Campagne agricole 2013 -2014 : le Gorgol s’inquiète

Crédit photo : Bertramz

 

 

 

 

 

Comme système d’information consensuelle sur la sécurité alimentaire régionale (SICSAR) mis en place avec l’appui du Wali, de la cellule du MAED (Ministère des Affaires économiques et du développement)constitue non seulement un cadre de concertation à travers les différents intervenants qui se retrouvent en comité technique (CT) pour discuter et apprécier de la situation agropastorale de la Wilaya

 

mais aussi sert de baromètre d’alerte et de prévention pour la promotion des bonnes pratiques sur la base des enquêtes et autres études qui s’intéressent à tous les compartiments du secteur dont principalement sur l’évolution de la situation alimentaire et nutritionnelle de la Wilaya. Apres les avis techniques et autres suggestions du comité technique, le comité de pilotage présidé par le Wali Ahmedou Ould Abdallah procède à la validation du document avant d’être publiée et diffusée.

SITUATION ALARMANTE

A l’unanimité, les populations et les autorités ont bien tiré satisfaction de bonnes conditions agro-climatiques qui ont prévalu au cours de la saison d’hivernage 2012 – 2013 ‘caractérisée par une relative mais fragile sécurité alimentaire ayant permis tout au moins aux catégories pauvres de résister mieux et plus encore aux conséquences souvent désastreuses d’une nature imprévisible .Par la conjugaison de plusieurs facteurs et ce en dépit de la profondeur de l’insécurité alimentaire , les initiatives communautaires , les différents programmes des partenaires entrepris à travers le cash Transfer ,les programmes de nutrition confortent la mise en place des mécanismes de résilience et surtout d’alerte pour une meilleure prise en charge des thématiques liées à la sécurité alimentaire. Aujourd’hui face à l’arrivée tardive des premières pluies pour la saison hivernale 2013 -2014,l’inquiétude tenaille agriculteurs ,pasteurs et populations ,car les stocks alimentaires et réserves sont fortement entamés , la soudure comme une malédiction s’installe dans la durée ,les zones de pâturage se raréfient d’où la nécessité de partager entre acteurs et partenaires l’état sécuritaire et nutritionnel du Gorgol de nature à exploiter les éléments d’appréciation et préparer en conséquence une mobilisation générale sous forme de riposte consensuelle et concertée. C’est dans cette perspective que le Bulletin régional d’information sur la sécurité alimentaire (BRISA) dans sa quatrième livraison de janvier avril 2013 sur le projet pour l’amélioration de l’information sur la sécurité alimentaire au Brakna et au Gorgol(PAISA –BG)montre clairement sur la base des résultats des enquêtes menées ,les grandes tendances qui se dégagent et qui impactent de manière generale sur la situation agropastorale de la région et singulièrement sur le circuit de production , d’alimentation du marché local, le dynamisme des importations commerciales qui ont permis quelque part de stabiliser le cours des denrées sur le marché local au moins pendant une durée plus ou moins longue. En mettant en exergue toutes les implications qui définissent en même temps les champs de compétence de tous les acteurs étatiques ou non le bulletin à travail un travail systémique fouillé qui se prolonge jusque dans les villages et communes offrent aux décideurs et aux usagers un outil d’orientation pour les actions à entreprendre dans le court et moyen terme. Cette relative situation de stabilité observée jusque là reste cependant assujettie tout de même aux équilibres agropastoraux qui à cause de la vulnérabilité et la lancinante récupération des ménages lancent des signaux d’alerte qui interpellent tous les intervenants. Ainsi on notera que dans le cadre de bilan fourrager et la capacité de charges des espaces pastoraux au Gorgol dans la fourchette février mars 2013 montre bien que la production fourragère moyenne du Gorgol qui couvre 730.732 hectares est de 1.134.644 tonnes brute de fourrage soit 914915 tonnes de matière sèche à l’hectare .Même si les craintes de feu de brousse constitituent des pesanteurs ou des risques non moins négligeables , les experts admettent que le temps de pâture qui dure 160 Jours(20 février au 30 Juillet) donnent encore plus de marge de sécurité en terme de production fourragère .Ce qui pour autant n’étouffe point les problèmes liés à la santé animale et l’accès aux produits dérivés qui peuvent juguler l’épineuse question de la malnutrition aigue Globale(MAG)chez les enfants de moins de 0 à 5ans dont le taux affleure 20%ce qui est très loin du taux toléré par l’OMS qui est 10%.

