Mohamed Ould Abdel Aziz non invité à l’investiture d’IBK : Les dessous troubles d’une relation lézardée entre Bamako et Nouakchott

« IBK » en tournée électorale au pays Dogon (Rebecca Blackwell/AP/SIPA)Parmi les Chefs d’Etat de la sous-région qui ont brillé par leur absence durant l’investiture, le 19 septembre dernier, d’Ibrahim Boubacar Keïta, élu récemment président du Mali, seuls Abdel Aziz Bouteflika de l’Algérie et Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie se sont fait distinguer.

Le premier n’a pas pu se rendre à la cérémonie pour cause de maladie, et le second, n’a tout simplement pas été invité, selon des sources confidentielles. Ce qui est révélateur d’un climat confus voire malsain entre Bamako et Nouakchott dont le ciel des relations n’a jamais été aussi sombre.

 

La question que tout le monde continue à se poser est la suivante : pourquoi Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas assisté, le 19 septembre 2013 au Palais Koulouba à Bamako, à la cérémonie d’investiture du président élu du Mali, Ibrahima Boubacar Keïta dit IBK ?

La réponse, aussi simple que curieuse, est que le président mauritanien ne figurait tout simplement pas dans la liste des invités. D’où le silence côté officiel en Mauritanie, y compris dans les médias publics, de cet évènement qui se déroulait pourtant aux frontière et à laquelle tous les Chefs d’Etat de la sous-région ont assisté. Cette absence fortement remarquée du président Ould Abdel Aziz, même si par convenance protocolaire IBK l’aurait cité dans son discours, est révélateur d’un climat délétère qui prévaut actuellement dans le ciel des relations entre les deux pays. Autrement dit, Bamako reprocherait à Nouakchott trop de choses. Tous les analystes sont en effet unanimes que parmi ces griefs, on peut citer la position ambigüe de la Mauritanie tout au long de la crise qui avait secoué le Mali du temps de l’occupation des troupes djihadistes, du MNLA et des groupuscules terroristes, de la bonne moitié de son territoire pendant plus de huit mois. Nouakchott avait non seulement accueilli des personnalités touarègues recherchées par son voisin de l’Est, mais il avait même permis à ce que les ennemis du Mali, notamment le MNLA et les groupes rebelles arabes de ce pays, ouvrent des antennes sur son sol. Cela sans compter, les nombreuses réunions organisées dans des hôtels de luxe, où aux confins de Nbeïkatt Lehouach ou à Fassala, par la dissidence malienne.

Autres griefs que Bamako porte contre Nouakchott, le refus de l’armée mauritanienne à prendre part à la libération du Mali durant l’opération Serval commandée par la France. La Mauritanie, soutenue par son opinion publique, de l’opposition comme de la majorité en passant par le citoyen lambda, avait en effet refusé de participer à la chasse aux troupes terroristes qui avaient envahi le Mali, pour des raisons socio ethniques évidents, mais surtout à cause de ses relations privilégiées avec les touarègues et les arabes du Mali, notamment le MNLA, qui n’auraient pas apprécié une immixtion de sa part dans le conflit. Pire, la Mauritanie aurait même refusé, vu de Bamako, de prendre part à la force internationale pour le maintien de la paix au Mali et auquel les Nations Unies l’avaient pourtant conviée. Là encore, les autorités mauritaniennes ont avancé comme prétexte un désaccord entre elles et les Maliens sur les zones de déploiement.

A cela s’ajouteraient, les incursions nombreuses de groupuscules hostiles que le Mali considèrent venir des frontières mauritaniennes comme les évaporations répétées de bandes armées fuyant le Mali et qui fondent comme neige à l’intérieur de la Mauritanie. Ces accusations sont certes balayées côté mauritanien dont les médias ont toujours signalé le désarmement d’hommes armés venus de l’autre côté, mais n’ont jamais pu rétablir la confiance rompue entre les deux pays. Après son élection à la magistrature suprême de son pays, IBK a effectué deux tournées, au Niger et au Tchad, ignorant son voisin le plus stratégique, la Mauritanie, pourtant la plus concernée par la situation au Mali.

Cette détérioration sensible des liens entre le Mali et la Mauritanie, qui partagent une frontière commune de plus de 1.000 kilomètres, n’a pas pourtant beaucoup affecté les échanges entre les deux pays. La Mauritanie continue d’abriter sur son territoire quelques 74.000 réfugiés maliens, tous des touarègues et arabes ayant fui les pogroms de l’armée malienne.

Cheikh Aïdara

Source  :  L'Authentique le 29/09/2013{jcomments on}

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