Au cours de l’enfance et de l’adolescence, plus que dans le reste de la vie, le sommeil joue un rôle important pour le développement du cerveau, car même si le corps est endormi, l’esprit tourne encore à plein régime. Les plus jeunes ont besoin de passer de longues nuits pour grandir de la meilleure façon qu’il soit.
En juillet dernier, une étude britannique, menée par Yvonne Kelly, de l’University College de Londres, affirmait même qu’il existait un lien entre l’heure du coucher et les performances intellectuelles. Les enfants qui prenaient de bonnes habitudes obtenaient des scores plus élevés à des tests de mathématiques, de lecture ou de repérage spatial.
Cette même équipe de chercheurs revient maintenant avec un nouveau travail, publié cette fois dans la revue Pediatrics. Leurs conclusions montrent désormais que le sommeil altéré pourrait entraîner des problèmes de comportement, les deux éléments étant statistiquement liés.
Des troubles comportementaux et un manque de sommeil
Cette étude a été menée sur 10.230 enfants appartenant à une cohorte, et tous nés entre 2000 et 2002. Aux âges de trois, cinq et sept ans, les parents devaient préciser les horaires habituels de coucher. En plus de cela, il était demandé aux mères, puis aux instituteurs pour la tranche d’âge la plus élevée, d’évaluer le comportement des enfants. Ils devaient établir, à travers une échelle allant de 0 à 40 (40 étant attribué pour les pires attitudes), les niveaux d’hyperactivité, le rapport social qu’ils entretiennent avec leurs camarades, ou les difficultés émotionnelles. Les critères socio-économiques des familles ont été pris en compte pour limiter le risque de biais.
Il en ressort d’abord que la régularité du coucher augmente avec l’âge. Si environ 20 % des enfants de 3 ans ne vont pas au lit tous les soirs à la même heure, ils ne sont plus que 9,1 % à 5 ans et 8,2 % à 7 ans. Mais surtout, il s’avère que ne pas dormir à heure fixe est associé à davantage de problèmes comportementaux, aussi bien d’après ce que décrivent les mères ou les instituteurs. Le score moyen atteint 8,5, contre une moyenne comprise entre 6,3 et 6,9 pour les petits qui respectent leurs habitudes de sommeil.
L’analyse montre également que ces effets semblent se cumuler avec le temps : les enfants qui, entre trois et sept ans ne se sont jamais couchés au même moment, obtiennent des résultats moins bons que leurs homologues n’ayant suivi leur exemple que sur un temps limité de leur enfance. Les effets semblent malgré tout réversibles. Les scores s’améliorent pour les enfants qui finissent par trouver une régularité dans leur sommeil. La nuit finit bien par porter conseil…
L’heure du coucher à surveiller par les médecins ?
Il est important de préciser que ce travail ne met en évidence qu’une association entre les deux événements, mais pas de lien de cause à effet. Pourtant, les chercheurs pensent que l’irrégularité du coucher peut interférer avec l’attitude. Ils supposent qu’aller dormir à un horaire différent chaque soir perturbe la quantité et la qualité du sommeil de l’enfant, ce qui induit chez lui un effet comparable au décalage horaire, qui n’est pas sans conséquences sur le développement de l’enfant. Cependant, ils pondèrent leur argumentaire en précisant qu’il y a d’autres paramètres à considérer et sur lesquels on peut interférer.
Or, parce que les retards de sommeil accumulés dans l’enfance peuvent entraîner des troubles de la santé tout au long de la vie, les scientifiques invitent les médecins généralistes à s’intéresser de plus près à l’heure de coucher de leurs jeunes patients.