S’il y’a une constance, c’est malheureusement celle relative aux contestations du procédé retenu pour l’enrôlement des mauritaniens à Paris. Au delà de l’exigence d’un titre de séjour français, cette semaine s’est ouverte avec un durcissement des exigences de la part des services de l’état civil basé à Paris sous couvert de l’ambassade.
Pour rappel, l’enrôlement d’un citoyen mauritanien majeur est conditionné à l’enrôlement de ses ascendants vivants, sinon de leur acte de décès délivré par la mairie de leur lieu de décès et le recensement de 1998.
Aujourd’hui, durcissement des conditions. Ainsi, Il est aussi demandé l’original de cet acte de décès , original à faire authentifier par un tribunal mauritanien.
Mieux, si les autorités mauritaniennes exigent le titre de séjour, ils refusent néanmoins le récépissé octroyé par les autorités françaises pour la demande de titre de séjour. Sachant que ce récépissé est aussi valable que le titre de séjour, excepté en ce qui concerne sa durée de validité qui est de 3 mois renouvelables.
Ainsi des mauritaniens dont les papiers sont en cours de renouvellement sont bloqués par les services de l’état civil de l’ambassade.
Sur kassataya, nous avions, déjà, noté la différence de traitement des citoyens vivant à l’étranger par les différents centres d’enrôlement.
De nombreuses obligations qui provoquent l’incompréhension :
Les mauritaniens rencontrés devant l’ambassade témoignent d’un sentiment de ras le bol général et se sentent discriminés « par le mépris et le manque de considération ».
Certains se disent « désarmés et désabusés », ne comprenant pas « la superposition et l’ajout quotidien de nouvelles dispositions qui ne font que ralentir le rythme de cet enrôlement ».
Autre motif de grogne : certains des candidats à l’enrôlement, qui devaient se marier civilement en France, se sont vus refuser l’octroi d’un certificat de célibat sans aucune raison juridique valable. Ce refus entraîne, de facto, la suspension de leur mariage.
A la tête du client?
Une femme rencontrée devant les locaux de l’Ambassade a confié à Kassataya qu’elle, au contraire, avait pu s’enrôler sans avoir à fournir la preuve de son recensement de 1998 ( cette preuve de recensement est demandé à d’autres mauritaniens). Cas qui conforte la thèse selon laquelle les autorités « agissent à la tête du client », comme nous le confie un mauritanien qui a tenu à garder l’anonymat.
Le cas des enfants issus de couples mixtes :
Mme B. n’en revient toujours pas. Partie à l’Ambassade pour faire recenser ses enfants en bas âge, nés d’un père étranger, et se trouvant bloquée dans ses démarches, elle s’est vue répondre par un membre de l’Ambassade « qu’elle aurait du se marier à un mauritanien si elle voulait éviter ce genre de désagréments » !
« Certaines exigences ne sont pas normales »
Un diplomate a confié à Kassataya, sous couvert de l’anonymat, que « certaines exigences ne sont pas normales mais que les employés de l’Ambassade ne sont que des exécutants des ordres reçus ».
Contexte tendu
La tension est électrique dans les rangs de ceux qui veulent se faire recenser. D’ailleurs, quelques incidents éclatent sporadiquement et la police française est appelée, alors, sur les leiux.
Kassataya a contacté l’Ambassade Mauraitanie à plusieurs reprises afin que les services consulaires expliquent de façon claire et précise la liste des différents papiers administratifs obligatoires.. En vain. La consigne semble être « silence radio total ».I
C’est dans ce contexte très tendu entre candidats à l’enrôlement et service de l’ambassade que l’Organisation des Travailleurs Mauritaniens de France (OTMF) appelle à un sit-in pacifique ce 24 avril 2013 devant l’ambassade de Mauritanie pour, disent ils, « dénoncer le caractère discriminatoire de cet enrôlement. »
NB : La rédaction de kassataya reste toujours disposée à recevoir les services de l’ambassade pour une éventuelle interview.
Diallo Saidou Nourou dit Thierno, pour Kassataya{jcomments on}
le 16/04/2013
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