Candidatures à la candidature des partis : Une véritable roulette russe pour la classe politique

Anonyme

 

 

 

 

Parmi les partis qui souffrent le plus ces jours-ci à l’orée de la clôture des dépôts de candidature en vue des législatives et municipales du 23 novembre 2013, il y a l’Union Pour la République (UPR).

Celui-ci est le plus exposé aux dissensions. Si partout, l’ordre des anciens caciques est fortement remis en question par de jeunes loups aux dents longues, dans certains endroits, les confrontations au sein du parti-Etat tournent aux frictions intertribales ou ethniques, si ce n’est de vieux comptes politiques à régler. Ce qui met en embarras l’UPR et explique le retard qu’il accuse à publier la liste de ses candidats. Cette vague n’épargne pas quelques élus de la Coordination de l’opposition démocratique (COD) boycottiste, qui faute d’une participation de leur parti politique cherchent à se maintenir en migrants vers d’autres horizons.

La roulette russe vous savez ? C’est ce jeu de hasard mortel qui consiste à mettre une cartouche dans le barillet d’un revolver, et de tourner ce dernier de manière aléatoire, puis à pointer le revolver sur sa tempe avant d’actionner la détente. Si la chambre placée dans l’axe du canon contient une cartouche, elle sera alors percutée et le joueur sera atteint. Par extension, cette expression désigne une décision importante, voire vitale prise avec beaucoup de risques. C’est exactement à un tel jeu dont les règles sont posées avec machiavélisme qu’est exposée aujourd’hui la classe politique mauritanienne, à l’orée d’élections législatives et municipales prévues le 23 novembre 2013. Ces échéances constituent aussi bien pour les partis politiques de la majorité que pour ceux de l’opposition un enjeu capital. Pour le clan présidentiel, il s’agit de surfer sur la popularité prétendue ou réelle du président Mohamed Ould Abdel Aziz et confirmer ainsi la solidité de son clan.

Pour l’UPR, les prochains scrutins constituent un véritable baptême de feu, le parti-Etat devant confirmer aux détours des confrontations électorales à venir qu’il est réellement ce qu’il prétend être. C’est en effet sa première joute électoraliste, les élus dont il s’est jusque-là prévalu lui venant de mouvements de transfuges provenant en général de l’opposition.

Face à sa première expérience, l’UPR bute encore sur une troupe rétive, peu encline à se plier à la discipline du parti. D’un côté, les élus sortants qui voudraient bien rééditer, de l’autre, cet amalgame fait de caciques du système et de jeunes qui veulent leur « part du gâteau » D’où des mécontentements attendus de la part des exclus à la candidature pour les prochains suffrages. Déjà, une coalition sensée représentée la « Jeunesse d’Adel Bagrou » au Hodh Charghi vient d’annoncer, dans un communiqué, sa défection de l’UPR pour dit-elle, « le non respect du parti et du président Ould Abdel Aziz de ses engagements à impliquer les jeunes ». Face à la ruée de la vieille garde qui ne compte nullement annoncer sa retraite politique, ces jeunes ont ainsi manifesté leur intention de faire entendre leurs voix. Dans certaines circonscriptions, l’UPR devra trancher douloureusement entre plusieurs candidatures, avec le risque de provoquer des déçus qui pourraient se rabattre eux aussi vers d’autres formations politiques prêtes à soutenir leur candidature. C’est le cas à Rosso où un véritable bras-de-fer oppose le maire sortant, Fassa Yérim au Sénateur Mohcen Ould El Hadj. Ce dernier fort de certaines alliances lorgne en effet vers la députation et la mairie au nom de l’UPR, alors que Fassa, ex-transfuge du RFD cherche par tous les moyens à rempiler. Par delà une simple joute politique, l’inimitié entre les deux hommes transforme la situation en un règlement de compte personnel. A Kankossa, c’est le même scénario qui oppose l’ambassadeur de la Mauritanie au Brésil et figure de proue du Taayisme dont il fut plusieurs fois le ministre de l’Intérieur, en l’occurrence Kaba Ould Elewa et le maire sortant de la ville. D’abord annoncé comme son suppléant à la députation, ce dernier se verra à la dernière minute remplacé par une autre personnalité locale.

Ce qui aux yeux des observateurs de Kankossa risquera de mettre la poudre dans la ville. A Chinguitty, l’ancien Chef d’Etat-major des Armées converti en député et premier vice-président de l’Assemblée nationale, El Arbi Ould Jiddeine, ainsi que toute la vielle garde de la vieille ville sont en bute à une véritable révolution des jeunes, lesquels ne veulent plus de ce qu’ils appellent les rebuts des « Structures d’éducation des masses ». Cette jeunesse serait fortement appuyée par des notabilités, des cadres et hommes d’affaires locaux qui prônent le renouvellement interne de la classe politique, arguant que les anciens n’ont jamais rien fait pour la ville ni pour ces populations. Là aussi, l’UPR aura du mal à concilier les aspirations des partisans du changement et sa garde prétorienne rapprochée. A Aleg, la situation n’est pas plus reposante pour le parti-Etat qui devra faire fac aux dissensions très fortes au sein de ses militants. Là, certains observateurs indiquent que la situation est plus qu’explosive, avec échanges de verdeurs et même de coups de poings.

L’opposition ne se porte pas mieux avec des défections annoncées dans les rangs du RFD, de l’UFP surtout au cas où ces formations décidaient finalement de ne pas aller aux urnes. Les militants de ces formations politiques sont en effet nombreux à espérer voir leurs partis aller à la quête des suffrages, malgré tout. Donner un plateau d’or au président Ould Abdel Aziz, un blanc seing qui lui offrira l’opportunité de faire voter pendant cinq ans, tout ce qu’il voudra, ne semble pas être au goût des militants cibles qui sont persuadés que les chances des partis de l’opposition sont réelles dans les suffrages à venir.

Cheikh Aïdara

Source  :  L'Authentique le 09/09/2013{jcomments on}

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