L’élite haratine reprend de nouveau son avenir en main, avec la publication fin avril dernier de son manifeste récapitulatif de toutes les inégalités et les marginalisations auxquelles continuent d’être exposés les membres de cette populeuse composante nationale, à l’ère de l’Etat de droit, de la criminalisation de l’esclavage et de la justice absolue entre tous les citoyens.
Un sursaut irréversible pour retrouver la justice et la dignité confisquées, qui promet à la lutte haratine de voir le bout du tunnel, grâce à la détermination de ses leaders, suscitant des réactions louables même si elles demeurent encore timides de la part des pouvoirs publics.
La Mauritanie ne peut plus vivre comme hier, mettant constamment son unité et sa concorde en péril, alors que des Etats voisins viennent de faire les frais de leur politique sectaire et exclusive. Condamnée à repenser sa cohésion, le pays semble s’engager depuis un certain temps dans l’optique de cicatriser les plaies et de créer les conditions générales assurant l’avènement d’une société sans discrimination. Un objectif qui nécessite une volonté de fer, mais qui reste l’unique but capable de préserver le pays des aléas qui l’assaillent de toute part, menaçant son unité et sa stabilité. C’est dans ce contexte fortement sensible que l’élite haratine a publié le 29 avril 2013, un manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux de cette communauté au sein d’une Mauritanie unie, égalitaire et réconciliée avec elle-même.
« C’est un appel aux Mauritaniens qui veulent que ce pays avance dans la paix. Un appel à la bonne volonté des gens pour qu’ils sachent que ce que les Harratines posent tous les jours mérite d’être entendu. Nous ne pouvons plus vivre l’indifférence de ceux qui prétendent que nous sommes leurs concitoyens, alors que nous estimons être des citoyens de seconde zone » indique le président de SOS-Esclaves à propos de ce manifeste.
Un appel qui intervient d’un contexte qualifié par les observateurs de favorable, dés lors où le pouvoir en place, à la différence de ceux qui l’ont précédé, essaye tant bien que mal, même timidement et surtout sous la pression puissante des forces harratines naissantes, de répondre positivement à ces revendications légitimes dans l’égalité des chances, la justice et la dignité. Ceci est d’autant plus vrai si l’on sait que la création de l’agence Tadamoun s’inscrit dans cette optique au même titre que la criminalisation des pratiques esclavagistes ainsi que ces contacts fréquents que les autorités tentent d’établir avec des hauts cadres de cette communauté pour mettre les bouchées doubles et assurer au maximum le succès de la mise en œuvre la stratégie gouvernementale menée par les autorités pour briser progressivement, efficacement et définitivement la chaine des disparités entre les citoyens d’une même nation.
Certes, l’Etat n’a pas encore mobilisé les gros moyens pour pouvoir faire front aux grands maux, mais avec ce manifeste qui met une nouvelle fois les autorités devant leurs responsabilités urgentes pour une Mauritanie apaisée et réconciliée avec elle-même, il n’est jamais trop tard pour mener la barque sans grande peine vers la berge du salut, en s’attaquant immédiatement à ces disparités, notamment les plus flagrantes, de nature à susciter en lieu et place du pessimisme et du ras-le-bol, de l’espoir et du bon-vivre chez les spoliés, dont la tolérance, la piété et l’attachement séculaires à la cohésion de ce pays ont tempéré hier et continuent de modérer aujourd’hui les sentiments de vindicte et de révolte de toute une communauté. Mais, comme dit l’adage de Marcelle Auclair « la patience a des limites » et ses limites deviennent de plus en plus proches à ce réveil des milieux haratines perceptible sur tous les plans politique, intellectuel, social et économique après des siècles d’asservissement.
Md O Md Lemine
Source : Le Rénovateur le 05/05/2013{jcomments on}
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