Refusons ces élections unilatérales, illégitimes, discriminatoires et d’exclusion.

Ces élections, si elles devaient se passer dans les conditions actuelles, elles seraient les plus injustes, les plus illégitimes, les plus discriminatoires que le pays n’ait jamais connu.

Rappelons que le Recensement Administratif à Vocation Électorale (RAVEL) sous la direction d’une CNI qui n’a d’indépendance que de nom, devait en principe permettre à tout citoyen en âge de voter de participer librement à ces élections. Mais le problème est que ce RAVEL est d’essence discriminatoire parce qu’il est le sous-produit d’un enrôlement national lui-même discriminatoire, chauvin et organisé par une direction incompétente, partiale donc pas crédible. Conséquence, ce RAVEL n'a produit que des résultats calamiteux.

Sur les préparatifs du scrutin autour desquels de nombreuses voix se sont déjà élevées, pour dénoncer les improvisations et l’amateurisme de la CENI, à cause du retard des opérations d’enregistrement sur la liste électorale, et les conditions de retrait des cartes d’identité dont le coût est un problème pour les familles démunies et dieu sait qu’il sont majoritaire dans ce pays.

Sachez que c’est sur une population totale de 3,9 millions d’habitants, que ce pouvoir veut organiser des élections qui excluent plus des 2/3 (deux tiers) de la population. Donc un scrutin sur une base complètement fausse qui dénie toute crédibilité à ces consultations électorales. En effet, sur les 3,9 millions, seuls 2,7 millions mauritaniens ont été enrôlés (moins de 70%) l’ARTSP a produit 1,9 millions de cartes nationales d’identité (49%), dont 1.2 millions retirées (31%). Le reste de la population est en souffrance dans les centres d’enrôlement des citoyens (CAC). Ajouter en cela le boycott qui pourrait être importante, ces élections vont donc se faire à peine avec moins de 20% de la population. C’est un véritable scandale !

Dans ce désordre généralisé qui caractérise ces élections, la CENI (en réalité le pouvoir) a ordonné à ses équipes chargées du recensement d’enregistrer n’importe quel citoyen détenteur de la nouvelle carte d’identité dans n’importe quel point du territoire national. Ainsi elle ouvre grande la porte à toutes les magouilles possibles et imaginables dont les caciques du pouvoir excellent en abusant des deniers publics.

De nombreux exemples illustrent bien la particularité absurde de ces élections : la circonscription électorale de Sélibabi (Sud-Ouest), la plus peuplée du pays (140.000 habitants) disposant de 4 députés à l’assemblée nationale, se retrouve avec seulement 40.000 inscrits au terme du Recensement Administratif à Vocation Electorale (RAVEL). En France avec une population immigrée mauritanienne estimée environ à 30.000 -sans compter le reste de l’Europe– seuls à peine 2000 à 3000 personnes ont été enrôlés (un seul bureau pour toute l’Europe implanté à Paris) et ajouter à cela la quasi-absence des équipes de l’opération d’enrôlement de l’espace de l’Afrique noire ou vivent pourtant plusieurs centaines de milliers mauritaniens, avec semble-il seulement un seul bureau implanté en Gambie.

Des centaines de milliers de mauritaniens sont exclus de l’enrôlement par des dispositions illégales et discriminatoires. Le cas de l’Europe est le plus emblématique. On refuse d’enrôler des mauritaniens sous prétexte fallacieux qu’ils doivent présenter une carte séjour, un document d’un pays étranger. Cette exigence illégale et discriminatoire (réclamée seulement en Europe) a entrainé des difficultés d’une gravité exceptionnelle pour les mauritaniens dans toute Europe, avec comme conséquence, entre autre, à terme la perte de la nationalité pour les immigrés clandestins et la non régularisation de ceux qui sont en voie de l’être et qui deviendront au final tous des apatrides.

Comme les accords de Dakar – qui auraient pourtant pu permettre de sortir la Mauritanie de la crise créée par le putsch de 2008, le dialogue entamé il y a quelques jours avec la Coordination l’Opposition Démocratique pour trouver une solution consensuelle aux élections, a échoué quasi-instantanément. On a assisté plutôt un médiocre cirque du pouvoir basé sur des calculs misérables et de l’amateurisme politique, dont le but était aussi de tenter de tromper ou d’abuser de la vigilance de l’opinion nationale et internationale qui souhaitait des élections consensuelles.

Pour couronner le tout, nous venons d’apprendre que « La Société britannique Smith And Ouzman, qui avait emporté le marché pour imprimer les bulletins aux vertus étrangement « maraboutiques » du scrutin présidentiel de 2009 (qui vit la victoire ahurissante au premier tour de M. Ould Abdel Aziz) est officiellement accusée de corruption active aussi bien en Mauritanie qu’en Somalie, Kenya et Ghana, pour l’obtention de cette juteuse affaire d’impression de bulletins de vote à cette époque ».

« Cette grave accusation émane d’un organisme gouvernemental britannique et non d’une vague ONG gauchisante, puisqu’il s’agit de la très vénérable « Serious Fraud Office » qui agit sous l’égide de l’Attorney General Britannique (Parquet) ». Il semblerait que c’est la même société qui a bénéficié du marché des bulletins de la mascarade version 2013.

Jusqu’où ce pouvoir mènera-t-il ce pays, la Mauritanie? Depuis son arrivée au pouvoir, suite à un putsch contre un pouvoir démocratiquement élu, le pays est soumis à une tension permanente, à une crise multidimensionnelle : politique, économique, sociale, sécuritaire, sans compter les affaires les plus scandaleuses et les plus scabreuses les unes que les autres qui éclaboussent ce pouvoir et cette liste n’est pas exhaustive.

Aucun pays ne peut de façon durable supporter un tel calvaire, un tel climat tendu et délétère qui étouffe toute possibilité de progrès qui encourage et exacerbe toutes contradictions et difficultés à l’intérieur du pays. Ce pouvoir est devenu le plus gros problème de ce pays, un handicap, il joue avec l’avenir de la Mauritanie.

Une fois de plus ce pouvoir se prépare à enfoncer d’avantage le pays dans les ténèbres des tensions avec cette mascarade électorale. Cette situation inquiète l’opinion nationale et internationale à tel point que l’Union Européenne, qui d’habitude soutien ces types d’élections, n’a pas jugé nécessaire de se salir dedans, et elle restera à l’écart. D'ailleurs, elle qui est la principale contributrice financière lors des dernières grandes élections mauritaniennes, ne déboursera pas un kopeck pour celles-ci, considérant que les conditions ne sont pas réunies pour un réel choix de vote, les principales forces politiques de l'opposition étant absentes ces élections.

En d’autre terme ces élections n’auront aucune crédibilité nationale ni internationale, elles seront des élections fantaisistes qui auront dilapidé les deniers publics pendant que les populations sont en souffrances, victimes des inondations à Nouakchott et dans le dénouement total à l’intérieur du pays.

Maréga Baba (France)

Reçu à Kassataya le 2 novembre 2013

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