Le président de l’Assemblée nationale préconise un gouvernement de coalition

(Crédit photo : AMI)

Le président de l’Assemblée nationale Messaoud Ould Boulkheir a préconisé la mise en place d’un gouvernement de consensus national pour sortir le pays de la crise politique.

« J’appelle le président Mohamed Ould Abdel Aziz à accepter notre proposition relative à la mise en place d’un gouvernement de coalition nationale pour sortir le pays de la crie politique », a indiqué lundi Ould Boulkheir à l’occasion de l’ouverture d’une session du Parlement.

Il a également appelé la coordination de l’opposition démocratique (opposition radicale) à « accepter toute solution politique qui pourrait réunir l’ensemble des pôles politiques, au cas où le pouvoir rejette de mettre en place un gouvernement de coalition nationale ».

Devant la crise politique et le durcissement des positions de la majorité au pouvoir et de l’opposition radicale qui exige « le départ pur et simple du président Ould Abdel Aziz », Ould Boulkheir avait lancé le 12 février dernier, une initiative politique en faveur d’un « compromis national » pour sortir le pays de l’impasse. Il avait alors préconisé de « tirer les leçons de ce qui venait de se passer au Mali pour protéger la Mauritanie contre le désordre ».

Devant le Parlement, il a souligné que les prochaines élections, prévues entre septembre et octobre prochains », ne pourront être organisées que dans un climat imprégné de transparence, de stabilité et garantissant droits de tous les acteurs politiques ».

« Il faut d’abord mettre l’intérêt de la Mauritanie au-dessus de toutes les considérations et créer un climat de confiance au sein de la classe politique », a-t-il affirmé, saluant au passage  » l’accueil favorable réservé par les deux camps de l’opposition et de la majorité » à son initiative.

Il a par ailleurs appelé tous les pôles politiques « à accorder leur entière confiance à la Commission nationale électorale indépendante et à redynamiser l’Observatoire national des Elections pour tenir à l’écart des élections le spectre sécuritaire, militaire et administratif ».

Messaoud Ould Boulkheir est le président de l’Alliance populaire progressiste (APP), parti membre de la Coalition pour une Alternance pacifique (CAP) qui regroupe des partis d’opposition ayant pris part au dialogue avec la majorité au pouvoir en 2011.

Source  :  Xinhua via Maghreb Emergent le 14/05/2013

NOTE DE KASSATAYA : l’intégralité du discours de Messaoud ould Boulkheir (source  : AMI):

