C'est un appel commun à la mobilisation qui a été lancé par différentes organisations, associatives, politiques, collectives, qui vont de l'association mauritanienne des droits de l'homme, à Touche pas à ma nationalité, l'AJD/MR, le PLEJ, le syndicat national des étudiants mauritaniens, l'association des femmes chefs de familles, SOS-Esclaves, le mouvement révolutionnaire du M25, le CSVVDH, et Afrique Renaissance.
Toutes étaient présentes devant le ministère de la justice, deux ans jour pour jour, après la mort du jeune de Maghama dans le Gorgol, Lamine Mangane, qui comme toute une génération de jeune négro-mauritaniens, s'était alors levé pour manifester contre un recensement de la population jugé "raciste" et "scélérat", et qui ne tentait rien d'autre que d'inverser les rapports démographiques des communautés du pays à l'avantage des Beydanes.
Deux ans après, tous les organisateurs sont unanimes : l'affaire a été étouffée par les autorités. "Il a été tué de sang-froid et l'officier en commandement au moment des faits n'a pas du tout été inquiété, et la personne qui a appuyé sur la gâchette, tout autant! Ça veut dire que dans ce pays, on peut tuer des noirs en toute impunité" affirme froidement Abdoul Birane Wane, coordinateur de TPMN.
"le gendarme qui avait tiré a été muté du côté de Bassiknou. La plainte déposée par les organisations des droits de l'homme, et les propres parents de Lamine Mangane n'a jamais été reçue!" s'insurge maître Fatimata Mbaye, co-organisatrice de ce meeting.
UN DÉNI DE JUSTICE ET D'ÉGALITÉ CITOYENNE
Un déni de justice que les autres organismes présents dénoncent également. "Aucun commissariat n'a osé recevoir la plainte sous forme de lettre qu'on vient déposer aujourd'hui au ministère de la justice. Même au ministère, on n'a pas trouvé d'interlocuteur. Le secrétaire général ne serait pas là, le nouveau ministre "malade"" dit le coordinateur de TPMN.
"On condamne cet immobilisme. C'est un fils du pays qui a été tué! Comme tous les enfants de la république, il mérite qu'on lui rende justice. Ces deux ans sans rien dire aux familles, sans même daigner recevoir la plainte des parents est la preuve d'un état toujours enfermé dans ses démons du passé, et pour qui la valeur de la vie des noirs est inférieure à celle d'autres" dit pour sa part Jema Ould Meyssara, membre du bureau exécutif de SOS-Esclave.
Le mouvement post-révolution arabe, le M25 opine en ce sens : "Un crime abominable abominable a eu lieu. Et voir que ça donne lieu à une telle impunité fait froid dans le dos. Au moment où le CRAN (conseil représentatif des associations noires de France- NDLR) rend visite à la Mauritanie, ce serait bien pour eux de venir voir une justice à deux vitesses, selon la couleur de la peau" remarque à côté Tah Ould Lehbib, membre du M25.
Salimata Ba, étudiante en sociologie et attachée de presse de la SNEM, explique pour sa part que la participation à un tel événement va dans le sens d'un réveil progressif des esprits, notamment des jeunes étudiants, qui doivent apprendre que "tout combat se passe sur la durée". "Depuis cette année nous faisons du syndicalisme étudiant de lutte. Nous sommes partis du constat que la conscience sociale et politique des étudiants n'était pas très élevée. Donc dans ce cadre, c'était naturel de joindre cette synergie de mouvements associatif, politique pour commémorer l'assassinat lâche de Lamine Mangane,et réclamer que justice soit faite" souligne la jeune femme.
MLK
Source : Noor Info le 26/09/2013{jcomments on}
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