GGSR:Les dérives de la chasse aux taxis étrangers à Nouakchott

 

 

 

 

Une vidéo récupérée par FRANCE 24 montre un conducteur de taxi malien qui vient d’être passé à tabac par la police de Nouakchott, la capitale mauritanienne.

 

Un exemple de la chasse sans merci menée par les policiers mauritaniens contre les chauffeurs de taxis étrangers, illégaux dans le pays.

La vidéo a été filmée avec un téléphone portable et postée le 9 septembre par Supuxonett Dieng. On y voit un homme vêtu d’un t-shirt blanc ensanglanté qui gît à terre dans une rue d’el-Mina, en banlieue de Nouakchott. Il s’agit un conducteur de taxi malien qui s’est fait tabassé par des hommes du Groupement général de sécurité routière (GGSR), une force de police surnommée “Mishgharou” en Mauritanie.

Sur une autre vidéo filmée par Supuxonett, on voit le conducteur assis, sonné, mais conscient. Le chauffeur parle à la caméra : ” je n’ai rien fait, […] ils m’ont dit qu’il fallait que je m’arrête, puis ils m’ont frappé […] moi je suis de Bamako”.
Contacté par FRANCE 24, Moussa Cissokho, de l’ambassade du Mali à Nouakchott, explique que le conducteur de taxi a subi un contrôle de routine. Son véhicule a été immobilisé car il ne disposait pas de “permis vert “, un permis mis en place en 2007 par le gouvernement mauritanien et qui n’est pas accessible aux étrangers. Le conducteur a refusé d’obtempérer et se serait opposé de façon violente aux policiers qui l’ont roué de coups. Moussa Cissokho précise :
“Pour faire la lumière sur ce qu’il s’est passé, nous avons été reçus par le commissaire des GGSR. Il a été très compréhensif, très humain, et a reconnu que, même si le chauffeur de taxi était en infraction, il y avait eu une erreur de la part de la police. Une enquête a été ouverte pour savoir quelles sanctions prendre à l’égard des policiers.”
 
Ce n’est pas la première fois que des chauffeurs de taxis étrangers s’opposent à la politique des GGSR en Mauritanie. En juillet, des conducteurs de taxis sénégalais avaient interpellé le président Macky Sall sur le fait qu’ils ne pouvaient plus exercer leur métier en Mauritanie et qu’ils étaient harcelés par la police.

“Ce permis vert a des conséquences très négatives à Nouakchott”

Mamadou Thiam est grand reporter pour le journal “Calame”. Il a travaillé sur la question du permis vert.
C’est une réforme qui avait pour objectif la régulation des transports, complètement anarchique à Nouakchott . Le gouvernement a mis en place un examen gratuit pour obtenir le permis. L’avoir est une formalité : les questions sont très simples, au final il faut juste transmettre une carte d’identité biométrique et son groupe sanguin et on l’obtient. Les étrangers n’ont pas le droit de passer cet examen, mais beaucoup continuent de travailler dans la clandestinité.
 
Au-delà d’incidents regrettables comme celui que l’on voit dans la vidéo, il y a d’autres répercussions néfastes. Les tarifs des taxis ont augmenté, il y en a de moins en moins et on doit parfois attendre près d’une heure pour en trouver un. Les usagers sont mécontents.

 
Ce billet a été rédigé en collaboration avec Alexandre Capron (@alexcapron), journaliste aux Observateurs de FRANCE 24.
 
Source  :  Points Chauds le 16/09/2013{jcomments on}
 

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