Les Mauritaniens de l’étranger scandalisés : Ould Dedde, Ould Alem et Esslemhoum gardent un silence coupable

(L'Ambassade de Mauritanie à Paris. Crédit photo : Kassataya)

Ils sont trois sénateurs chargés respectivement de la zone Monde Arabe, Afrique Subsaharienne et Europe-Amérique.

Cheikh Ould Dedde est sénateur chargé des mauritaniens établis dans le monde Arabe. Ahmed Ould Sidi Ould Alem très jeune sénateur est quant à lui chargé des mauritaniens établis en Afrique Subsaharienne pendant qu’Esslemhoum Mint Mohamed Ould Abdel Malick s’occupe des Mauritaniens établis dans la région Europe-Amérique.

Or il se passe que l’ANRPTS qui a lancé les opérations d’enrôlement des mauritaniens établis à l’étranger multiplie les entraves l’enrôlement biométrique de cette diaspora mauritanienne à l’étranger par l’exigence de la carte de séjour du pays de résidence. Cela en plus des documents nationaux demandés pour tout enrôlement dans ces différentes régions de l’extérieur, notamment : l’acte de naissance issu du recensement 98, avec une copie ou un extrait de naissance de moins d’un an ; carte nationale d’identité, dont les 7 derniers chiffres sont lisibles, avec une photocopie ; les nouveaux recensements pour les NNI des parents (si les parents sont déjà enrôlés) ; acte de décès ou un jugement constatant le décès (des parents) pour les personnes âgées de moins de 45 ans. Et ce n’est pas fini parce qu’à cela s’ajoute, toutes autres pièces qui justifient l’identité du candidat, à savoir le passeport, l’ancien acte de naissance, la nationalité, etc. Toute chose qui contribue à laisser aux agents d’état-civil peu formés et peu éduqués à abuser de cette exigence. Les conséquences de ces entraves sont aujourd’hui connues. Au tollé général que suscitent ces entraves, succède des lettres ouvertes adressées au président de la République pour l’interpeller sur cet enrôlement écorné des services de l’Agence National du Registre des Populations et des Titres Sécurisés (ANRPTS) conduite de manière peu orthodoxe par l’ADG El Wely Mohamed Val Elhadramy.

Partis politique et syndicats dénoncent
Partis politiques, notamment l’UFP, l’AJD/MR, le MPR ont dénoncé les entraves qui rythment l’enrôlement des mauritaniens à l’étranger et particulièrement en France. La confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie (CGTM) n’est pas en reste puisque dans son communiqué elle dit que « la diaspora mauritanienne a longtemps sollicité des autorités nationales, que la possibilité leur soit accordée, dans leur pays de résidence, de prendre part aux opérations d’enrôlement des populations en cours ». Plusieurs d’entre eux, note-t-elle, ont même effectué un long voyage, souvent avec leurs familles, pour se recenser directement dans les centres nationaux du pays. « Tout récemment, des opérations de recensement des mauritaniens établis à l’étranger, ont démarré dans certains pays comme la France. Toutefois, comme le signale, la lettre envoyée par l’Organisation des Travailleurs Mauritaniens en France (OTMF) à Monsieur le Président de la République, il existe des obstacles majeurs à leur participation optimale à ces opérations en raison principalement de l’exigence inopportune et injustifiée de la présentation de leur carte de séjour au moment de leur enrôlement au niveau des centres qui sont logés dans ambassades mauritaniennes ». Le communiqué dit que « la CGTM estime que l’Etat doit accorder une attention très particulière à cette doléance de ces compatriotes afin d’annuler systématiquement la présentation de documents de recensement autres que les papiers d’état-civil nationaux comme les passeports. Le droit de tout citoyen de disposer d’un état-civil viable est reconnu par la Constitution et ne doit pas être violé ou empêché par un acte administratif d’une autorité étrangère comme la carte de séjour. Il faut rappeler que les lois de l’immigration dans certains pays surtout européens comme la France, ont été très dures durant les années passées et n’ont pas permis à plusieurs mauritaniens, pour la plupart des travailleurs ou des étudiants en 3ème cycle, de renouveler leur séjour à raison des circulaires scélérates qui étaient en vigueur et dont le seul souci consistait à atteindre un quota de reconduite des immigrés à la frontière ». En outre dans ce communiqué, la CGTM rappelle que les migrants mauritaniens établis à l’étranger, jouent un rôle primordial dans l’économie nationale, en raison des transferts importants d’une partie de leurs revenus qu’ils effectuent au niveau du pays, mais également pour leur savoir, leur savoir être et leur savoir faire qui sont une valeur ajoutée à nos compétences nationales qu’il importe de valoriser dans le cadre de notre développement économique et social.

Et les sénateurs se taisent

Ce n’est pas nouveau l’absence de réactivité des élus du peuple. Quand l’opération avait été lancée un certain 28 novembre et que très vite on s’était aperçu de la supercherie de l’ANRPTS, l’opinion a bougé au risque d’allumer le brasier de l’unité nationale. Mais cet enrôlement, il ne faut pas l’oublier a fait son mort, le jeune Lamine Mangane, fauché par une balle lors d’une manifestation à Maghama contre les conditions de l’enrôlement. Auparavant, Kaédi s’était aussi révolté contre, occasionnant des dégâts matériels important. Malgré tous ces soubresauts, aucun sénateur n’a levé le petit doigt pour dire au gouvernement que trop c’est trop. Maintenant que c’est au tour de la diaspora mauritanienne à l’étranger, les sénateurs en charge des différentes régions en question ne semblent pas s’impliquer pour désamorcer la bombe. Ils vaquent à leur train-train quotidien comme si de rien n’était en attendant les prochaines élections sénatoriales. Pourtant ils ont été désignés pour s’occuper des mauritaniens sans exception. C’est pour cela qu’ils bénéficient de salaires et d’avantages colossaux. Ce n’est pas pour faire du commerce ou des trafics d’influence ou autre. C’est pourquoi cet enrôlement biaisé du début jusqu’à la fin n’inspire pas confiance. La preuve en est que les partis politiques ne veulent pas entendre parler de l’ANRPTS pour organiser le Recensement administratif à vocation électoral (Ravel). Ils estiment que cet enrôlement biométrique est frauduleux et ne peut en aucun cas servir d’exemple.

Moussa Diop

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 17/04/2013{jcomments on}

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