Kaédi : A l’assaut de la commune

Jamais, dans l’histoire politique de ces dernières décennies, la commune de Kaédi n’a été convoitée par autant de prétendants. Pas moins de treize partis ont reçu leur certificat de la CENI,

après moult coups et contrecoups, rebuffades pour certains, aubaine, pour d’autres, de se faire un nom, même si beaucoup restent loin d’une implantation politique ou d’une assise populaire qui leur permette de conquérir l’hôtel de ville.

Les élections s’annoncent âpres à Kaédi. Faute d’avoir su concilier les positions du mandataire Sow Moussa Demba et du groupe de Tahara Baradji, qui a accueilli un peu plus de 40% lors des primaires, l’UPR était en crise, à quelques heures du deadline des dépôts de listes, avec une rupture consommée entre les deux camps. Du coup, le parti du Sursaut, quasiment absent de l’arène politique de Kaédi, a trouvé pieds à ses chaussures et le voilà dans le combat électoral. Ce jeu de « win –win », entre les dissidents de l’UPR et Sursaut, signale une osmose accomplie au bon moment.

Dans un autre scenario, plus surprenant qu’inattendu, les militants de l’UFP ont fait preuve, au cours de leur réunion ultime à leur coordination régionale, de divergences profondes quant à la participation au scrutin. Inappropriée, pour certains, tant par principe que lucidité : « nous ne sommes pas prêts », font-ils remarquer. Pour les autres qui pensent capitaliser la mobilisation d’un électorat potentiellement acquis à leur cause, « il faut, coûte que coûte, présenter une liste ! ». Après des débats houleux, les deux tendances se son quittés sans arriver à trouver le moindre terrain d’entente. Il faut dire que toute demi-mesure semble impossible, en l’occurrence… Aux dernières nouvelles, une liste aurait été pourtant conçue, à l’arrachée, dit-on, dans les milieux proches de l’UFP. Elle reste encore à peaufiner, pour lui donner un caractère représentatif.

Nervosité et précipitation

Cette nervosité, remarquée dans tous les états-majors politiques, se ressent dans la composition même des listes, manifestement tissées dans la précipitation, loin de toute stratégie gagnante : être dans la course, quel qu’en soit le prix et l’issue. On notera la participation de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Développement (UNDD) de Tijane Koïta. Même inexpérimentés en politique, les jeunes qui le soutiennent considèrent que l’engagement pour l’UNDD, machine électorale redoutable, on s’en souvient, lors des batailles politiques passées, doit renaître de ces cendres. Mais, pour ce parti quasiment exsangue, le réveil ne sera pas facile, tant le contexte et la configuration politique ont changé, de façon tout aussi insaisissable qu’un électorat versatile qui, dédaigneux de tout programme, ne roule que pour les hommes.

De fait, beaucoup de militants, à l’UNDD comme en d’autres, pensent avoir tout à gagner, en ces scrutins de novembre, à une compétition très ouverte, d’autant plus que l’UPR, considérée comme un des partis les mieux structurés, s’y présente fissurée voire émiettée. Le couple UDP-UPR est plus que jamais remis en cause, se rassurent-ils, par le seul fait que leurs têtes de liste sont logées à la même enseigne, pour avoir maintenu, obstinément et en complicité, la commune au bas de l’échelle de développement, pendant deux mandats consécutifs. Un autre aspect de la situation relève la présence massive de jeunes, décidés, au-delà de leur inexpérience, à changer la classe politique, d’une part, et faire valoir, d’autre part, leurs idées et opinions, en empruntant une voie de responsabilité directe qui les affranchirait de toute instrumentalisation.

En dehors des partis traditionnels forts d’une base plus ou moins fidèle et rompus aux arcanes électoraux, d’autres, comme El Wiam, Tawassoul, APP ou AJD/MR, connus par leur activisme au plan national, iront à la conquête des suffrages en compagnie de Ravah, Mejd ou Adema qui accompliront, le 23 novembre, leurs premiers pas électoraux. Certains voient, dans cette pluralité de candidatures, une marque de dynamisme démocratique ; d’autres, un aventurisme politique de mauvais goût dont les conséquences mettront à nu bien des désillusions, anéantissant, sans surprise, les ambitions des novices et donnant un nouveau souffle aux caciques qui n’ont pas encore dit leur dernier mot.

Biry Diagana

CP Gorgol

Source  :  Le Calame le 09/10/2013{jcomments on}

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