Hommage à Aimé Césaire aux rencontres poétiques de Dakar en avril.*
Arbre, tu t’appelles Aimé
Le dard nimbé à travers feuillages
Par delà monts et rivières
Voix des sans voie sur les traces de l’histoire faite rouilles
De mépris d’injures et de séquelles
Ton nom Césaire s’est fixé à la colline limbes des justes
Ton ombre jour de longs barbelés et bosse du monde
Est l’épée des manchots
Tu m’en as fait la confidence
Un jour de novembre 2002
A Fort-de-France, l’oreille collée au Lamentin
A toi vieux baobab, avec mon amulette d’un continent blessé
J’ai conté les vergetures d’une Afrique timorée
Os d’une terre dont tu humes encore les effluves depuis ton île
Eia, toi le pied de ceux qui pansent leur plaie sur la raie du soleil
Te voilà la tête dans le murmure de l’écorce
Comme pour une prière sur l’amère canne du divorce
La Caraïbe, toujours sur le volcan
L’Afrique, toujours essorée par des conflits
Fissures de ton cœur rebelle
Sur chacune des lignes de ton œuvre verdure de sang
Eructent des sagaies de tribunaux
Eia, on ne demande pas à une femme sans enfants de pleurer son aîné
Car sans droit de l’homme point de justice
Ton encre le rappelle sans cesse aux grottes à éventer
Césaire, par bravade dans chaque creux de tombe de l’horrible
Tu remis à l’humanité ses brûlures toilettées
Sculptas l’insulte chiotte du monde en vers
Avec toi, ancre volcanique
Je relis, au bout du petit matin
L’astre de la fierté fondamentale
Bios Diallo
Ziguinchor, Sénégal, le 13 février 2005
* J’ai rencontré Césaire le 28 novembre 2002 à Fort-de-France, le poème écrit à Ziguinchor le 13 février 2005 et Aimé est mort le 17 avril 2008. Pas une ride sur la pensée !
(Reçu à Kassataya le 13/05/2013)
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