Les FLAM : et si on se présentait ?

De Septembre 1986 à Septembre 2013, bien des changements se sont produits en Mauritanie et dans le monde.   Parmi les principaux événements qui ont marqué la vie et probablement l’avenir des Mauritaniens, on peut citer le création des FLAM et la diffusion de leur programme politique (le manifeste), l’arrestation et l’emprisonnement d’intellectuels négro-mauritaniens considérés, par le pouvoir de l’époque, comme les « théoriciens » des FLAM, l’exécution de nombreux militaires  négros-mauritaniens accusés d’être le bras armé des FLAM et d’avoir fomenté, en leur nom, un coup d’Etat à caractère raciste, la déportation de plusieurs milliers de Mauritaniens noirs vers le Sénégal et le Mali, sous prétexte de leur soutien aux FLAM.

Ces événements, qui ont plongé le pays dans des situations dramatiques, allant de la disparition physique, au déchirement des familles entières, ont probablement constitué le plus grand choc intercommunautaire depuis l’indépendance et mis en cause (à jamais ?) les fondements de notre unité nationale et de notre cohabitation.

C’est pour toutes ces raisons que  la majeure partie des acteurs politiques, des intellectuels, et des militants des droits de l’homme, estiment aujourd’hui, que ces événements doivent être réexaminés avec le courage et le sens de la justice qu’exige la mise à nu des circonstances et acteurs qui les ont suscités et exécutés.

C’est seulement à la suite d’un tel diagnostic qu’une, ou plusieurs solutions, pourraient être envisagées pour la réparation des préjudices subis par des milliers de Mauritaniens, toutes communautés confondues, pour identifier et punir leurs auteurs et exiger de l’Etat, qui est une continuité, de demander pardon aux victimes et à la nation.

Cette étape, qui constitue  un  préalable à toute tentative de réconciliation nationale, ne peut être occultée.

Dans une telle perspective, deux « acteurs majeurs » des événements en question, devront être entendus, en priorité. Il s’agit du Chef de l’Etat de l’époque, Maouya Ould Taya et… les dirigeants des FLAM.

Le premier pour avoir pensé, préparé et exécuté toutes les mesures qui ont abouti à l’emprisonnement, à la déportation et à l’exécution physique, de ses concitoyens négro-Mauritaniens.

Les seconds, pour avoir « pris les armes » contre leur pays et une partie de leurs concitoyens, offrant ainsi, consciemment, ou non, à Ould Taya l’opportunité d’assouvir ses noirs desseins à l’égard d’une partie de la population de son propre pays.

Sans vouloir « instruire le dossier », ni me substituer aux jurés, je crois que si Ould Taya n’avait d’autre choix que l’usage des armes, sa formation, son métier et son unique moyen d’accéder au pouvoir, les intellectuels négro-Mauritaniens, auteurs du manifeste et théoriciens de la lutte armée, avaient, eux, de part leur formation, leur expérience de la lutte politique et une parfaite connaissances des réalités du pays, qui vivait sous la botte militaire depuis une décennie, d’autres cartes à abattre.

Contrairement à Ould Taya que l’exil met, momentanément,  hors de portée de nos « plumes », les FLAM, eux, ont pris la décision de rentrer au pays et de se mettre au service des…Mauritaniens, pour opérer des changements radicaux.

La politesse aurait voulu que les dirigeants des FLAM, en débarquant, après une si longue absence, prennent la peine de se « représenter » à une opinion qui les connait mal ou pas du tout. Il est vrai qu’en 27 ans d’exil  on peut oublier certaines « coutumes locales ». Passons ! Les FLAM, à peine installés dans leur siège du Ksar, nous invitent  à découvrir les délices de l’autonomie. Pour qui ? Par rapport à qui et à quoi ? On n’en est pas encore là. Ce que nous voulons c’est avant tout de savoir qui nous propose cette autonomie ? Un mouvement de lutte armée, à un moment où disposer d’une lame de rasoir dans sa trousse de toilette est considéré comme un acte terroriste et peut vous conduire à Guantanamo ? Un parti politique sans programme affiché, sans base officielle, et sans ticket du MINT ? Un Club d’intellectuels, comme il y en a à revendre dans le pays ? Des « revenants » séduits par l’expérience des Taylor et autres théoriciens du « comeback » ?

Dites nous donc, Messieurs les FLAM, qui vous êtes et prenez le temps, et la peine, de savoir qui nous sommes en 2013, avant de nous proposer, gentiment, de vous suivre sur des chemins qui ne mènent pas nécessairement aux mêmes destinations, en Europe ou en Amérique, que dans cette contrée désertique, où d’autres persécutés ont préféré rester et se battre, contre vent et marée.

La réponse à ces questions pourrait contribuer à mieux vous faire connaître de vos concitoyens, tous vos concitoyens, et peut-être à mieux leur vendre votre vision de la Mauritanie future. Qui sait ?

 

Ahmed Ould Yedaly

 

Source : http://adrar-info.net/

 

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