A l’heure actuelle ,le Gorgol est peut être entrain de passer à coté de sa vocation agropastorale du fait de l’absence d’une politique agricole qui est en mesure de restaurer la base productive et de relancer les petits agriculteurs à travers des politiques d’innovation qui cesseront de maintenir les ménages vulnérables dans une chaine de dépendance quasi éternelle Par la mise en place d’actions ciblées qui renforcent et encouragent la productivité pour la promotion et la réhabilitation des actifs productifs pour contribuer à l’élévation du pouvoir d’achat des ménages d’une part et d’autre part par une régulation du « cash Transfer » dont il faut par ailleurs évaluer son impact et y apporter les correctifs ou orientations adéquates surtout à un moment ou les transferts monétaires ont connu l’année dernière un pic intéressant. Ainsi les structures communautaires aux potentialités multiples contribueront par elles mêmes à se soustraire de ce sentiment d’assistanat pour s’inscrire dans une dynamique d’autonomisation dont la valeur ajoutée se traduirait par la mise en œuvre d’une politique de réserves céréalières encore mieux adaptées aux besoins des groupes cibles.

d’après les enquêtes menées sur le terrain par l’ONG ANED(Association nutrition et développement) chargée de la collecte et de l’analyse des résultats ,auxquelles il faut ajouter les contributions précieuses de tous les partenaires qui interviennent sur le territoire de la wilaya en rendant crédibles les résultats engrangés en leur donnant cette dimension d’une revue fondatrice d’une nouvelle approche participative sous l’autorité de l’administration régionale. on note que et par delà l’importance des spéculations céréalières pratiquées dans le Gorgol , il n’en demeure pas moins que même si 88,7% des populations restent mobilisées pour aller en campagne ,pour diverses raisons liées aux problèmes de terres(19,8%) de privations de bras valides (41,2 %) 33 ,3% qui ne pratiquent pas l’agriculture. Cette tendance déclinante qui montre le désintérêt des populations pour une activité phare comme l’agriculture se justifie entre autres par les atermoiements voire de l’improvisation qui accompagne toutes les campagnes agricoles qui se suivent et se ressemblent avec un fond commun : médiocrité. En effet la pertinence des résultats montre de manière significative des problèmes récurrents liés à l’accès aux semences de qualité, aux intrants et aux matériels agricoles ce qui indubitablement empiète sur le calendrier cultural qui souffre par manque de programmation, de planification et d’absence de chronogramme dans la mise en œuvre. Nonobstant la présence du CNARADA la question de semence se pose chaque année et avec la même acuité aux agriculteurs dont plus de 58% de ménages ne disposent pas de semence donc s’approvisionnent en tout venant contre 41,7% qui en possèdent en stock ‘sorgho) du moins pour les cultures sous pluie alors que pour l’irrigué avec des difficultés similaires (PPGI,PPGII,PPI ,lexeiba..) est grand consommateur d’engrais dont 89,1% de cette population qui pratique le riz se rabat principalement sur le marché par manque d’un circuit d’approvisionnement adapté. Aussi par manque d’encadrement technique de proximité imputable à l’inexistence d’une politique de vulgarisation et d’expérimentation on se rend bien compte que comme un mammouth superbement planté dans la gadoue l’agriculture souffre aussi d’une définition des priorités .

Vers une nouvelle dynamique

On remarquera que le secteur agropastoral plombé par des problèmes à la fois structurels et conjoncturels qui vont de la faible implication des services déconcentrés dans les taches d’encadrement, de suivi ,à la faiblesse des réserves alimentaires insuffisantes pour couvrir les besoins réels des ménages ,toutes choses par ailleurs impactent négativement sur la vie des populations vulnérables.S’il est vrai que la lutte pour le développement passe nécessairement par la mise en place des conditions propices qui cernent tous les imputs majeurs à travers une articulation solide des potentialités existantes ,il est cependant regrettable que malgré tout le tintamarre fortement porté par des visites pompeuses ou la même rengaine d’optimisme est reprise à ,tout bout de champ la campagne agricole 2013 -2014 démarre sous de mauvais auspices qui la tiennent encore hélas en laisse .malgré ce tableau peu reluisant certes ,l’existence d’un cadre et d’un outil de communication sur la situation du Gorgol constitue surement un atout dans la maitrise de l’information , de la bonne information pour un meilleur ciblage des actions à entreprendre. Aussi par l’engagement de l’administration régionale certains acteurs y voient l’expression d’une volonté manifeste de s’impliquer en amont dans les questions de développement en donnant d’avantage de crédibilité aux différentes actions menées çà et là. La cellule du MAED du Gorgol qui joue un rôle centralisateur dans la collecte et la vérification des informations fournies est vraiment au cœur du dispositif tant l’engagement et le dynamisme de son chef, Salek Sabou est salué par tous pour avoir donné à cette structure toute la dimension de coordination entre acteurs. Au cours de la réunion du comité de pilotage sous la présidence du Wali qui a exhorté toutes les parties prenantes opérant sur son territoire à se mobiliser. Le sentiment général de satisfaction exprima par tous les participants n’avait d’gal que la volonté de tous de favoriser le partage de l’information sur la base d’indicateurs et de paradigmes indiscutables. En attendant que les premières pluies s’abattent en cette fin du mois béni du ramadan les surfaces encore marquées par les rayons ardents du soleil, les populations continuent d’implorer, stoïques le Dieu des cieux pour un bon hiver.

Biry Diagana CP Gorgol

Source : Le Calame le 27/08/2013{jcomments on}

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