Sénégal-Mauritanie : une fresque pour le premier foyer africain de France en mode de résidence sociale

(Crédit photo : anonyme)

Le premier foyer africain dans l’Hexagone sera transformé en résidence sociale fin 2014. Les travaux débutent en juin prochain à Rouen.

C’est le fruit d’une longue concertation depuis 2010 entre les résidents de la rue Stanislas Girardin , le bailleur social ADOMA , le propriétaire LOGISEINE et la municipalité de Rouen. Une première dans la rénovation des foyers dont les plans ont été discutés avec les résidents accompagnés d’un architecte. Une fresque dans le hall d’entrée du futur bâtiment sera réalisée pour marquer la longue histoire africaine et rouennaise dont les résidents sont porteurs.

« Le village commence à nous manquer. Pour l’instant on ne voit rien venir. Le terrain est toujours vide. Pourvu que ça commence maintenant ça va rassurer tout monde ». Demba Diakité un des porte parole le plus populaire des résidents du foyer rue Girardin démoli depuis des mois est visiblement très impatient mais très attentif au suivi des travaux dont il a la responsabilité au sein du comité des locataires. Tout le monde ici dans ce foyer Omar sénégalo-mauritanien attend la première pelle sans doute dans un mois. Pour l’instant, ils sont dubitatifs devant ce terrain vide mais solidaires avec leurs compatriotes du foyer rue Stanislas Girardin dont la majeure partie sont relogés dans des HLM de l’agglomération de Rouen. Beaucoup d’entre eux reviennent fréquemment au « village » comme ils le disent pour ne pas être coupé du cordon ombilical. En effet la construction d’une résidence sociale nouvelle est le fruit d’un accord en novembre 2011 entre les résidents, le bailleur social ADOMA, le propriétaire LOGISEINE et la municipalité de Rouen dont les plans ont été èlaborés avec les résidents accompagnés d’un architecte. Il s’agit d’un protocole peut être unique en France souligne l’Association Solidarité des Résidents et Sauvegarde des Foyers de Migrants ( SORESFOM) militante de première heure et très active dans toutes les négociations et rencontres avec les africains. A la place de ce premier foyer africain dans l’Hexagone, ancien orphelinat des sœurs de Saint Vincent Paul, il y aura un bâtiment moderne avec plus de chambres spacieuses et une cuisine « villageoise et commerciale » bien équipée pour fin 2014. Ce joyau « permettra dans son architecture même de poursuivre et d’améliorer le mode de vie exemplaire que désigne encore aujourd’hui le beau nom de foyer » expliquent les responsables de SORESFOM qui ne manquent pas d’initiatives. La dernière en date, la fresque « D’ici, de là-bas » qui sera réalisée dans le hall d’entrée. Déjà les enfants issus de l’immigration s’activent autour d’un atelier hebdomadaire au Foyer El Hadji Omar et bientôt ils auront leur propre local. Leurs dessins serviront de base à la réalisation de carreaux de mosaïque qui viendront marquer la signalétique intérieure du nouveau bâtiment, indique SORESFOM. Rien ne sera négligé pour conserver la fibre africaine même dans les vitraux de la salle de prière multiconfessionnelle. Des niches accueilleront des objets de mémoire liés bien entendu à l’histoire des foyers africains de Rouen. Fin 2014 début 2015 bien entendu c’est loin mais d’ores et déjà les anciens locataires qui seront relogés prioritairement s’ils le souhaitent s’interrogent sur le prix du loyer dont la fourchette se situera entre 300 et 400 euros par mois sans l’aide au logement ( APL).Pour beaucoup de migrants c’est un manque à gagner non négligeable pour envoyer de l’argent au pays d’origine. En tout cas cette expérience exemplaire et humaine qui pourrait augurer une autre politique d’intégration des immigrés en France est saluée par beaucoup d’associations de défense des libertés et de solidarité en Haute-Normandie dont SORESFOM qui insiste aujourd’hui sur une autre urgence sociale relative à la situation des retraités bénéficiaires de l’allocation de solidarité aux personnes âgées. Ces derniers sont astreints de résider en France durant une période d’au moins 6 mois sous peine de perdre leurs droits. Cette mesure qui date de 2010 est un véritable casse tête pour beaucoup qui risquent de ne plus revenir en France. Les gouvernements sénégalais et mauritaniens en particulier et l’Etat français devraient travailler ensemble pour trouver une solution avant que ça ne soit trop tard pour les plus âgés. Après 2014 ce sera au tour des foyers Omar et Moïse d’être en mode de résidence sociale. Mais c’est encore loin.

Bakala Kane{jcomments on}

(Reçu à Kassataya le 28/04/2013)

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