Mauritanie : grands coups de ballet diplomatique aux portes de l’opposition

Dernière carte de l’opposition mauritanienne à jouer avant le 23 novembre prochain. Après les nombreux échecs du dialogue politique mauritano-mauritanien, la Coordination de l’Opposition Démocratique est tentée par une médiation française pour éviter au pays une instabilité politique. Les deux principaux leaders Ould Daddah du RFD et Ould Maouloud de l’UFP ont rencontré cette semaine à Nouakchott l’ambassadeur de France Hervé Besançenot lequel serait prêt à prendre son bâton de pèlerin pour trouver une solution entre le pouvoir et l’opposition. Pour les observateurs cette promesse de ballet diplomatique de Paris survient un peu tard et ne laisse pas beaucoup de temps voire de chance pour infléchir la position de Ould Aziz dont le regard est tourné vers sa première sortie de « vraie campagne » vendredi prochain dans l’Assaba à l’Est du pays.

 

 

 

Ce n’était jusqu’à présent que des murmures pour les uns dans les instances des partis de l’opposition mauritanienne, pour les autres des prises de contact que le président du RFD Ould Daddah avait finalement entrepris en France et en Europe. Un discret ballet qu’est venu interrompre sa rencontre cette semaine à Nouakchott avec l’ambassadeur de France Hervé Besançenot lequel serait prêt à faire une médiation entre le pouvoir et l’opposition pour débloquer la crise qui secoue le pays depuis juillet 2009.Cette diplomatie française interviendrait peut-être tardivement à plus d’un mois seulement des élections du 23 novembre prochain. Ce qui ne laisse pas beaucoup de temps au diplomate français de convaincre Ould Aziz à reporter les élections. Mission quasi-impossible du fait que 71 partis sont déjà qualifiés pour le premier tour du scrutin et que le président mauritanien a d’ores et déjà dépensé près de 4 milliards d’ouguiya de l’argent du contribuable pour ces élections. Les protagonistes sont décidés à aller jusqu’au bout de leur bataille quitte à la COD d’être absente au prochain parlement. Ould Daddah et Ould Maouloud ne sont pas dupes que la France peut bien intervenir malgré le principe sacro saint de non intervention dans les affaires intérieures d’un Etat. Ils attendent ça depuis longtemps mais l’Elysée est restée discrète jusqu’ici. Peut-être qu’avec la libération des otages d’Arlit Paris serait plus à l’écoute de Nouakchott qui détient toujours la carte du MNLA. L’opposition le sait très bien et attend de la France un autre regard pour ne pas compromettre ses intérêts également en Mauritanie et dans la sous-région dans la mesure où le boycott entraînerait un chaos politique dans le pays .La marche du 6 novembre prochain est un premier test contre cette « mascarade électorale ».Un nouveau bras de fer que l’opposition va placer sous le signe de la non violence pour attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la non crédibilité des législatives et municipales prochaines sans elle. Cette défiance ne semble pas détourner Ould Aziz de sa campagne avec en toile de fond sa visite dans l’Assaba à l’Est du pays pour mettre en avant des projets de développement dans cette région. Une façon pour répondre à ses détracteurs qu’il est toujours maître de la situation malgré les tiraillements dans son propre camp qui deviennent de plus en plus alarmants. Les chances de réussite de cette médiation française sont minces parce que le locataire du palais de Nouakchott surfe sur de grosses vagues qu’il semble maîtriser en ayant pris le soin de piper les dés depuis 2009 .Revenir en arrière c'est-à-dire reporter les élections qui signifierait coupler les présidentielles et législatives en 2014 serait un suicide politique. Autrement dit la fin tout simplement de son quinquennat.

 

Bakala Kane

Reçu à Kassataya le 3 novembre 2013

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