Les éternelles plaies de Nouakchott

L’hivernage a fait ressortir au grand jour les plaies de Nouakchott : malformation de bâtiments, constructions érigées dans des cuvettes, absence de canalisations pour l’évacuation des eaux usées, rues tortueuses, désensablement…

Et à l’espoir suscité, un moment, par des promesses alléchantes, a succédé le désenchantement des populations.

Les pluies successives ont fini par transformer les rues en de véritables pataugeoires ; les belles demeures des quartiers chics se sont révélées des passoires et les plus modestes des quartiers périphériques, si elles ne se sont pas écroulées, sont en mauvais état de délabrement. Le tout à cause de quelques petites pluies. En effet, après les dernières ondées qui se sont abattues sur Nouakchott, les rues sont devenues impraticables et la circulation morte.

Partout des embouteillages. Pour parvenir au centre-ville après avoir quitté un des quelconques quartiers de la périphérie voie le Ksar, il faut désormais chronométrer plus de deux heures d’horloge ! Du jamais vu ! Les routes secondaires étant remplies d’eau, les automobilistes passent forcément par les grandes avenues, qui du reste, ne font pas légion ! L’argile a tout envahi. Les moto pompes poussives que les autorités ressortent en ces occasions trahissent le dénuement de ces dernières et leur manque de préparation. Ne parlons pas des immondices qui se décomposent dans les eaux stagnantes que le soleil ne parvient pas à faire évaporer. Les senteurs nauséabondes empestent l’air que la brise de mer n’arrive plus à chasser. Les fosses septiques que l’eau des pluies est venue augmenter, dégorgent leur contenu dans les rues que viennent disperser les voitures que rien ne semble discipliner.

Les piétons victimes toutes indiquées, se chargent de saletés et de microbes, respirés dans l’air ambiant ou ingurgités avec les aliments que proposent les commerçantes le long des avenues. Et les " maladies de saisons " viennent comme pour ébranler les dernières lueurs d’espoir que certains entretenaient encore malgré tout. Les habitants des quartiers périphériques tels El Mina, Sebkha, Socogim PS, Baghdad, encore sous le coup de la désillusion face aux promesses de propriété foncière, essaient de garder la tête hors de l’eau. Chassées par le déluge, les populations de certains quartiers inondés comme celles qui ont été dernièrement déguerpies des sites antérieurs dont ont bénéficié des groupes d’individus aisés, se sont éparpillées à qui mieux-mieux pour trouver un semblant de refuge dans un coin plus clément.

Les soutiens promis par les Autorités n’ont même pas servi à créer l’illusion d’un mieux être possible. Pendant ce temps, les prix des produits de consommation flambent. Nombre de commerçants jouent à la surenchère en stockant les marchandises payées à de faibles prix, dans la perspective de les vendre beaucoup plus cher, un peu plus tard. Personne n’a le temps de s’apitoyer sur le sort des sinistrés des dernières pluies dans la mesure où chacun à de quoi s’occuper personnellement. En fait, comme la situation de crise et de désastre, touche tout le monde, c’est la règle du " chacun pour soi qui prévaut ". Il en est ainsi chaque année. Sempiternel spectacle que rien ne semble pouvoir changer.

Ahmed. B

Source  :  L'Authentique le 06/10/2013{jcomments on}

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