Mauritanie-Déportations : bientôt un quart de siècle.

Des ressortissants Mauritaniens manifestent à Paris pour commémorer les 24 ans de la déportation des Mauritaniens vers le Sénégal et le Mali en avril 1989. Photo KASSATAYA24 ans après les déportations d’avril 1989 suite à ce qu’on appelle pudiquement le « passif humanitaire », le collectif des organisations mauritaniennes en France a organisé samedi 27 avril 2013 une manifestation commémorant lesdits événements. Pour les organisateurs, la marche avait pour objectif de maintenir vive la flamme du souvenir et exprimer leur refus de voir tourner cette page sombre de l’histoire de la Mauritanie.

Tout le long du trajet entre le Parvis des Droits de l’Homme et l’ambassade de Mauritanie à Paris, les manifestants ont scandés des slogans appelant à la fin de l’impunité et à la traduction des coupables présumés devant les juridictions internationales.

Les organisateurs ont par ailleurs dénoncé les conditions dans lesquelles a été organisé le retour des déportés qui vivaient dans des camps au Sénégal tout en exigeant le retour de ceux installés au Mali depuis plus de deux décennies.

Pour rappel, l’Agence Nationale d’Accueil et d’Insertion des Réfugiés (ANAIR) a été dissoute lors du Conseil des ministres du 21 mars 2013 pour être remplacé par l’Agence Nationale de Lutte contre les Séquelles de l’Esclavage, d’Insertion et de Lutte contre la Pauvreté (ANLSILP)

La marche s’est conclue par la lecture d’un communiqué devant l’ambassade de Mauritanie à Paris par M. Ibrahima Aly DIA, coordinateur du Collectif.

Abdoulaye Diagana et Diallo Saidou pour www.kassataya.com

DECLARATION

Avril 1989 – Avril 2013, 24 ans de vie dans la déportation: le drame des Noirs mauritaniens dans le monde

 

24 années de souffrance et de privation de leur patrie. Errant comme des sans patrie et tout cela, du seul fait d’un système idéologique raciste et sanguinaire. Voici 24 ans et quelques jours que des femmes, des hommes, des enfants de tout âge ont été chassés de chez-eux, de leur chère patrie. Leur crime ? Simplement la couleur de leur peau, leur culture différente de celle du système et leur langue. 

 

Le 24 avril 1989 dans les villes et villages, partout dans le pays des hordes bien quadrillées par une police, une gendarmerie et une armée triées sur une base à la fois raciale et ethnique s’adonnaient à une chasse à l’homme bien particulière aidé par des collaborateurs de tout bord. Traquant l’Homme noir comme du gibier.

En deux mois, près ou plus de 200 000 Noirs mauritaniens vont être déportés vers le Sénégal et le Mali. 

   Cette œuvre a été orchestrée par l’Etat, ses agents et les Nationalistes arabes et berbères et leurs alliés

 

Des milliers de Négro-mauritaniens vont être tués, torturés, humiliés, expropriés et jetés hors de leur pays vers le Sénégal et le Mali.

24 ans après, le sentiment d’injustice est toujours là, plus nauséabond, plus insidieux, plus amer. C’est cela la vie de ces centaines de milliers de Négro-mauritaniens.

 

En novembre 2007, des suites des journées nationales de concertation, l’Etat mauritanien avait reconnu ce grand drame et s’était empressé à rapatrier dans une impréparation totale ceux désireux de regagner leur terre dans un délai de 6 à 12 mois sans rien mettre en œuvre pour leur réinsertion.

 

Aujourd’hui, quelques déportés des 200 000, ceux qui ont survécu aux tortures et séquelles de la déportation ont repris le chemin du pays d’exil accompagnés par leurs enfants majeurs nés après 1989 et qui n’ont jamais connu leur patrie. Ils vivaient entassés dans des camps d’infortune depuis des décennies dans l’indignité la plus absolue. Ceux du Sénégal sont presque tous rentrés au pays mais on parle rarement de ceux du Mali. Malgré tous les discours avec lesquels on nous rabat les oreilles, ils n’ont encore rien recouvré. Ni leur terre, ni leur domicile voire leur identité. Ils sont redevenus encore des réfugiés dans leur propre pays.

 

Nous, Collectif des organisations mauritaniennes :

– Exigeons que le retour effectué soit officialisé par des actes et le rétablissement plein et entier, de tous ceux qui sont revenus, dans leur droit et une indemnisation de tous les préjudices subis.

– Demandons à la communauté internationale d’user de tous les moyens en sa possession pour amener la Mauritanie, dès lors qu’elle a reconnue sa pleine responsabilité dans les déportations d’avril 1989, à assumer concrètement les engagements pris devant les communautés nationales et internationales

– Appelons tous nos compatriotes à un réel sursaut patriotique contre cette injustice qui n’a que trop duré.

 

Et disons:

– Si le silence est complice, l’inaction est coupable

– Agissons ensemble car l’heure est grave

 

Les signataires du Collectif :

 

AFMAF, CAMME, FLAM, GMR, IRA -France, PLEJ, OCVIDH, MAPROM, OTMF, TAWASSOUL, TPMN.

 

Paris, le 27 avril 2013

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

 

 

Quitter la version mobile