 » Messieurs les ministres, collègues députés, frères et soeurs,
Compte tenu du contexte politique dans lequel se déroule notre rencontre aujourd’hui, cette session revêt une importance qui dépasse celle d’une session parlementaire ordinaire qui se tient comme les précédentes. La présente rencontre devra plutôt être perçue comme une dernière occasion pour réfléchir et prendre les décisions; occasion que les politiques et acteurs des segments de la société civile doivent saisir parce que tous sont concernés en premier lieu par la situation actuelle de notre pays et par son avenir et parce que tous ne souhaitent pas que perdurent une situation politique paralysante et des dysfonctionnements institutionnels qui durent depuis deux ans entravant notre cher pays et menaçant sa sécurité et sa stabilité.
Après l’expiration d’un prolongement du mandat dicté par la situation générale du pays et en dépit de la formulation de ce qui peut être considéré comme une proposition de date pour les prochaines élections, il reste impératif que toutes les parties parviennent à un accord.
Nous devons reconnaître que le doute et, parfois, le rejet total, marquent jusqu’ici le climat politique, sans compter les autres défis intérieurs et extérieurs auxquels le pays fait face.
A ces différents facteurs s’ajoute la dégradation sans précédent de la situation sécuritaire au niveau de Nouakchott et des villes de l’intérieur, comme la multiplication des meurtres abominables et des différentes formes d’agressions de citoyens innocents qui souffrent de la détérioration de leur pouvoir d’achat du fait de l’extension du cercle de la pauvreté, du chômage et de la hausse des prix des produits de première nécessité dans un milieu alimenté par les nombreuses rumeurs. Parallèlement à cette situation, le nombre des réfugiés maliens ne cesse de s’accroître dans la Wilaya du Hodh Charghi ; ce qui n’est pas sans nous rappeler à chaque instant le danger de cette situation qui prévaut sur nos frontières.
Toutes ces données effrayantes, au lieu de constituer un motif de rapprochement des points vues pour défendre la patrie, ont plutôt, au fil des jours, approfondi les divergences entre les acteurs politiques dans leur appréciation de la situation générale du pays, son présent et son avenir. Cela démontre l’intérêt de l’initiative que j’ai avancée et qui a bénéficié de l’agrément de la majorité silencieuse, de certains partis politiques et des organisations de la société civile parce que le contexte que traverse le pays nous impose de transcender nos divergences et de nous hisser au niveau ultime de responsabilité. Ce sursaut patriotique s’est récemment traduit par les réponses très favorables que j’ai reçues de la part de la Coordination de l’Opposition Démocratique et de la Coalition des Partis de la Majorité présidentielle qui ont exprimé leur assentiment pour l’initiative qu’elles ont considérée comme un cadre de concertation pour dépasser cette situation.
A cette heureuse occasion, et après louange à Allah, je félicite les deux parties pour leurs décisions courageuses et patriotiques, tout comme je félicite ceux qui ont soutenu l’initiative dès son lancement et je félicite très chaleureusement le peuple mauritanien pour l’avoir adoptée.
Aujourd’hui et après l’éclaircissement de la situation, je dis à haute voix, et dans cette salle dans laquelle nous nous réunissons, peut-être pour la dernière fois dans cette configuration, en tant que parlementaires en début de session ordinaire, que le resserrement des rangs et l’engagement dans un sursaut héroïque main dans la main pour bâtir un avenir meilleur pour notre patrie demeurent l’esprit et l’objectif essentiel de mon initiative.
Messieurs les ministres,
Collègues députés,
Frères et soeurs;
Je suis persuadé que l’initiative pour laquelle j’avais travaillé ces derniers mois pour rapprocher les points de vue constitue un terrain propice pour le traitement de la situation sur des bases consensuelles plus globales tout comme elle ouvre des perspectives pour un avenir meilleur pour notre pays et notre peuple.
Au sujet des prochaines échéances électorales, je suis profondément convaincu que leur organisation et leur réussite sont tributaires de la mise en confiance de nouveau des acteurs politiques et des électeurs à travers la création d’un climat de stabilité et de liberté garantissant une large participation qui reflète honnêtement la diversité ethnique, culturelle et politique de notre pays. Cela ne saura se réaliser sans donner des garanties réelles et efficaces telles que la vérification de l’opération d’enrôlement, l’état civil et les listes électorales, tout en préservant la neutralité de l’administration et des institutions gouvernementales, d’une part, et assurant que les éléments de la sécurité et de l’armée n’influencent pas le déroulement des évènements avant, pendant et après l’opération électorale, d’autre part.
Je profite de cette occasion pour demander de nouveau et avec insistance auprès du Président de la République et en guise de soutien après l’acceptation préliminaire de l’initiative, de donner son accord pour la formation d’un gouvernement conformément au texte de l’initiative ou à toute autre forme consensuelle, car je suis convaincu que le rôle de ce gouvernement sera décisif inchaallah dans le dépassement rapide et définitif des tiraillements négatifs et profonds que connaît le pays, car le rôle du Président est de consolider la cohésion et de préserver l’unité. Pour être équitable et impartial, je demande avec insistance à la Coordination de l’Opposition Démocratique, en cas de blocage, d’être souple et de ne pas rester figée dans sa position appelant à la formation du gouvernement dans la mesure où la confiance peut être retrouvée entre les différentes parties au sujet de l’organisation d’élections libres, transparentes et justes, car l’objectivité constitue le secret de la réussite de l’opposition.
Au sujet de la CENI, nous devons tous oeuvrer pour qu’elle bénéficie de la confiance de toutes les parties. La création d’un observatoire englobant toutes les parties politiques et la société civile ainsi que leur participation aux sections de la CENI va garantir, sans doute, la transparence et la crédibilité de l’opération et restaurer la confiance et la participation à grande échelle à ces élections.
Face à cette situation qui devient porteuse d’espoir en vue de parvenir à un consensus, je vous appelle en tant qu’élus nationaux à redoubler d’efforts, chacun à son niveau, pour traduire ce rapprochement actuel au stade théorique en une action concrète.
J’implore Allah le Tout Puissant de nous orienter vers le bon chemin afin d’épargner à notre pays les dangers qui pèsent sur lui et de réaliser les aspirations de notre peuple à l’unité, à la stabilité et au progrès.
Enfin, conformément à l’article 52 de la Constitution, je déclare ouverte la 2ème session parlementaire ordinaire 2012/2013.
Je vous remercie » .{jcomments on}

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