explication à l’inexplicable, à l’indicible. Je passe mon tour. Sans façons !

Claude Verlon et Ghislaine Dupont, « Les mariés de Kidal » comme les appelait un confrère quelques temps avant le drame, n’étaient pas des naphtalinards échafaudant des analyses alambiquées loin des faits et des réalités. Ils étaient passionnés de terrain et d’Afrique. Les voilà à présent définitivement et éternellement liés à la terre africaine arrosée de leur sang, de leur sueur et de nos larmes. Une tragédie qui nous glace le sang, nous retourne les tripes et nous laisse complètement groggys.

Mais passée la stupéfaction, nous restons avec une certitude : de cette terre africaine innervée par leur sang, par leur sueur et par nos larmes, pousseront des arbres aux troncs encore plus robustes pour que jamais l'ingénierie de la terreur, de la haine, de la barbarie et du silence ne prenne le dessus. La foule qui a rempli les deux salles du musée du Quai Branly mercredi 6 novembre 2013, celle qui était dans le hall des locaux de FMM à Issy-Les-Moulineaux mardi 5, celle qui était lundi 4 à l’agora de la Maison de la Radio, celle, compacte, de millions d’auditeurs à travers le monde… envoient un message clair : les attaques (verbales ou physiques) contre les journalistes et les medias ne couvriront ni n'éteindront les voix qui veulent informer juste. Juste informer.

Alors ! Nous pleurons d’un œil de ne plus pouvoir entendre ces voix accompagner l’actualité. Même si ce serait – vraiment ? – « du chagrin perdu de pleurer un être perdu » (Shakespeare, Richard III). Mais nous gardons l’autre ouvert et averti ! Pour voir et témoigner ! Pour que nul n’en ignore.

Salut

Abdoulaye DIAGANA

Pour www.kassataya.com

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