Mauritanie : l’Intérieur pointé par l’opposition au féminin

(Crédit photo : anonyme)

Pour la première fois les femmes mauritaniennes de la Coordination de l’Opposition Démocratique ont organisé cette semaine un sit-in d’une grande ampleur devant le ministère de l’Intérieur pour protester contre le laxisme des pouvoirs publics face à la recrudescence des crimes,viols et cambriolages dans le pays et notamment à Nouakchott.

Les opposantes ont demandé la mise en place d’un dispositif de contrôle et de sécurité plus souple pour la circulation dans les quartiers à haut risque de la capitale.

La résistance féminine s’organise à Nouakchott. C’est de bonne guerre qu’elle vienne des femmes de la COD qui se sont rassemblées cette semaine devant le ministère de l’Intérieur. Issues de toutes les couches sociales de la capitale elles entendaient manifester leur ras-le-bol face à la recrudescence des crimes et viols depuis des mois dont elles sont les principales victimes comme en témoignent les meurtres de Penda Soghe et Hourriya. Et depuis c’est la peur qui gagne tous les foyers. Les représentantes des différentes composantes de la COD ont pointé du doigt ainsi le laxisme des pouvoirs publics face à l’insécurité généralisée .Pour parer au plus pressé le ministère de l’Intérieur a mis en place un dispositif draconien de contrôle dans les quartiers populaires à haut risque. De nouvelles mesures qui commencent à agacer les populations qui ne peuvent plus circuler librement avec des rafles quotidiennes abusives et ciblées. Des solutions qualifiées de radical sans aucun respect des droits de l’homme. Des méthodes musclées in fine qui ne sont pas efficaces pour lutter contre les bandes organisées ou non et les cambriolages fréquents. Le moins qu’on puisse dire cette réponse policière à l’insécurité ne protége pas au mieux les citoyens mais au contraire restreint leur liberté leur train de vie .Les habitants ont l’impression de vivre dans des centres de rétention. Et ce sont les femmes qui pâtissent le plus de cet enfermement dans ces quartiers où elles sont la cheville ouvrière de l’économie du pays .De la bonne en passant par la commerçante, elles sont nombreuses à quitter chaque jour leur foyer pour en revenir que tard le soir. Et ce rassemblement d’opposantes pour la première fois de cette grande ampleur marque une prise de conscience nouvelle de celles qui constituent la moitié du ciel.Et que sans elles le régime de Ould Aziz ne bougera pas d’un iota sa position pour s’attaquer à la racine du mal la délinquance qui résulte effectivement de la pauvreté de plus en plus grandissante dans les quartiers populaires aggravée par le chômage notamment des jeunes. La réorganisation de la police récemment y est également pour quelque chose parce qu’elle a abouti à un partage des pouvoirs entre les différents corps de la police de la garde et de la gendarmerie. Depuis presque deux ans le contrôle de la circulation à Nouakchott est dévolu à un corps particulier appelé groupement général de la sécurité routière. Un rééquilibrage des gradés qui a des incidences sur la protection des citoyens surtout dans les zones sensibles avec en toile de fond un manque d’effectifs. L’heure des choix a sonné. La paix sociale ou l’insécurité pour tous. Place donc à la résistance des femmes pour que la cohésion sociale ne soit pas seulement un vœu pieux des autorités de Nouakchott.

Bakala Kane{jcomments on}

(Reçu à Kassataya le 12/05/2013)

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