Des salafistes intègrent la scène politique au Maroc

Des salafistes viennent de faire leur entrée dans la vie politique marocaine en rejoignant le Parti de la Renaissance et de la Vertu (PRV).

Le samedi 8 juin, la formation a ainsi accueilli parmi ses membres Mohamed Abdelwaheb Rafiki, alias Abou Hafs, Naima Dhaher, Hicham Tamsamani, Jalal El Mouden et Hassan El Asri.

Le cheikh Salafiste  et ancien détenu Abou Hafs. Crédit photo : Magharebia

D’après le politologue Jamal Farhani, il s’agit d’un grand défi pour le parti de la Renaissance et de la Vertu, similaire à celui qu’avait relevé le mouvement Unité et Réforme en 1998.


A la différence toutefois que les salafistes entrés aujourd’hui dans l’arène politique ne représentent qu’eux-mêmes et non pas la totalité du mouvement, explique-t-il.

En effet, les salafistes sont divisés sur la question de leur investissement politique. Hassan Kettani, l’un des symboles du mouvement au Maroc, doute de la réussite de cette expérience.

« Si cette initiative avait des chances de réussir, j’aurais été parmi les premiers à l’appuyer. L’action politique au Maroc est confrontée à plusieurs obstacles alors que l’action de plaidoyer religieux s’avère plus efficace pour le moment au Maroc », relève-t-il en pointant du doigt l’expérience du parti de la Justice et du Développement.

Farhani rappelle que le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane a à plusieurs reprises appelé toutes les composantes de la société – dont les islamistes qui refusent d’intégrer la scène politique – à y participer afin que leurs actions soient faites dans la légalité.

Le journal marocain Attajdid, organe de presse du PJD, a salué dans son éditorial du 10 juin l’intégration des salafistes dans l’action politique. Il estime qu’il s’agit d’un pas positif qui renforce la démocratie au Maroc.

Cette initiative pousse les composantes du mouvement salafiste à s’acclimater à l’environnement politique et aux règles de son fonctionnement, permettant de pallier la double appréhension existant entre les islamistes radicaux et certains acteurs politiques, a ainsi affirmé Bilal Tlidi dans son éditorial.

Selon le religieux marocain Mohamed Abdelouahab Rafiki, connu sous le nom d’Abou Hafs, l’initiative prise par les salafistes n’a pas pour but de provoquer la gêne d’une quelconque partie.

« Notre objectif est de diversifier l’action politique islamique et d’appuyer les efforts de lutte contre la prévarication ainsi que la réforme de la société. Nous ne sommes pas un danger contre quiconque et ne serons jamais un moyen pour affronter quelqu’un », a-t-il souligné à Rabat, le 10 juin, lors d’une rencontre organisée par le Mouvement Unité et Réforme.

Dans un communiqué commun, les salafistes du parti de la Renaissance et de la Vertu expliquent que leur volonté est d’éviter « la politique de la chaise vide ».

« Notre initiative vient suite à ce qu’a connu la scène arabe, de manière générale, et marocaine, en particulier, en termes de changements profonds ayant engendré des transformations au niveau de la conscience sociétale et de la volonté de liberté, » indiquent-ils dans ce communiqué.

« L’objectif n’est pas les échéances ou les postes, mais l’encadrement de la société et notamment des jeunes », affirment-ils.

La sociologue Samira Kassimi signale que l’entrée des salafistes en politique pourrait susciter quelques inquiétudes relatives à la montée de la pensée conservatrice et au risque que peut constituer leur représentativité à l’avenir dans les instances élues comme le Parlement.

« La percée du PJD aux élections a été une surprise. Personne ne pourra prédire l’avenir si les salafistes participent en masse aux prochaines élections. Leur entrée en politique est une arme à double tranchant », dit-elle.

Siham Ali

Source  :  Magharebia le 14/06/2013{jcomments on}

 Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page