La petite-fille de l’ayatollah Khomeyni  » brise les tabous « 

Elle se dit contre la police des moeurs qui veille au bon respect des codes vestimentaires islamiques en Iran. Alors que la possession d'une parabole est un délit en Iran, elle affirme suivre les séries hollywoodiennes sur la chaîne américaine NBC et les actualités sur BBC Persian, la chaîne diffusée en persan et basée à Londres que le gouvernement iranien accuse sans cesse de complot. Elle ne cache pas son admiration pour des chanteuses d'avant la révolution de 1979, comme les soeurs Haydeh et Mahasti, contraintes de fuir l'Iran à la chute du Shah.

Ces goûts sont ceux de milliers de femmes de Téhéran. Et pourtant, l'identité de celle qui tient ces propos a de quoi surprendre : Zahra Eshraghi, 49 ans, est la petite-fille du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Khomeyni. Dans un entretien publié samedi 12 octobre dans Sharq Parsi, l'édition persane du quotidien arabe Asharq Al-Awsat, Mme Eshraghi affirme vouloir " briser les tabous " et révolutionner les " tenues et le hidjab – foulard – " des femmes iraniennes.

Maquillage et bottes à talons

" J'ai toujours été contre la manière qu'ont les femmes politiques – en Iran – de s'habiller. Si elles veulent faire connaître l'islam, – il y a – des tenues meilleures, des hidjabs meilleurs. Je veux dire aux Iraniennes : "Utilisons des couleurs joyeuses !" ", suggère Mme Eshraghi, proche des réformateurs. " Peut-être que l'arrivée au pouvoir de Hassan Rohani constitue une bonne occasion – pour ce changement – ", a-t-elle espéré.

La petite-fille de l'imam Khomeyni est très loin de l'image de la femme iranienne religieuse et traditionnelle. Sur la photo publiée par le site de Sharq Parsi, Zahra Eshraghi, maquillée, porte, sous une jupe noire en soie, de longues bottes bordeaux en cuir et à talons hauts. Elle arbore un foulard clair Yves Saint Laurent, un chemisier rouge, le tout enveloppé par un tchador noir glissé vers l'arrière de la tête. Elle pose assise à côté de son mari Reza Khatami – frère de l'ancien président réformateur Mohammad Khatami -, ses doigts posés sur la main de son époux. Un geste de complicité très rare en public même entre personnes mariées.

Dès la publication de cet entretien, de nombreux Iraniens ont accusé Zahra Eshraghi d'avoir trahi l'héritage de son grand-père, alors que d'autres la félicitaient pour son audace. Face à ces critiques, la petite-fille de l'imam Khomeyni n'entend pas reculer. " Je veux parler davantage de la révolution de couleur. J'entendais par là qu'il fallait apporter de la joie dans la société et changer le noir en teintes claires. Allons redonner de la couleur à la société ! ", écrit-elle sur sa page Facebook, un réseau social interdit et bloqué en Iran.

 

Ghazal Golshiri

Source : http://www.lemonde.fr/

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page