Campagne agricole 2013 : L’Etat rouvre les vannes du crédit

(Crédit photo : anonyme)

Le Crédit agricole, dont le siège se trouve à Rosso, capitale de la wilaya du Trarza, a appelé les agriculteurs désireux de participer à la campagne agricole 2013, à déposer leurs dossiers pour pouvoir bénéficier des crédits.

Cette démarche du crédit agricole survient après avoir l’obtention d’un financement de l’Etat de 3,8 milliards d’ouguiyas pour les besoins de la campagne de cette année.

Le gouvernement revient ainsi sur sa décision d’abandonner à leur sort les agriculteurs de la Vallée, suite à leur incapacité à payer leurs dettes contractées auprès de cette structure dont les ressources ont souvent été détournées, du temps de Taya, dans des activités qui n’ont rien à voir avec le secteur agricole. C’est aussi sans doute en rapport avec la mise en valeur de quelque 1200 hectares dans la wilaya du Trarza destinés à être distribués sur 1400 familles pauvres ! Pour certains, c’est évidemment un air de précampagne, alors que pour d’autres c’est la suite de la volonté du gouvernement à mettre en œuvre une stratégie agricole autre que celle qui a toujours prévalu mais qui n’a jamais réussi à faire ses preuves.

L’engagement dans ce secteur, en 2011-2012, de quelque 125 jeunes diplômés, qui venaient tout juste de bénéficier d’une mise à niveau « agricole » au centre de formation de Boghé, était vu comme l’un des meilleurs moyens pour tendre vers l’objectif « autosuffisance alimentaire ». Mais depuis, beaucoup d’eau n’a pas coulé sous les ponts, même si la campagne agricole de cette année a été jugé positive par le ministère du développement rural et les agriculteurs eux-mêmes.

Ce qu’il faut dire cependant, à l’heure du bilan, c’est qu’il ne faut jamais juré de rien. Le gouvernement était trop vite allé en besogne en fixant la barre très – trop – haut : Arriver – ou tendre – à l’autosuffisance alimentaire en portant la production nationale en céréales, jamais estimée avec exactitude, à 240.000 tonnes ! Si vraiment chacun était tenu de ne dire que ce qu’il pourrait bien réaliser.

Il n’était pas sûr, par exemple, que la décision de mettre une croix sur 7,5 milliards d’UM des 12,3 que devaient les agriculteurs, surtout ceux qui opèrent dans l’irrigué, au crédit agricole soit la solution pour les inciter à une meilleure productivité. Ce n’est pas parce que ces opérateurs économiques n’ont pas pu honorer leurs engagements que le secteur est aujourd’hui malade mais parce que l’argent décaissé par l’Etat et ses partenaires au développement avait été réinvesti dans des secteurs comme l’immobilier et le commerce ! C’est un point sur lequel les arguments des responsables du ministère du Développement rural relatant une décennie d’échec de l’agriculture irriguée en Mauritanie n’avaient pas souligné devant le président de la République, en 2011, même si l’on sait pertinemment que celui-ci n’ignore aucun aspect de la question. La pause observée en 2009 devait conduire les autorités à choisir le retour vers une agriculture traditionnelle (pluviale, maraîchère, oasienne) profitant directement aux populations, et laisser les fonds privés s’engager, pour une fois à leurs risques et périls, dans une agriculture irriguée qui peut rapporter d’énormes bénéfices si chacun est conscient que c’est avec son propre argent qu’il travaille. L’Etat se limitera à disponibliser les terres, à exonérer l’importation des moyens de production et autres intrants, et à faciliter la commercialisation des produits. Mais il faut aussi penser les résultats de toute campagne avec les impondérables d’une pluviométrie capricieuse. Comme quoi, on n’est jamais maître de son destin.

Source  :  Elhourriya le 26/05/2013{jcomments on}

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